Victime du destin
Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Victime du destin » de Raoul Walsh.
« Ne tremble jamais devant aucun homme »
Le 20 mars 1984, John Wesley Hardin sort de prison après y avoir passé seize années. Il revoit sa propre vie à partir de son autobiographie… Las de son père qui le réprimande continuellement, Hardin quitte sa famille et sa fiancée Jane Brown. Il devient un joueur professionnel et tue au cours d’une partie de cartes Gus Hanley. Il réussit à s’enfuir grâce à Rosie McCoy qui l’aime. Mais les frères de Gus, Ben, Dirk et Ike, le recherchent pour l’abattre…
« Il n’y a plus de lois au Texas, exceptée celles des Yankees »
Ancien acteur devenu réalisateur après avoir été un temps l’assistant du légendaire pionnier D.W. Griffith, Raoul Walsh aura connu mille vies de cinéma. Surtout, il restera comme l’un des cinéastes américains les plus prolifiques et les plus importants de sa génération, se montrant aussi à l’aise dans le muet que dans le parlant, et faisant tour à tour les beaux jours de la Paramount (30’s) et de la Warner (40’s). A mettre au crédit de sa longue carrière, pas moins de 140 films réalisés en un demi-siècle de carrière. Avec une prédilection pour les films d’aventures, les films de gangsters et surtout pour les westerns, genre dans lequel il lancera la carrière de John Wayne. Mais en bon découvreur de talents, il lancera également en 1948 dans son film « Les géants du ciel » la carrière du tout jeune Roy Harold Scherer Jr., alias Rock Hudson. Après avoir enchainé les piges et quelques seconds rôles, le cinéaste offre quatre ans plus tard à son poulain l’un de ses tout premier premier rôle dans le film « Victime du destin ».
« Es-tu au-dessus de la loi de Dieu ? »
Inspiré de l’autobiographie qu’il rédigea durant son long séjour derrière les barreaux, « Victime du destin » revient sur la vie et le parcours du célèbre hors-la-loi John Wesley Hardin (1853-1895), connu pour ses frasques sanglantes et qui revendiquait d’avoir tué une quarantaine de personnes au cours de vie. Mais si son autobiographie était déjà très largement édulcorée, le film de Walsh vire clairement à l’hagiographie jusqu’au ridicule, faisant passer Hardin pour un honnête et naïf aventurier. Un personnage paradoxal, jouissant à la fois d’une chance insolente aux cartes - ce qui lui vaut de nombreuses inimitiés - et d’une hallucinante déveine lors des affrontements au pistolet où la légitime défense n’est jamais retenue en sa faveur. Mais derrière ce portrait de « chat noir », le film dessine en creux le portrait d’une Amérique profonde en pleine mutation, laissant de moins en moins de places aux outlaws et aux lonesome cowboys. Le film de Walsh vaut surtout pour la réflexion qu’il porte sur les armes et ce qu’elles engendrent de violence ainsi que pour son étonnante morale pacifiste, qui demeure toujours hélas d’actualité. Avec son physique d’athlète et son air juvénile, Rock Hudson se montre parfaitement à la hauteur de son premier rôle, faisant preuve d’une belle sobriété qui fera merveille les années suivantes dans les mélodrames de Douglas Sirk. Le charismatique John McIntire et la belle Julie Adams venant parfaitement compléter le casting. Une série B étonnante et de bonne facture.
**
Le DVD : Le film est présenté en version restaurée dans un Master HD, en version originale américaine (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de deux présentations respectivement signées François Guérif et Patrick Brion.
Edité par Sidonis Calysta, « Victime du destin » est disponible en DVD depuis le 23 janvier 2018.
Le site Internet de Sidonis Calysta est ici. Sa page Facebook est ici.
Commenter cet article