Gimme danger
Un grand merci à Le pacte ainsi qu’à l’Agence Darkstar pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Gimme danger » de Jim Jarmusch.
« Un jour je fumais un joint près de la rivière et j’ai compris que je n’étais pas noir. Je me suis dis que je voulais faire pour notre génération ce que les bons musiciens noirs firent pour la leur »
Apparu pour la première fois à Ann Arbor (Michigan) en pleine révolution contre-culturelle, le style de rock’n’roll puissant et agressif des Stooges a fait l’effet d’une bombe dans le paysage musical de la fin des années 60. Soufflant le public avec un mélange de rock, de blues, de R&B et de free jazz, le groupe - au sein duquel débute Iggy Pop - posa les fondations de ce que l’on appellera plus tard le punk et le rock alternatif. GIMME DANGER retrace l’épopée des Stooges et présente le contexte dans lequel l’un des plus grands groupes de rock de tous les temps a émergé musicalement, culturellement, politiquement et historiquement. Jim Jarmusch retrace leurs aventures et leurs mésaventures en montrant leurs inspirations et les motivations de leurs premiers défis commerciaux, jusqu’à leur arrivée au Panthéon du rock.
« Je suis devenu chanteur car derrière ma batterie j’en avais marre de voir le cul d’un autre ! »
Cinéaste atypique évoluant un peu en marge du système, Jim Jarmusch nourrit en parallèle à sa carrière de réalisateur une véritable passion pour la musique et notamment pour le rock. Une passion qu’il exprime d’abord sur scène en étant claviériste du groupe punk Sqürl et que l’on retrouve également assez largement dans ses films où l’univers de la musique et les personnages de musiciens demeurent font parties intégrantes de son œuvre (« Mystery train », « The limits of control », « Only lovers left alive »). Mais plus encore, il a pu témoigner de son amour de la musique à travers un fameux face à face entre Iggy Pop et Tom Waits dans « Coffee and cigarettes » (2013) et dans le portrait qu’il a pu signer de Neil Young dans son documentaire « Year of the horse » (1997). Près de vingt ans plus tard, il revient au documentaire pour s’intéresser à une autre figure mythique du rock, à savoir Iggy Pop et son groupe des Stooges. Le film est projeté dans la section « Séances de minuit » au Festival de Cannes 2016.
« Quelque part j’ai aidé à liquider les sixtees »
Né la fin des années 60 dans le Michigan, le groupe des Stooges ne mit pas très longtemps pour faire parler de lui, de par son rock agressif et le jeu de scène exubérant de son jeune chanteur, Iggy Pop. La longévité du groupe n’atteindra pas dix ans (1967-1974) mais sa musique, novatrice, influencera durablement l’évolution du rock et notamment les mouvements punk et grunge. Un statut qui ne rend cependant pas compte de l’histoire chaotique du groupe, qui explosa de façon quasi définitive en 1974 à cause de l’indiscipline et des excès en tous genres de ses membres. Après quoi Iggy Pop mènera durant trente ans une carrière en solo avec des hauts et des bas, avant une improbable recomposition du groupe en 2003 qui prendra définitivement fin en 2015 après la mort de ses principaux membres. Images d’archives à l’appui, Jarmusch recueille le témoignage d’Iggy Pop et de ses acolytes qui reviennent longuement sur leurs années folles en livrant moult anecdotes. Surtout, ils portent tous un regard sans concession sur leurs écarts de conduite et sur leurs nombreuses frasques, en grande partie dus à leur consommation de drogue(s) et d’alcool, qui ont fait d’eux des enfants terribles du rock. Si l’ensemble est raconté de façon énergique par un Iggy Pop pince-sans-rire, « Gimme danger » laisse cependant passer de vrais moments d’émotion quand le chanteur parle des humiliations de son enfance ou quand les musiciens du groupe racontent leurs années de galère loin du star système. A l’exception du guitariste James Williamson qui a réussi une brillante carrière d’ingénieur dans un groupe international. Ces témoignages sont d’autant plus touchants et importants que le batteur Scott Ashton et le saxophoniste Steve MacKay sont depuis décédés. Il se dégage en tout cas du film une belle énergie rock’n’roll.
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Le DVD : Le film est disponible en version originale américaine (5.1 et 2.0) ainsi qu’en audiodescription. Des sous-titres français et français pour malentendants sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de Scènes coupées (12 min.). L’édition spéciale FNAC propose également un entretien avec Jim Jarmusch et Iggy Pop (27 min.).
Edité par Le Pacte, « Gimme danger » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 22 novembre 2017.
Le site Internet de Le Pacte est ici. Sa page Facebook est ici.
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