Le baron rouge
Un grand merci à Movinside Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Le baron rouge » de Roger Corman.
« Je voudrais me rappeler de toutes mes victimes. N’est-ce pas ce que le mot Victoire signifie ? »
En 1916, dans la France occupée, une forte rivalité oppose d’un côté le baron von Richthofen, surnommé le « Baron Rouge », qui est à la tête de l’escadrille allemande, et de l’autre l’as canadien Roy Brown.
Alors qu’au sol les combats font rage, ils se livrent dans le ciel de France un combat sans pitié. Bientôt, leur rivalité se transforme en véritable massacre. Les deux hommes iront jusqu'au bout et n'hésiteront pas à se battre par armées interposées...
« L’Empereur peut nous commander de mourir mais pas de nous cacher »
Après des études d’ingénieur menées sans passion, Roger Corman intègre le milieu du cinéma un peu par hasard. Embauché par la 20th Century Fox au service courrier, il prend rapidement du galon et devient lecteur de scénario. C’est là qu’il se prend à rêver de réaliser lui-même ses propres films. Malheureusement pour lui, ses projets sont systématiquement rejetés par la Fox. Au milieu des années 50, il décide donc de façon très audacieuse de tout plaquer pour réaliser à ses frais ses films. Il se spécialise dès lors dans les films de série B à très petits budgets, tournés dans des temps record. Il en réalisera ainsi près d’une soixantaine, pour l’essentiel entre 1955 et 1971. A son crédit, on retiendra surtout ces films d’horreur, dont la plupart devinrent cultes, tels que « La petite boutique des horreurs » ou « La chute de la maison Usher ». En parallèle, il monte également sa maison de production via laquelle il lancera toute une génération de jeunes réalisateurs parmi lesquels on retrouve Francis Ford Coppola, Monte Hellman, Curtis Hanson, Martin Scorsese, Jonathan Demme ou encore Ron Howard. En 1971, il réalise « Le baron rouge », un projet qu’il a en tête depuis de nombreuses années. Mais la United Artists, qui produit le film, impose sa vision des choses à Corman et l’empêche de réaliser le film qu’il voulait. L’expérience, jugée décevante et épuisante, poussera le réalisateur à mettre un terme à sa collaboration avec les grands studios. Et quelques mois plus tard, à arrêter la réalisation pour se concentrer sur la seule production.
« La France est un beau pays, la plupart de mes amis y resteront pour toujours »
« Le baron rouge » est une (libre) évocation du mythique pilote allemand Manfred Von Richtofen, qui, avec quatre-vingt victoires, est considéré comme l’as des as de la première guerre mondiale. Plus exactement, le film relate le duel à distance l’opposant au pilote canadien Roy Brown, qui finira par l’abattre dans le ciel de France en avril 1918, mettant ainsi un terme à ses exploits. A l’évidence, Corman célèbre ici la fin d’une époque où la guerre, malgré son horreur, était encore une affaire de gentlemen. L’aviation, encore balbutiante et rudimentaire, était ainsi l’apanage d’une certaine aristocratie militaire, dernier bastion d’un certain esprit chevaleresque ancien. Le cinéaste s’intéresse également aux personnalités antagonistes de ses deux pilotes et à leurs différences de style, la froideur rigide et aristocratique de Von Richtofen s’opposant au pragmatisme et au réalisme du canadien Brown. D’une certaine manière, il s’agit là de l’opposition entre l’ancien et le nouveau monde. Corman illustre également la naissance d’un monde nouveau, où l’on se permet impunément d’attaquer par surprise l’ennemi en tuant délibérément des civils, des femmes et des hommes désarmés. Avec un budget dérisoire de moins d’un million de dollars, Roger Corman réussit ici l’exploit de réaliser un film de guerre crédible et d’une totale efficacité. Doté d’une reconstitution incroyable (décors, costumes, avions), le film nous offre des scènes de combats aériens parfaitement réalistes, homériques et spectaculaires. A l’image des bombardements des terrains d’aviation. Seuls défauts, un récit qui s’étire un peu en longueur dans son dernier tiers, et une interprétation parfois un petit peu fade. Mais rien qui ne saurait entacher la qualité formelle de cet efficace film de guerre.
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Le DVD : Le film est présenté en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également proposés. Aucun bonus ne vient compléter cette édition.
Edité par Movinside Editions, « Le baron rouge » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 23 mai 2017.
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