Pattaya
Un grand merci à Gaumont pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le dvd du film « Pattaya » de Franck Gastambide.
« Si tu gagnes pas ce combat, tu vas finir à Fort Boyard ! »
Franky et Krimo rêvent de quitter la grisaille de leur quartier pour partir en voyage dans la célèbre et sulfureuse station balnéaire thaïlandaise de Pattaya. Pour pouvoir s’y rendre à moindre coût, les deux amis ont la folle idée d’inscrire à son insu le nain de leur quartier au championnat du monde de Boxe Thaï des Nains. Mais ce qui devait être pour eux des vacances de rêves va se transformer en l’aventure la plus dingue et périlleuse de leurs vies.
« Ici, il y a une sorte de climat vaginal, à la fois chaud et humide. »
Passionné par les gros chiens de type molosses, Franck Gastambide débute comme dresseur professionnel. Ce qui lui vaut rapidement de mettre ses talents (et ses chiens !) au service du cinéma. Il travaille notamment sur « Les rivières pourpres » (2000) et se lie d’amitié à cette occasion avec le réalisateur du film, Mathieu Kassowitz. Multipliant les expériences, il finit par intégrer le fameux « Collectif Kourtrajmé » (qui révéla notamment Kim Chapiron, sous le parrainage de Vincent Cassel) au sein duquel il apprendra le métier et fera ses premiers pas de réalisateur. Finalement, il accède au succès et à la notoriété en 2009, grâce à la minisérie « Kaïra shopping », qu’il développe et interprète pour Canal + durant deux saisons. Le succès de cette série lui ouvre les portes du cinéma et il réalise ainsi l’adaptation sur grand écran de sa série phare : avec plus de un million de spectateurs en salle, « Les kaïra » s’impose comme le film français le plus rentable de l’année 2012. Alors que les studios le pressent de s’atteler à l’écriture d’une suite, Gastambide préfère temporiser, multipliant les apparitions en tant qu’acteur (« Les gazelles », « Toute première fois », « Good luck Algéria »). Le réalisateur se lance néanmoins dans l’écriture d’une nouvelle comédie. Ce sera donc « Pattaya », une aventure exotique pour laquelle Gastambide se sépare - provisoirement - de ses complices habituels Medi Sadoun et Jib Pocthier, qu’il remplace par des cadors de l’humour que sont Ramzi Bédia ou Gad Elmaleh.
« Toutes les meufs ont des particularités. La tienne, tu m’as dit qu’elle est relou. Elle a des petits seins aussi. C’est sa particularité. Certaines ont un petit nez. Moi, la mienne, elle a une petite teub. »
Auréolé du succès de ses « Kaïras », sur lesquels il a travaillé plusieurs années durant (à la télévision d’abord, puis au cinéma), Franck Gastambide voulait s’octroyer une petite parenthèse avant de s’atteler à l’écriture du second volet de leurs aventures cinématographiques. Une sorte de récréation, histoire de se renouveler un peu. Il nous revient donc avec « Pattaya », comédie d’aventures exotiques autant que film de potes. Soit trois pieds nickelés quittant leur cité et qui se retrouvent plongés malgré eux dans une aventure délirante qui les dépasse totalement. Très fortement influencé par les comédies à succès américaines de ces dernières années (« Verybad trip » notamment), Gastambide joue ici la carte de l’humour trash et débridé, porté par des personnages improbables. « Pattaya » regorge ainsi de combats de nains, de transsexuels aux attributs qui dépassent et de diarrhées qui repeignent les murs (entre autres). Si les gags paraissent parfois un peu faciles et l’humour franchement sous la ceinture, le mauvais goût du film est totalement assumé et se révèle souvent assez jouissif, d’autant que la comédie bénéficie d’un rythme vraiment soutenu et de répliques vraiment efficaces. On se délecte également des nombreuses références cinématographiques qui viennent émailler le film (notamment celles qui ont trait aux films de la grande époque de Jean-Claude Van Damme). Surtout, derrière la grosse gaudriole, Gastambide se moque gentiment des phénomènes de société de son époque : Pattaya, la célèbre station touristique thaïlandaise devenue en quelques années « le paradis des cailleras » où fleurissent les kébabs et les narguilés ; les dérives du tourisme sexuel ; la recherche de la célébrité éphémère via les réseaux sociaux ou encore la médiocrité de la génération « télé-réalité » (hilarante émission « L’ile des gros »). Le réalisateur se paye même le luxe de critiquer l’air de rien l’hypocrisie des pratiques religieuses dans l’univers des cités (le selfie avec les jeunes femmes en burqa). Avec en guise d’apothéose, un face à face autant homérique qu’hilarant entre Ramzi Bédia (très drôle en homosexuel refoulé) et Gad Elmaleh (en improbable maître shaolin). De quoi faire, contre toute attente, de ce « Pattaya » une comédie franchement très drôle, très trash et finalement assez insolente.
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Le DVD : Le film est présenté en version originale française (5.1 et 2.0) ainsi qu’en audiodescription. Des sous-titres optionnels français pour malentendants sont également proposés.
Côté bonus, le film est accompagné d’une série de teasers et de clips promotionnels. Un making-of vient compléter cette édition.
Edité par Gaumont, « Pattaya » est disponible en dvd et en blu-ray à compter du 6 juillet 2016.
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