Valmont
Un grand merci à Pathé pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Valmont » de Milos Forman.
« Si vous tolérez qu’un homme vous tienne la main trop longtemps, il y verra une invitation »
Rien ne résiste aux entreprises de séduction de la Marquise de Merteuil et du Vicomte de Valmont. Ni la jeune vertu de Cécile de Volanges, ni la pruderie de la présidente de Tourvel, ni les purs sentiments du Chevalier Danceny. Sous les lustres de l’Opéra et sous les frondaisons des parcs, dans le secret des alcôves et dans les lettres remises en cachette, la comédie de l’amour déploie ses jeux, ses masques et ses pièges. Mais au-delà de l’échiquier des stratégies libertines se tisse un réseau de tendresses et de désirs plus profonds. Unis par leurs complots et leurs secrets, Merteuil et Valmont règnent sur les salons et les boudoirs de cette aristocratie qui ignore que sa fin approche. Tels deux seigneurs sur le même territoire, ces virtuoses de l’intrigue amoureuse finiront par s’affronter. Et dans ce duel sans merci, un sentiment sincère est une faille mortelle.
« Ce Monsieur de Valmont est dangereux pour la réputation des jeunes femmes »
Né durant les années 30 en Tchécoslovaquie, marqué par la seconde guerre mondiale dont il sortira orphelin suite à la déportation de ses parents, Milos Forman entame des études de cinéma à Prague. Ses premiers films, tournés au début des années 60, surprennent la critique occidentale par leur ton satirique qui dénote avec le reste de la production cinématographique des pays du bloc de l’est. Mais le Printemps de Prague vient mettre un terme à cette relative liberté de ton et le contraint à passer à l’ouest, d’abord en France puis aux Etats-Unis. Devenu un temps enseignant à l’Université de Columbia (il compte parmi ses élèves les futurs réalisateurs James Mangold ou Kathryn Bigelow), il reprend rapidement son activité de réalisateur, réussissant l’exploit de gagner deux Oscars du Meilleur réalisateur en moins de dix ans (« Vol au-dessus d’un nid de coucou » en 1975 et « Amadeus » en 1984). Après « Ragtime » (1981) et « Amadeus » (1984), il enchaine avec un troisième film en costumes et signe « Valmont » en 1989, adaptation du roman « Les liaisons dangereuses » de Choderlos de Laclos. Sorti sur les écrans neuf fois plus tard que l’adaptation de Stephen Frears, le film connut à sa sortie un important échec commercial.
« Je refuse que quiconque prétende avoir sur moi le moindre droit »
Avec « Valmont », Milos Forman et son coscénariste Jean-Claude Carrière se sont livrés à une adaptation très libre et très personnelle du roman de Chorderlos de Laclos : des libertés ont ainsi été prises avec le texte originel, la nature et le comportement des principaux personnages ont ainsi été substantiellement modifiés, de même que la fin du récit. De quoi dérouter allègrement tous les lecteurs du célèbre roman épistolaire. Et ce d’autant plus que le principe de transgression est formellement contredit par le choix d’une mise en scène particulièrement académique et d’une reconstitution de l’époque (costumes, décors) à la fois fastueuse mais un peu figée. Surtout, il ressort du film de Forman quelque chose d'infiniment sage, Valmont et Merteuil apparaissant finalement comme de gentils manipulateurs, loin du cynisme dont ils faisaient initialement preuve dans le roman. Difficile dans ses conditions de ne pas comparer le film de Forman à celui de Frears sorti à peine quelques mois plus tôt et qui connut un énorme succès. En la matière, ce dernier distillait parfaitement le charme vénéneux des manipulations et du duel malsain que se livraient à distance les deux libertins. Surtout, il y avait dans la version de Frears une sensualité exacerbée qui fait ici cruellement défaut. La faute en grande partie à son casting : le beau Colin Firth campe un Valmont bien pâle tandis que l’ingrate Meg Tilly, qui incarne qui plus est une Madame de Tourvel des plus naïves, peine à susciter ce désir ardent qui finira par faire vaciller Valmont. Dans cette même logique, Keanu Reeves est également beaucoup plus charismatique que le jeune Henry Thomas, tout droit sorti de « E.T. l’extra-terrestre ». Ces deux versions antagonistes offrent au final des lectures assez différentes du roman, celle de Forman demeurant probablement plus réaliste et plus légère. Sans être mauvaise, elle demeure cependant un peu trop sage à notre goût.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée en 4K à partir du négatif original sous la supervision de Pathé. Il est proposé en version originale anglaise (2.0), en version française (2.0) ainsi qu’en audiodescription (2.0). Des sous-titres français et français pour malentendants sont également proposés.
Côté bonus, le film est accompagné d’un entretien avec Jean-Claude Carrière (25’) qui revient sur l’adaptation de l’œuvre « Les liaisons dangereuses ».
Edité par Pathé, « Les liaisons dangereuses » est disponible en combo DVD + blu-ray depuis le 29 mars 2017.
Le site Internet de Pathé est ici. Sa page Facebook est ici.
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