Virages
Un grand merci à Elephant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Virages » de James Goldstone.
« La voiture c’est comme le cheval, ça se sent ça ne s’explique pas »
Frank Capua est un grand pilote de course. Passionné par son métier, il délaisse Elora, la séduisante employée d'un bureau de location de voitures, qu'il vient d'épouser et avec laquelle il a passé une lune de miel en Californie. Celle-ci, en proie au désintérêt de son mari et livrée à elle-même, décide de le tromper avec son concurrent, Luther Erding, tandis que Frank est confronté à divers incidents techniques qui le relèguent au bas du classement. C'est pendant les essais de la course d'Indianapolis, où il sait qu'il va jouer sa carrière s'il ne remonte pas la pente, que Frank apprend la trahison de son épouse...
« J’ai été marié une fois pendant deux mois. Mais au bout d’une semaine, je me suis dit que huit jours de suite le même menu, c’était lassant. Le changement, il n’y a rien de mieux pour ouvrir l’appétit ! »
James Goldstone débute sa carrière à la télévision à la fin des années 50, travaillant comme réalisateur sur de nombreuses séries télévisées (« Perry Mason », « Rawhide », « Le fugitif »). On lui doit ainsi les épisodes pilotes de plusieurs séries devenues depuis cultes, comme « Au-delà du réel » (1963) ou encore « Star trek » (1966). A la fin des années 60, il délaisse quelque peu le petit écran pour tenter sa chance dans l’industrie cinématographique. Là, après quelques séries B, il accède à la notoriété grâce à « Virages », grosse production centré sur le milieu des courses automobiles dans lequel il dirige le couple mythique Paul Newman/Joanne Woodward. Après le succès de « They only kill their masters » avec James Garner, il retombe dans un certain anonymat. Se spécialisant dans les films catastrophes, il signe « le toboggan de la mort » en 1977 puis « Le jour de la fin du monde » en 1980 sur lequel il retrouve Paul Newman, onze ans après « Virages ». Mais l’échec commercial considérable de ce dernier film met un terme à sa carrière sur le grand écran. De retour à la télévision, il réalisera encore quelques téléfilms durant les années 80 avant de prendre sa retraite.
« Le champion c’est une marchandise qui vaut son pesant d’or »
Durant les années 60, Hollywood connait un éphémère engouement pour les films de courses automobiles (« Grand Prix » , « Macadam à deux voies » , « Le Mans » , « Un amour de coccinelle »...). Symboles de puissance et de modernité, ces bolides sont conduits par des pilotes qui défient les lois de la vitesse au péril de leur propre vie. Un peu comme les courses de chars qui animaient les jeux du cirque dans l’Antiquité. En 1969, Universal propose ainsi à Paul Newman, l’icône virile du cinéma américain d’alors, d’incarner l’un de ces pilotes dans un film à grand spectacle. Il y découvrira d’ailleurs les sports mécaniques et la vitesse, qui constitueront l’une des grandes passions de sa vie, puisqu’il ira jusqu’à créer sa propre écurie lui permettant de concourir dans les grandes compétitions internationales. Pour autant, si le monde des voitures et des circuits est au cœur du récit, celui-ci se perd un peu en empruntant des chemins de traverse et en s’intéressant - un peu trop - aux à-côtés de la vie de pilote. A savoir la solitude et l’itinérance, les deux piliers d’une vie sans attache et un peu nihiliste qui rappelle le mythe du « lonesome cowboy », archétype par excellence du héros américain. Et puis, il y a surtout cette difficile relation conjugale avec cette femme profondément sédentaire et délaissée, qui ne parvient pas à trouver sa place dans cet univers machiste. Une sous-intrigue qui vampirise littéralement le récit et qui a pour conséquence de refroidir le moteur du film et de ralentir sensiblement son rythme. Embourbé dans cette relation orageuse, le film ne parvient finalement à s’emballer que dans son dernier tiers, repartant pied au plancher le temps d’une (très) longue et spectaculaire séquence de course, qui sera néanmoins un peu ringardisée deux ans plus tard par les plans immersifs du film « Le Mans ». D’une manière générale, on ne pourra que reprocher à ce « Virages » son manque de punch alors même qu’il nous promettait un spectacle vrombissant. Reste l’hommage vibrant à tout un pan de culture populaire américaine centré sur les sports mécaniques (Nascar, Indycar), symbolisé ici par la course mythique des 500 Miles d’Indianapolis qui sert de décor au film. Les disputes du couple Newman/Woodward donnent lieu quant à elles à quelques moment d’autant plus savoureux que le couple bénéficie alors à la ville d’une image parfaitement lissée. S’il a sans doute un peu vieilli, le film mérite quand même son jubilé en dépit de quelques dérapages contrôlés.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également proposés.
Côté bonus, le film est accompagné par un portrait de Paul Newman par Xavier Leherpeur (20 min.), « Virages : le vide de la victoire par Charles Lafon, journaliste à SO FILM (11 min.) », la bande-annonce cinéma d’origine ainsi qu’une galerie photos.
Edité par Elephant Films, « Virages » est disponible en DVD ainsi qu’en combo DVD + blu-ray depuis le 2 mai 2017.
Le site Internet de Elephant Films est ici. Sa page Facebook est ici.
A noter que sortent simultanément dans la même collection les films « La castagne » et « Le clan des irréductibles ».
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