La flibustière des Antilles
Un grand merci à BQHL Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « La flibustière des Antilles » de Jacques Tourneur.
« Que servirait à un homme de gagner toutes les richesses du monde s’il devait y perdre son âme ? »
Capitaine du Sheba Queen, le plus redouté des galions pirates, Anne Providence sillonne les mers des Caraïbes, attaquant, pillant et coulant tous les navires anglais qui ont le malheur de croiser son chemin. Formée par le terrible Barbe-Noire et poussée par une soif inextinguible de vengeance, elle ne fait jamais de prisonniers au terme des abordages. La Rochelle, un officier français arraché aux fers ennemis, trouve pourtant grâce à ses yeux. Elle en fait son navigateur, son amant, ainsi que son partenaire dans la recherche du trésor du corsaire Henry Morgan…
« Si tu n‘as pas oublié ce que je t’ai enseigné, tu dois savoir que Barbe-Noire n’oublie jamais une insulte »
Fils de Maurice Tourneur, qui fut en son temps l'un des pionniers du cinéma, Jacques Tourneur fut l'un des rares - si ce n'est le seul - cinéastes français à faire toute sa carrière aux États-Unis. Fort de ses trente et prolifiques années de carrière au cinéma, il restera surtout célèbre pour ses thrillers fantastiques à tendance horrifiques (« La féline », « Vaudou », « Rendez-vous avec la peur ») et ses films noirs (« La griffe du passé », « Berlin express »). On en oublierait presque que, profitant du retour en vogue du film de cape et d'épée, Tourneur sortit un temps de sa zone de confort et se spécialisa brièvement au début des années 50 dans le film de pirates. Avec deux monuments du genre: « La flèche et le flambeau » en 1950 et « La flibustière des Antilles » en 1951.
« Vous aimez jouer à l’homme, alors agissez en homme ! »
Inspiré de la nouvelle « Anne of the Indies » de Herbert Ravenel Sass, « La flibustière des Antilles » nous offre ainsi un spectacle d'aventures familial des plus réjouissants, peuplé de personnages patibulaires à souhait, à la fois manipulateurs et hauts en couleurs, de carte au trésor et de combats épiques. Mais la grande originalité du film reste sans conteste son personnage féminin de chef des pirates. Et bien que le joli minois de la ravissante Jean Peeters ne soit pas crédible un instant en impitoyable loup-de-mer (encore lui aurait-il fallu la gouaille d'une Yvonne De Carlo), on prend beaucoup de plaisir à voir ce personnage intrépide et fort évoluer et se féminiser, allant jusqu'à ce sacrifier bravement pour protéger celui qu'elle aime sans retour (Louis Jourdan, forcément fourbe puisque français) au cours d'une impressionnante bataille navale, le tout dans un Technicolor sublime. Une inversion des rôles bien pensée (et bienvenue!) qui fait de cette « Flibustière des Antilles » l'un des tout premiers films d'aventures féministes de Hollywood. Du cinéma spectacle de très bonne facture pour Tourneur qui signe là un classique indémodable.
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Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master Haute-Définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné du module « Variations sur Anne Providence » (17 min.).
Edité par BQHL Editions, « La flibustière des Antilles » est disponible en combo blu-ray + DVD depuis le 18 avril 2019.
La page Facebook de BQHL Editions est ici.
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