Les amants du Tage
Un grand merci à Coin de Mire pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Les amants du Tage » d’Henri Verneuil.
« Ce n’est pas le soldat qui a tiré sur cette femme mais le mari cocu »
Au retour de la guerre, Pierre Roubier découvre sa femme et son amant enlacés. Pierre tue le rival. Après avoir purgé une peine symbolique, son passé de résistant jouant en sa faveur, il s'exile au Portugal, où il fait la connaissance d'une jeune veuve, Kathleen. Leur idylle ne sera que de courte durée, bientôt gâchée par l'inspecteur Lewis persuadé que Kathleen a supprimé son mari.
« C’est peut-être le bonheur qui nous réunit. Les malchanceux se reconnaissent entre eux »
Henri Verneuil restera pour le grand public un monument du cinéma populaire français. Un réalisateur prolifique et faste qui, durant quatre décennies, aura su imposer un cinéma résolument viril, allant du film d’aventures (« Cent mille dollars au soleil », « La bataille de San Sebastian ») au film de guerre (« Week-end à Zuydcoot », « La vingt-cinquième heure ») en passant par les films de gangsters (« Mélodie en sous-sol », « Le clan des siciliens ») en passant par le polar (« Le casse », « Peur sur la ville », « I comme Icare », « Mille milliards de dollars »). On en oublierait presque qu’il commença sa carrière, au début des années 50, en dirigeant des comédies - parfois dramatiques (« La vache et le prisonnier ») - portées par Fernandel. Et qu’il s’essaya brièvement, au milieu des années 50, au genre du mélodrame, avec deux films : « Les amants du Tage » (1955) et « Des gens sans importance » (1956).
« Je déteste les clés. Elles ouvrent des portent. Et derrière les portes il y a toujours des trucs qui te sautent au visage. D’un côté de la porte tu es un brave type, de l’autre tu es un salaud »
Adapté d’un roman de Joseph Kessel, « Les amants du Tage » imagine la rencontre à Lisbonne de deux âmes en fuite, éconduites, venues se perdre dans la Cité aux mille couleurs. Surtout, ces deux personnages se retrouvent liés par un secret commun : le meurtre de leur conjoint respectif. Mais tandis que la possibilité d’un renouveau de bonheur semblait s’ouvrir devant eux, celui-ci sera mis à mal par l’intrusion d’un inspecteur anglais venu soutirer des aveux à la belle. Car bien que semblables, les deux personnages différent par le mobile de leur crime respectif : Pierre a commis un crime passionnel (pour lequel il a été acquitté) car l’infidélité de sa femme lui était insoutenable tandis que Kathleen a éliminé son mari pour des motifs plus crapuleux et, principalement, pour hériter de sa fortune. Une différence d’ordre morale dont se servira l’inspecteur anglais pour faire naitre la suspicion entre les deux amants. Verneuil signe là un sommet du mélodrame, torturé et déchirant, le tout baigné par la belle lumière du Portugal et par la saudade, ce sentiment de mélancolie que la culture portugaise a élevé au rang d’art, et qui transpire magnifiquement de chacun des airs de fado interprété ici par la mythique Amalia Rodrigues. Magnifique et poignant.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée en Haute-Définition, en version originale française (2.0). Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles.
Côté bonus, la collection « La séance » propose un formidable concept : celui de reproduire les conditions d’une véritable séance de cinéma d’époque. Ainsi, en mode « Séance complète », le film sera précédé des authentiques actualités Pathé de la semaine de sortie du film, de publicités et de bandes-annonces de l’époque, le tout en HD. En mode « Film seul », « Les amants du Tage » se lancera directement.
Edité par Coin de Mire, « Les amants du Tage » est disponible depuis le 22 octobre 2018 dans une très belle édition digibook limitée à 3000 exemplaires numérotés, comprenant le blu-ray + le DVD du film ainsi qu'un livret reproduisant des documents d'époque (24 pages), 10 reproductions de photos d'exploitation (14,5 x 11,5 cm) et la reproduction de l'affiche d'époque (29 x 23 cm). Un très bel objet qui ravira à l'évidence tous les cinéphiles.
Le site Internet de Coin de Mire est ici.
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