Sahara
Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Sahara » de Zoltan Korda.
« La guerre nous aura au moins permis de mieux nous connaitre »
Afrique du Nord 1942 - Le Sergent Joe Gunn, son tank « Lulubelle » et ses hommes recueillent cinq soldats britanniques, un français, un africain et un prisonnier italien. Ils doivent traverser le désert libyen pour rejoindre Tobrouk et rejoindre les lignes anglaises en Egypte. Mais le manque d’eau se fait cruellement sentir.
« Je suis de nulle part. Je suis un soldat. »
Issue d'une riche famille juive de Hongrie, les frères Korda s'initient à la toute jeune industrie cinématographique dès la fin des années 10 dans leur pays natal avant de fuir son climat délétère teinté d'antisémitisme et de gagner l'Angleterre où ils participeront au premier âge d'or du cinéma anglais des années 30 et 40 en fondant la London Films Production. En marge des activités de ses frères Alexander (essentiellement producteur mais aussi réalisateur notamment de « Marius » d'après Pagnol) et Vincent (décorateur), Zoltan sera à la fin des années 30 le cinéaste des guerres coloniales (« Les quatre plumes blanches ») et des grandes fresques d'aventures en couleurs, notamment interprétées par le jeune Sabu (« Le livre de la jungle », « Elephant boy », « Alerte aux Indes », « Le voleur de Bagdad »).
« Nous sommes plus forts qu’eux car contrairement à eux nous connaissons le prix de la liberté »
En 1943, alors que les alliés viennent de remporter une victoire décisive à El Alamein, fermant ainsi les portes de l'Afrique aux forces de l'Axe, Zoltan Korda se voit proposer par la Columbia la réalisation de « Sahara ». Un film de guerre librement inspiré du film soviétique « Trinadtsat » de Mikhaïl Romm (1937) et qui a pour but de participer à l'effort de guerre hollywoodien de propagande. Soit la folle épopée d’une escouade de soldats alliés en déroute et perdus dans le désert, bien décidés à couper l'avancée allemande et défendant l'unique point d'eau de la région. Un scénario plutôt habile, dans lequel chaque personnage ou presque représente une nation engagée dans le conflit. Et même si ces derniers sont plutôt caricaturaux, ils donnent un aperçu de la façon dont leurs pays sont alors perçus outre-Atlantique : ainsi, à coté des américains fonceurs et des braves anglais, on y trouve un français courageux mais fort en gueule ou un vétéran soudanais des troupes coloniales britanniques, symboles de la pluralité des alliés. Face à eux, l'italien est représenté comme un pleutre versatile. Un faux méchant, soldat malgré lui, pour qui la rédemption demeure possible. A l'inverse de l'allemand, fanatique zélé et fourbe (puisqu'il tire dans le dos de ses adversaires) qui reste l'ennemi à abattre sans condition. Perdus dans l'immensité du désert, ces hommes si différents mais mus par un même idéal de liberté devront apprendre à s'entendre pour résister à un environnement particulièrement hostile (chaleur harassante, manque de vivres et d'eau). Mais c'est bien dans sa dernière demi heure, avec le siège de l'oasis et la résistance héroïque de l'escouade alliée que le film trouve son véritable morceau de bravoure et offre son meilleur spectacle. Bien entouré de quelques seconds rôles confirmés (Dan Dureya, Lloyd Bridges), Bogart domine totalement le film par son charisme. S'il peut aujourd’hui paraitre par moment un peu trop manichéen, ce « Sahara » demeure un modèle d'efficacité. Et un film de guerre rudement plaisant à voir.
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Le DVD : Le film est présenté dans un Master Haute-Définition, en version originale américaine (1.0) ainsi qu’en version française (1.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation du film par Patrick Brion (8 min.) ainsi que d'un documentaire sur Humphrey Bogart (45 min.).
Edité par Sidonis Calysta, « Sahara » est disponible en DVD ainsi qu’en combo blu-ray + DVD depuis le 27 octobre 2018.
Le site Internet de Sidonis Calysta est ici. Sa page Facebook est ici.
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