Parvana
Un grand merci à Le Pacte pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Parvana, une enfance en Afghanistan » de Nora Twomey.
« Les histoires demeurent dans nos cœurs même quand il n’y a plus rien »
En Afghanistan, sous le régime taliban, Parvana, onze ans, grandit à Kaboul ravagée par la guerre. Elle aime écouter les histoires que lui raconte son père, lecteur et écrivain public. Mais un jour, il est arrêté et la vie de Parvana bascule à jamais. Car sans être accompagnée d’un homme, on ne peut plus travailler, ramener de l’argent ni même acheter de la nourriture. Parvana décide alors de se couper les cheveux et de se travestir en garçon afin de venir en aide à sa famille. Risquant à tout moment d’être démasquée, elle reste déterminée à trouver un moyen de sauver son père. Parvana est un conte merveilleux sur l’émancipation des femmes et l’imagination face à l’oppression.
« Ne sois pas aussi pressée de grandir. Ce n’est peut-être pas aussi bien que tu le crois »
On a coutume de dire que le cinéma est une fenêtre ouverte sur le monde. Mais certaines réalités - surtout quand elles ont trait à la souffrance humaine - demeurent ainsi très difficiles à montrer au grand public. Étonnement, le cinéma d'animation, avec son évidente irréalité, permet parfois de traiter de sujets très graves avec plus de douceur. On se souvient ainsi de ces récits d’adoptions massives et de déracinements dans « Couleur de peau : miel », de la peur du soldat envoyé au combat en pleine guerre du Liban dans « Valse avec Bachir », ou encore de la montée en puissance de l'obscurantisme et du rigorisme religieux suite à la Révolution iranienne dans « Persepolis ». Au tour cette fois de la talentueuse réalisatrice irlandaise Nora Twomey (on lui doit notamment « Brendan et le livre de Kells » ou encore « Le chant de la mer ») de s'attaquer à un sujet politiquement sensible avec « Parvana, une enfance en Afghanistan ». Produite par Angelina Jolie, cette adaptation du premier tome de la saga littéraire de l'auteure canadienne Deborah Ellis nous plonge ainsi dans l'Afghanistan des années 90 alors sous l'emprise totale des Talibans. Un régime théocratique isolé, coupé du monde ou presque, vivant au rythme d'une interprétation particulièrement rigoriste de la loi islamique et faisant de fait régner la terreur sur les habitants.
« Ce n’est pas une vie pour un enfant »
Tout l'art du scénario sera de nous raconter la misère et l'enfer de ce régime par le prisme du regard innocent d'une petite fille de onze ans, Parvana. De part les mésaventures qui jalonnent son quotidien, celle-ci nous rend compte des nombreuses interdictions, le plus souvent absurdes, imposées à la population sous peine de terribles représailles: interdiction de lire des livres, de faire (ou d'aller à) l'école, d'écouter (ou de faire) de la musique. Et surtout, interdiction des femmes. Le portrait ainsi dressé de cette société où seuls les hommes ont le droit de citer permet au film de dénoncer la condition des femmes : interdiction de sortir sans être accompagné d'un homme et sans être intégralement cachée, obligation de rester enfermées, mariages arrangés pour ne pas dire forcés. Comble ultime de ces lois absurdes et symbole des violences qui leur sont faites, l’impossibilité pour elles de survivre en l'absence de leur mari (ou d'une tutelle masculine) puisqu'elles ne peuvent ni sortir ni travailler. Un état de fait que la petite Parvana contournera, comme un pied-de-nez au destin, en se déguisant en garçon au péril de sa vie afin d'assurer la subsistance des siens. Il en ressort un film d'aventures plein d'humanité, à la fois bouleversant et très prenant. Mais plus encore, celui-ci est magnifié par sa beauté formelle, s'appuyant notamment sur des motifs et des couleurs d'inspiration orientale auxquels ont été apportés le plus grand soin. A l'image du conte que la petite fille récite pour se donner du courage, sorte de fil rouge narratif, qui est d'une beauté visuelle renversante et qui rappelle les souffrances infligées par des années de guerre à ce peuple. Vraiment très beau.
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Le DVD : Le film est présenté en version originale anglaise (5.1) ainsi qu’en version française (5.1) et en audiodescription. Des sous-titres français et français pour malentendants sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’un entretien avec Nora Twomey et Angelina Jolie, un second entretien avec Nora Twomey et Golshifteh Farahani, deux modules : « musique et sons » et « introduction au procédé d’animation » ainsi qu’une Bande-annonce.
Edité par Le Pacte, « Parvana, une enfance en Afghanistan » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 31 octobre 2018.
Le site Internet de Le Pacte est ici. Sa page Facebook est ici.
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