L'étalon
Un grand merci à ESC Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « L’étalon » de Jean-Pierre Mocky.
« C’est le drame de notre époque Madame : les maris confondent le confort avec le plaisir »
William Chaminade, vétérinaire, prend conscience des ravages que le délaissement amoureux peut susciter le jour où il sauve une jeune femme du suicide. Pour pallier leurs carences affectives et surtout physiques, il invente le principe d’un étalon au service de ces dames… Initiative que les maris outragés vont tout faire pour contrecarrer !
« Grâce à cette méthode, nous allons faire reculer l’alcool, la drogue et la neurasthénie »
Après une brève carrière d’acteur entamée dès l’adolescence (notamment chez Carné puis L’Herbier), Jean-Pierre Mocky délaisse un temps la comédie au cours des années 50 pour apprendre le métier de cinéaste aux côtés des grands de l’époque (Visconti, Fellini, Mankiewicz). Il entame ainsi dès le début des années 60 une carrière de cinéaste qui sera l’une des plus prolifiques du cinéma français contemporain. Esprit libre et volontiers contestataire, Mocky développera au cours des années 60 et 70 une série de films dans lesquels il caricaturera avec malice les travers de la société française des Trente glorieuses, s’en prenant pêle-mêle à la vieille bourgeoisie catholique (« Un drôle de paroissien »), l’administration (« Les compagnons de la marguerite »), l’avènement de la télévision comme moyen d’abêtissement des masses (« La grande lessive ») ou encore la politique et ses mœurs corrompus (« L’albatros »).
« Il n’y a qu’une solution pour faire face à la demande : apprenons à nos soldats à faire l’amour plutôt que la guerre ! »
En 1970, Mocky s’offre avec « L’étalon » une comédie centrée sur la sexualité des français. Surfant sur la vague des mouvements hippies et féministes qui revendiquent la liberté sexuelle, le cinéaste brocarde les mœurs rétrogrades et la sexualité paresseuses des français, davantage soucieux de leurs préoccupations matérialistes (leur carrière, leur argent, leur voiture, leurs loisirs) que du plaisir et de l’épanouissement de leurs femmes. Qu’à cela ne tienne, le héros du film, vétérinaire de son état (sic), à une solution : mettre des « étalons » masculins au service de ces dames. Et qui plus est, remboursés par la sécurité sociale ! A l’évidence, le cinéaste à la verve gentiment anar’ se fait plaisir et s’offre ici une comédie féministe joyeusement provocatrice (pour l’époque) et particulièrement barrée dans laquelle le français moyen (merveilleusement incarné par Francis Blanche !) passe pour un gros beauf à la libido en berne, loin de l’image d’Épinal du « French lover ». Particulièrement facétieux, le scénario nous offre quelques moments de bravoure (avec le discours du député à l’assemblée notamment), même si à force d’outrances, il se perd par moments dans des digressions un peu inutiles (l’assaut final des maris et des ligues de vertu sur le campement des étalons). Si formellement, le film n’est sans doute pas le plus abouti de Mocky, il marquera la dernière des quatre collaborations avec Bourvil, l’il marquera la dernière des quatre collaborations avec Bourvil, acteur fétiche du cinéaste, déjà malade sur le tournage (visible par le crâne rasé) et qui décèdera malheureusement à peine quelques mois plus tard.
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Le DVD : Le film est présenté en version originale française (2.0).
Côté bonus, le film est accompagné d’une interview de Jean-Pierre Mocky par Linda Tahir.
Edité par ESC Editions, « L’étalon » est disponible en DVD depuis le 22 mai 2018.
Le site Internet de ESC Editions est ici. Sa page Facebook est ici.
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