Les gladiateurs
Un grand merci à Rimini Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Les gladiateurs » de Delmer Daves.
« On ne tue pas ce qu’on méprise. On ne tue que ce que l’on craint »
Persuadé que la Tunique du Christ lui assurerait une vie éternelle, l’empereur Caligula cherche à la retrouver par tous les moyens. La Tunique est sous la protection de Démétrius, ancien esclave affranchi. Or, celui-ci est condamné pour avoir frappé un soldat : il devra prendre part aux combats de gladiateurs.
« Dieu n’a pas créé les hommes pour qu’ils s’entretuent. Ni les femmes pour qu’elles s’enorgueillissent de leur agonie »
Genre cinématographique ayant connu une vogue éphémère durant les années 50, le péplum donna lieu a de grandes fresques fastueuses et spectaculaires qui comptent parmi les monuments de le période classique du cinéma hollywoodien. Mais le péplum fut surtout un moyen détourné d'évoquer la religion et d'exalter la foi chrétienne en rappelant, en pleine période de guerre froide et d'expansion communiste, les souffrances et les persécutions des chrétiens pour obtenir la liberté de vivre leur foi et de pratiquer leur culte. Après « Quo vadis ? » (1951), mais bien avant « Ben- Hur » (1959), « Spartacus » (1960) ou « Barrabas » (1961), il y eut ainsi « La tunique » (1953, Henry Koster), adaptation à succès d’un roman de Lloyd C. Douglas couronnée de trois Oscars et - chose rare dans l’histoire du péplum - sa suite, « Les gladiateurs », tourné quasi simultanément par Dalmer Daves, cinéaste davantage connu pour ses films noirs (« La maison rouge ») et ses westerns (« L’homme de nulle part »). Un diptyque centré sur l’histoire du Christ et sur la tunique qu’il portait lors de son supplice et de sa crucifixion, sainte relique aux pouvoirs présumés exceptionnels.
« La pire des vies vaut encore mieux que la plus belle des morts : oublie ta religion pour un jour et défends-toi ! »
« Les gladiateurs » commence ainsi peu ou prou là on se terminait « La tunique » : Gallio et Diana (Richard Burton et Jean Simmons) font une brève apparition le temps d’être condamnés à mort et de disparaitre, transmettant la responsabilité de la tunique à leurs complices Demetrius et Pierre, personnages secondaires du premier film qui se retrouvent au centre de cette suite. Mais dans le trouble de la Rome antique, gouvernée d’une main de fer par le tyran Caligula qui traque sans vergogne les premiers chrétiens, rien ne se passe comme prévu : l’athlétique et impulsif Demetrius est arrêté et condamné à devenir un gladiateur pour regagner sa liberté dans l’arène. Une aventure humaine qui se transformera en quête spirituelle durant laquelle la foi du héros sera mise à rude épreuve : refusant d’abord de combattre et de tuer ses semblables, il se muera en machine à tuer après avoir cru que Dieu l’avait abandonné. Si le film se révèle très spectaculaire pour l’époque (notamment une scène stupéfiante de combat à mains nues contre des tigres), il brille aussi par son scénario riche et complexe, qui cultive l’ambiguïté de ses personnages. A l’image de Demetrius, qui se complet rapidement à obéir à ses plus instincts, bafouant par là-même la morale qu’il défendait au départ. Ou encore à l’image de Claude, l’oncle de l’Empereur, qui revendique son attitude de lâche qui lui assure sa survie par ces temps troublés. Mais le personnage le plus intéressant est certainement celui de Messaline (formidablement interprétée par Susan Hayward), sublime garce manipulatrice, voyeuse, libidineuse... Et etonnement libre, qui détonne quelque peu dans la production cinématographique de l’Amérique du Code Hays. Si le mysticisme de « La tunique » nous semblait un peu pompeux et rébarbatif, « Les gladiateurs », lui, nous offre, pour notre plus grand plaisir, un beau et grand spectacle en Technicolor. A l'évidence, le « Gladiator » de Ridley Scott lui doit beaucoup.
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Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master haute définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné des modules « Gladiateurs, mythes et réalités » (52min.) : retour sur quelques idées reçues concernant les Gladiateurs, et par Michel Eloy, historien du cinéma : « Les Gladiateurs » (15 min.) et « Caligula et les chrétiens » (10 min.). Il comprend également un film annonce et une publicité pour le livre « Le Péplum ».
Edité par Rimini Editions, « Les gladiateurs » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 13 mars 2018.
La page Facebook de Rimini Editions est ici.
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