Crépuscule
Un grand merci à Artus Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Crépuscule » de Henry hathaway.
« On ne m’a pas fait prisonnier. Je me suis rendu. Je ne crois pas en la guerre »
Au Kenya, au tout début de la seconde guerre mondiale, William Crawford commande la garnison anglaise dans un point de garde avancé au milieu de la savane. Il découvre que les nazis arment secrètement les tribus indigènes qui fomentent un soulèvement en vue d’une prise de pouvoir. Pour déjouer ce complot, Crawford sera aidé par Coombes, et surtout Zia, une belle et mystérieuse chef de bande.
« Si vous perdez l’Afrique, vous perdez la guerre ! »
Né à la fin du 19ème siècle au sein d’une famille issue de l’aristocratie belge ayant émigré en Amérique, le jeune Henry Hathaway grandit en même temps que la jeune industrie cinématographique. D’abord enfant acteur durant les années 10, il intègre ensuite les studios comme technicien, apprenant successivement différents métiers en lien avec la production cinématographique. Grimpant rapidement les échelons, il devient assistant-réalisateur au cours des années 20 avant d’accéder lui-même à la réalisation au tout début des années 30. S’en suivra une longue et prolifique carrière durant laquelle il réalisera pas moins d’une soixantaine de films en près de quarante ans. Cinéaste de commande, parfois considéré comme un simple tâcheron par ses détracteurs, Hathaway s’illustre néanmoins dans des genres aussi variés que le drame romantique (« Peter Ibbeston »), le film noir (« Johnny Apollo », « Le retour du proscrit », « A 23 pas du mystère »), le film d’espionnage (« La maison de la 32ème rue », « Courrier diplomatique »), le film de guerre (« Le renard du désert ») et surtout le western (« L’attaque de la malle-poste »). Mais plus encore, son nom reste à jamais associé à une certaine idée du cinéma d’aventures classique (« Les trois lanciers du Bengale », « La rose noire », « Le jardin du diable »...).
« Depuis longtemps, j’ai appris à ne pas punir les indigènes des crimes des blancs »
Réalisé en 1941, « Crépuscule » s’inscrit dans une certaine tradition de films d’aventures coloniaux alors en vogue dans les années 30 et 40. Des films jouant la carte d’un exotisme exacerbé et fantasmé, les décors enchanteurs d’Afrique ou d’Asie (pour la plupart recréés en studios !) servant de théâtre à des aventures palpitantes et à des romances passionnées. On se souvient ainsi de films mythiques comme « Beau Geste » ou « La belle de Saïgon » qui ont fait d’acteurs comme Gary Cooper ou Clarke Gable les archétypes mêmes de l’aventurier viril et héroïque. Reste qu’en 1941, le contexte international de guerre imminente pousse les studios hollywoodiens à produire des films visant à sensibiliser le public américain à la menace des forces de l’Axe. A ce titre, « Crépuscule » est à rapprocher de « Pagode en flammes », réalisé quelques mois plus tard par le même réalisateur. On y retrouve ainsi cette même notion de péril menaçant jusqu’aux coins les reculés - et donc a priori les plus paisibles - du monde. En l’occurrence, ici, un poste avancé de la savane kényane vivant sous le joug de tribus indigènes armées par des espions allemands et bien décidées à mener l’insurrection contre le colon anglais. En dépit de quelques fragilités - ou du moins facilités - scénaristiques (le personnage très caricatural de l’italien, hier dans le mauvais camp mais désormais allié de circonstance), le film se révèle plutôt fluide, adroit et réserve son lot de rebondissements. Avec en prime quelques scènes d’action plutôt réussies, surtout dans son dernier tiers. Surtout, la vraie bonne idée sera de mâtiner ce récit de croyances locales maléfiques, faisant planer sur le film une étrange ombre surnaturelle. En princesse nomade, la belle Gene Tierney, habituée aux rôles de beautés exotiques, apporte une touche de charme et de romance à ce film d’aventures mineur dans l’oeuvre d’Hathaway mais qui demeure fort plaisant et qui bénéficie en outre d’un joli casting mené par Bruce Cabot et George Sanders. Tout juste regrettera-t-on la portée un peu lourdingue de la dernière scène, très patriotique et clairement propagandiste, qui affirme bien fort que l’armée et la religion sont les deux valeurs fondatrices de nos sociétés.
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Le DVD : le film est proposé en version originale américaine (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’une belle galerie de d’affiches et de photos du film ainsi que de bandes-annonces.
Edité par Artus films, « Crépuscule » est disponible en DVD depuis le 7 mars 2017.
Le site Internet d’Artus Films est ici. Sa page Facebook est ici.
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