Le coeur régulier
Un grand merci à Condor Entertainment pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Le cœur régulier » de Vanja D’Alcantara.
« T’as jamais eu envie de te jeter dans le vide, comme ça, juste pour voir ce que ça fait ? »
Trop longtemps séparée de son frère, Alice se rend sur ses traces au Japon, dans un village hors du temps, au pied des falaises. Ici, Nathan avait retrouvé l'apaisement auprès d'un certain Daïsuke. C'est au tour d'Alice de se rapprocher du vieil homme, et de ses hôtes. Dans une atmosphère toute japonaise, elle se remet à écouter son cœur…
« J’ai passé des années quand j’étais policier à arriver trop tard et à ramasser des cadavres. Ici, j’essaye d’arriver à temps. »
La vie de la belge Vanja D’Alcantara est résolument placée sous le signe du voyage. Un peu comme un écho au destin de sa famille d’origine polonaise (qui fut déportée avant d’émigrer) marquée par le déracinement. Ainsi, après des études d’histoire et de cinéma, menées entre Bruxelles et New York, la jeune femme se lance d’abord dans le documentaire puis dans le film de fiction. On la retrouve ainsi dans le Transsibérien le temps d’un court-métrage (« Granitsa ») puis dans les steppes d’Asie mineure sur les traces de déportés polonais pour son premier long, « Beyond the steppes ». C’est presque sans surprise qu’elle nous embarque au Japon pour son deuxième long-métrage, « Le cœur régulier », adaptation du roman éponyme d’Olivier Adam (2010). Il s’agit du quatrième roman de l’auteur à être adapté sur grand écran après « Je vais bien ne t’en fais pas » (Lioret, 2006), « Poids léger » (Améris, 2003) et « Des vents contraires » (Lespert, 2011), déjà avec Isabelle Carré.
« La vie n’a pas de sens. C’est juste la vie. »
« Le cœur régulier » est un film sur le voyage et sur le deuil. L’histoire d’une femme inconsolable après la mort accidentelle de son frère et qui part au Japon sur les lieux mêmes où ce dernier avait fait la paix avec lui-même et avait retrouvé le goût à la vie. Passé un démarrage poussif (à cause du personnage du frère, un peu trop dans le cliché du jeune écorché vif), le film prend son envol dès que l’héroïne arrive au Japon. Le choc culturel, la barrière de la langue, la magie des décors donnent à ce voyage une dimension initiatique particulièrement touchante. En chemin, l’héroïne fera quelques rencontres improbables, tel un mécanicien mélancolique car largué par sa fiancée, une adolescente un peu délurée, ou encore une mère dépressive et apathique après la mort de son enfant. Et puis, il y a Daisuke, l’ancien policier qui veille sur les falaises. Ce phare qui tente de guider les âmes perdues jusqu’au chemin de la rédemption. Et qui lui apprend à aider les autres pour s’aider soi-même. D’une sobriété absolue, le film se suit comme un voyage introspectif et spirituel, qui nous rappelle qu’il faut parfois savoir se perdre pour mieux se retrouver. Comme à son habitude, Isabelle Carré se montre impeccable dans ce rôle de femme anéantie qui retrouve progressive goût à la vie. La réalisation, quant à elle, joue le jeu de la sobriété pour mieux coller à la culture nippone. Ce qui n’empêche pas quelques moments de grâce, le plus souvent silencieux (l’héroïne qui offre une main réconfortante à une femme enfermée dans le mutisme et la douleur, une scène de tendresse avec un homme à qui elle confie le peu d’épanouissement de sa vie de femme, ou encore un adieu en japonais avec le maitre des lieux). Vanja D’Alcantara signe là un bien joli film, tout en délicatesse et en sensibilité, malgré quelques clichés un peu inutiles sur le Japon.
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Le DVD : Le film est présenté en version originale (mélange de français et de japonais). Des sous-titres français sont disponibles. Côté bonus, le film propose « De la réalité à la fiction », un passionnant entretien avec Yukio Shige (le vrai Daisuke) ainsi qu’un making-of et des bandes-annonces.
Edité par Condor Entertainment, « Le cœur régulier » est disponible en DVD depuis le 7 septembre 2016.
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