La féline
Un grand merci à Elephant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « La féline » de Paul Schrader.
« J’ai toujours eu un métabolisme étrange ! »
Après la mort de ses parents adoptifs, Irena part pour la Nouvelle-Orléans retrouver Paul, son frère ainé qu’elle n’a pas revu depuis l’enfance.
Encore vierge et s’éveillant à la sexualité, elle va au contact de son frère apprendre l’histoire de sa famille et ses ancêtres.
Une histoire millénaire ou sexe et sang s’entremêlent, ou l’humain et la bête ne font qu’un.
« Je suis affamée... Mais je ne mange pas de viande ! »
D’abord critique de cinéma, Paul Scharder se fait connaitre au milieu des années 70 pour ses talents de scénariste. Son travail, prisé des réalisateurs du « Nouvel Hollywood », donne ainsi lieu à quelques-uns des films les plus intéressants de cette période : « Yakuza » ( Pollack, 1975), « Taxi Driver » (Scorsese, 1976), « Rolling Thunder » (Flynn, 1977) ou encore « Obsession » (De Palma, 1977). Mais l’envie de passer derrière la caméra est trop forte et Schrader parvient à réaliser son premier film, « Blue collar », en 1978. Les années qui suivront seront fastes pour Schrader, qui, sans délaisser son travail de scénariste (« Raging Bull » en 1980, « Mosquito cost » en 1986, « La dernière tentation du Christ » en 1988), mènera de front une solide carrière de réalisateur. Après « Hardcore » en 1979 et « American Gigolo » en 1980, il revient en 1982 avec « La féline », remake du classique éponyme de Jacques Tourneur, réalisé en 1942 avec Simone Simon dans le rôle-titre. Pour la petite histoire, il s’agit là d’une commande des studios Universal qui, profitant du retour en vogue du cinéma d’épouvante au cours des années 70, commandent une série de remakes des classiques horrifiques de leur catalogue.
« J’ai toujours préféré les animaux aux gens... »
Grand classique du cinéma d’épouvante des années 40, « La féline » de Tourneur était en soi techniquement et esthétiquement irréprochable. L’idée d’en faire un remake pouvait donc sembler quelque peu étrange. Et surtout risquée. Fort heureusement, et avec beaucoup d’intelligence, la démarche de Schrader ne consiste à aucune moment à reproduire le film original en le remettant au goût du jour. Au contraire, le cinéaste préfère réinventer le film à partir de son postulat original pour mieux se le réapproprier. Exit donc le cadre de la bourgeoisie new-yorkaise de l’original. Schrader relocalise le récit à La Nouvelle-Orléans, profitant de l’ambiance mystérieuse et moite des bayous louisianais pour en faire ressortir la dimension extrêmement sexuelle qui n’était que suggérée dans la version de 1942. Car dans « La féline », le désir sexuel engendre la résurgence des instincts les plus primitifs et les plus animaux. Le cinéaste joue ainsi beaucoup sur la symbolique (la scène où l’héroïne avoue sa virginité et ses désirs s’ensuit d’une scène de mort violente et sanglante) et sur les images un peu choc (l’inquiétant Malcolm McDowell qui se repait de chaire humaine) pour construire un film oscillant en permanence entre le fantastique et l’érotique. A l’image de la fameuse scène de la piscine, l’une des rares à avoir été reprises de l’original. Mais le film ne serait rien sans la sensualité incandescente de la belle Nastassja Kinski, qui irradie le film de sa beauté mi-virginale mi-inquiétante (notamment les scènes où elle se comporte comme un fauve). A noter que la célèbre scène de transformation de l’héroïne en panthère, prouesse du morphing de l’époque, à notamment inspiré la série « Manimal ». Si certains passages peuvent paraitre un peu kitsch, le film dans son ensemble reste tout aussi plaisant et efficace.
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Le DVD : Le film est présenté dans une version restaurée en HD inédite. Il est proposé en version originale américaine ainsi qu’en version française. Des sous-titres optionnels français sont également disponibles. Côté bonus, cette très belle et riche édition propose le module « Sound (And Vision) - Partie 1 » : David Bowie par Christophe Conte, journaliste aux Inrockuptibles (10’), des interviews de l’équipe du film (50’), un portrait de Paul Schrader (25’), un entretien de plateau avec Paul Schrader (10’) ainsi que le commentaire audio de Paul Schrader (VOST) et des bandes-annonces. A noter que le combo comprend également le livret collector « David Bowie et les années 80, la passion de la métamorphose » de Stéphane du Mesnildot des Cahiers du Cinéma (24 pages).
Edité par Elephant Films, « La féline » est disponible en édition collector combo blu-ray + DVD depuis le 1er juin 2016.
Le site Internet de Elephant Films est ici. Sa page Facebook est ici.
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