Pilotes de chasse
Un grand merci à ESC Distribution pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Pilotes de chasse » de William A. Wellman.
« C’est ici, sur cette base, qu’on gagnera la guerre ! »
Durant la Seconde Guerre Mondiale, Steve Britt, ancien pilote de chasse, est désormais chargé de former les nouvelles recrues. Parmi ses élèves, Peter Stackhouse, le fils de l’un de ses anciens camarades. Peter s’est engagé car il tient à servir son pays. Mais il a peur de l’altitude. Très vite, les deux hommes se lient d’amitié. Jusqu’au moment où ils tombent amoureux de la même femme.
« Si c’est un bon pilote ? Les frère Flight ont pensé à lui en inventant l’avion ! »
Né au sein de l’aristocratie de la côte est américaine (son aïeul fut l’un des signataires de la déclaration d’indépendance américaine), le jeune William Wellman mène une jeunesse turbulente, au cours de laquelle son tempérament bagarreur lui vaut une réputation de cancre et de mauvais garçon. La Première guerre mondiale lui donnera l’occasion de s’illustrer et d’assouvir sa soif d’aventures : d’abord engagé volontaire comme brancardier, il finira par intégrer la célèbre et prestigieuse escadrille Lafayette, prenant victorieusement part aux combats dans le ciel de France. De retour en Amérique, il est remarqué au cours d’un show aérien par le grand Douglas Fairbanks qui lui met le pied à l’étrier en le faisant tourner dans « The knickerboxer buckaroo » en 1919. Mais le métier de comédien l’intéressant assez peu, Wellman évolue rapidement vers la réalisation, dès le début des années 20. Son film « Les ailes », consacré aux pilotes de la première guerre mondiale, reçoit ainsi le premier Oscar du Meilleur film de l’Histoire. A partir des années 30, il s’impose comme l’un des maitres du film noir d’Hollywood (« L’ennemi public », « Rose de minuit ») avant de s’orienter davantage vers les films d’aventures (« L’appel de la forêt », le magnifique « Beau Geste »). En 1942, en pleine vogue des films de propagande qui accompagnent l’entrée en guerre des Etats-Unis, le producteur de la Fox Darryl Zanuck, qui souhaite renouveler le succès du film d’Henry King « Un Yankee dans la RAF » sorti quelques mois plus tôt, lui propose de mettre en scène son nouveau projet, « Pilotes de chasse ». Peu emballé à la base par le projet, Wellman acceptera finalement la proposition obtenant en contrepartie le financement par la Fox de « L’étrange incident », formidable western progressiste qu’il s’empressera de tourner aussitôt après avoir fini le tournage de ce « Pilotes de chasse ».
« J’ai fait le tour du monde. Partout, j’ai vu des églises, des hôpitaux, des écoles, construits grâce à la générosité des américains. Les allemands et les japonais n’ont rien fait de tel. »
Avec « Pilotes de chasse », William A. Wellman retrouve un univers qu’il connait fort bien (et pour cause !), en l’occurrence, celui ayant trait à l’armée de l’air et à ses pilotes. Propagande de guerre oblige, le film prend ainsi pour décor une base aérienne dévolue à la formation des jeunes recrues aspirant à être pilotes de chasse. On y retrouve ainsi le fleuron de la jeunesse américaine, mais aussi des britanniques et des chinois, principaux alliés des américains sur les différents théâtres de guerre, qui se forment eux aussi aux techniques modernes de combat. Un bon moyen de nous rappeler, aussi, le rôle prépondérant joué par les Etats-Unis dans la mise en œuvre de la reconquête militaire face aux forces de l’Axe. Mais Wellman ne cherche pas ici à faire un film documentaire et, en ce sens, développe en parallèle la relation tumultueuse entre un instructeur américain, vétéran de la Première guerre mondiale, et un de ses élèves anglais, tous deux amoureux de la même femme, interprétée par la ravissante Gene Tierney. Une concurrence virile qui donne lieu à quelques quiproquos et autres situations amusantes (celle du rodéo notamment, celle où Gene Tierney manigance pour obtenir la réintégration de son amoureux également), et qui finit par prendre le dessus sur la formation des pilotes. On regrettera dès lors le peu de scènes consacrées à la voltige aérienne ainsi que leur aspect peu spectaculaire (exception faite de la scène finale). Mais, d’une certaine façon, pour Wellman et Zanuck l’essentiel du film se joue ailleurs : qu’il s’agisse d’un flashback qui nous rappelle les souffrances endurées par les peuples qui résistent aux forces de l’Axe, ou à l’esprit de courage et de sacrifice qui animent l’ensemble des personnages. La querelle des modernes et des anciens se transformant alors en une subtile transmission et un encouragement pour que la jeunesse fasse aussi bien que ses ainés lors du précédent conflit. Si ce « Pilotes de chasse » est à classer comme un film plutôt mineur au sein de la longue et prestigieuse filmographie du cinéaste, il n’en demeure pas moins un film plutôt agréable à regarder.
**
Le DVD : Le film est présenté dans un nouveau master haute définition, en version originale américaine (2.0). Des sous-titres français sont également proposés.
Côté bonus, le film est accompagné de deux modules : « Les ailes de la propagande » et « La restauration du film ».
Edité par ESC Distribution, « Pilotes de chasse » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 8 août 2017.
Le site Internet de ESC Distribution est ici. Sa page Facebook est ici.
Commenter cet article