Le clan des irréductibles
Un grand merci à Elephant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Le clan des irréductibles » de Paul Newman.
« Votre ville est peuplée de gens qui ne sont pas contents. Un jour, il faudra bien que l’une des parties cède quelque chose à l’autre »
La petite ville de Wakonda dans l’Orégon est en ébullition depuis que les bucherons de la région ont appelé à la grève pour défendre leur activité contre l’arrivée d’un conglomérat. Farouchement indépendants, Hank Stamper et son père Henry décident de continuer à abattre les arbres et à livrer le bois, provocant l’animosité de leurs compagnons bucherons…
« Je ne vais pas à la chasse, j’aurai trop peur de prendre le parti du renard ! »
Après ses débuts dans « Le calice d’argent » en 1954, Paul Newman s’impose rapidement au cours des années suivantes comme le jeune premier le plus en vue de Hollywood. Son physique avantageux, son regard bleu acier et quelques rôles marquants dans des films devenus depuis cultes (« Le gaucher », « La chatte sur un toit brûlant », « L’arnaqueur », « Le plus sauvage d’entre tous ») finiront d’asseoir sa notoriété et de lui conférer immédiatement un statut d’icône. Reste qu’au mitan des années 60, Newman se lasse de son statut de « belle gueule » de service. Il aura alors à cœur de casser son image et d’évoluer vers des rôles plus matures, comme celui de « Luke la main froide » en 1967. En 1970, il est à l’initiative de l’adaptation cinématographique du roman « Sometimes a great notion » (en français « Et quelquefois j’ai comme une grande idée ») de Ken Kesey (auteur à qui l’on doit également le roman « Vol au-dessus d’un nid de coucou » qui sera également adapté au cinéma quelques années plus tard) publié en 1964. Mais le projet se révèle plus compliqué que prévu et le jeune réalisateur venu de la télévision, Richard A. Colla (qui avait coiffé Sam Peckinpah et BuddBoetticher, intéressés pour réaliser le film), est finalement remercié quelques semaines à peine après de début du tournage. Il sera finalement remplacé au pied levé par Paul Newman himself, qui réalise donc là son deuxième film deux ans après « Rachel, Rachel ». Déçu par le résultat final, Newman reniera le film. Néanmoins, celui-ci connaitra un certain succès critique et décrochera deux nominations aux Oscars (Meilleur second rôle pour l’acteur Richard Jaeckel et Meilleure chanson originale pour Henry Mancini).
« Je ne suis pas encore en enfer. Je ne suis pas du bois dont on fait les cercueil. »
Avec « Le clan des irréductibles », Paul Newman trouve là matière à faire une grande fresque sociale sur l’Amérique contemporaine et profonde. En l’occurrence, il prend pour décor une communauté de bûcherons d’une petite ville de l’Oregon, tiraillée entre les travailleurs syndiqués, qui souhaitent généraliser la grève pour négocier les prix, et les indépendants, qui souhaitent poursuivre leur activité coûte que coûte. Il dresse ainsi le portrait de deux Amériques en opposition avec d’une part, celle, communautaire, qui voit dans le groupe une forme de solidarité et de force, et de l’autre celle de l’individualisme arrogant, qui ne jure que par la liberté individuelle d’entreprendre. Sur le rythme lent de la rivière, Newman abord son récit sous un prisme quasi documentaire, nous plongeant en immersion au sein de cette communauté de bûcherons dont nous suivrons le quotidien, de leurs difficiles conditions de travail jusqu’à leur conflit larvé. Une chronique douce-amère, peuplée de personnages aux caractères entiers, cabossés par la vie (le patriarche autoritaire et dont l’obstination confine presque à la folie, l’épouse malheureuse, le demi-frère malaimé…) et incapables de communiquer entre eux, et ponctuée d’évènements le plus souvent tragiques (terrible scène de la mort du frère dans la rivière). Le film vaut également pour son formidable casting, dominé par le naturel de Paul Newman et la douce sensibilité de la belle Lee Remick, qui apportent un parfait contrepoint à l’interprétation un peu excessive et rigide du néanmoins immense Henry Fonda, qui trouve là l’un de ses personnages les plus détestables. La fable, sinueuse et tortueuse comme le courant de la rivière, trouve également son apogée dans un final en forme de pied-de-nez délicieusement ambigu et ironique, dans lequel l’apparent triomphe de l’individualisme ne saurait masquer le fait que le héros à tout perdu.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’un portrait de Paul Newman par Xavier Leherpeur (20 min.), d’une Bande-annonce cinéma d’origine et d’une galerie photos.
Edité par Elephant Films, « Le clan des irréductibles » est disponible en DVD ainsi qu’en version combo blu-ray + DVD, depuis le 2 mai 2017.
Le site Internet de Elephant Films est ici. Sa page Facebook est ici.
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