L'amour d'une femme
Un grand merci à Gaumont pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « L’amour d’une femme » de Jean Grémillon.
« Puisque les femmes doivent désormais travailler, autant qu’elles fassent le métier qu’elles aiment »
Marie, une jeune doctoresse, se rend sur l’île d’Ouessant, afin de remplacer un vieux praticien. Grâce à ses compétences et son dévouement, elle parvient peu à peu à se faire accepter par les insulaires, d’abord peu enclins à accepter cette nouvelle venue. André, un ingénieur installé provisoirement dans la région, la demande en mariage, mais pour suivre celui qu’elle aime, elle devra renoncer à son métier.
« Vous avez réussi à vous imposer ici et vous seriez prête à tout perdre pour un garçon qui ne pense qu’à s’amuser »
Musicien de formation, Jean Grémillon approche le monde du cinéma en jouant du piano dans les salles en accompagnement des films muets. Il deviendra l’un des réalisateurs français importants des années 30 - grâce notamment au succès de « Gueule d’amour » - ainsi qu’un compagnon du réalisme poétique. Avant que sa carrière ne décline lentement mais sûrement au cours des années 40 et 50. Mais Grémillon restera sans doute comme le grand spécialiste des portraits de femmes de ces années-là : « Daïnah la métisse » qui refuse d’être un objet sexuel, la femme au foyer courageuse de « Remorques » ou l’intrépide aviatrice de « Le ciel est à vous ». Comme une sorte de féministe avant l’heure.
« Tu parles comme ton grand-père »
Pour son dernier film, « L’amour d’une femme » réalisé en 1953, il filme une femme médecin venue se perdre sur un îlot reculé de Bretagne, pour remplacer le médecin local parti à la retraite. Un acte de foi dicté par sa vocation et sa mission, qui sonne un peu comme un renoncement à sa vie personnelle. D’ailleurs, ses premiers pas sur l’île et sa rencontre avec l’institutrice locale, venue par mission et restée vieille fille par défaut, ressemble à une entrée en sacerdoce. Jusqu’à sa rencontre inespérée avec un ingénieur italien, venu sur l’île le temps d’une mission, qui fera vaciller ses convictions. Drame intimiste, « L’amour d’une femme » est ainsi une variation sur les sentiments contradictoires de cette femme, tiraillée entre son devoir professionnel et la passion amoureuse. La tentation d’un bonheur personnel contre la satisfaction d’être utile à la communauté. Le tout dans une société encore largement machiste, phallocratique et moraliste, qui ne conçoit pas qu’une femme puisse à la fois s’épanouir dans un double rôle d’épouse/mère de famille et de travailleuse. Malgré un scénario aux enjeux un peu datés, Grémillon peut compter ici sur la performance toute en délicatesse de Micheline Presle ainsi que sur le joli personnage secondaire, très nostalgique, de Gaby Morlay pour apporter de l’émotion à ce film sensible mais terriblement empesé.
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Le DVD : Le film est présenté en version restaurée dans un nouveau Master et proposé en version originale française (2.0) ainsi qu’en audiodescription. Des sous-titres français pour malentendants et anglais sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de « Jean Grémillon et le réalisme sacré » (52 min.) : documentaire inédit de Roland-Jean Charna avec les participations de Philippe Roger, Geneviève Sellier, Giusy Pisano et Yann Calvet, spécialistes de l’œuvre de Jean Grémillon et de « Séquences commentées » (10 min.) : Philippe Roger analyse L’Amour d’une femme sur des images du film.
Edité par Gaumont, « L’amour d’une femme » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 10 octobre 2019.
Le site Internet de Gaumont est ici. Sa page Facebook est ici.
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