Rue des prairies
Un grand merci à Coin de Mire pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Rue des prairies » de Denys de La Patellière.
« De mon temps, le père m’aurait dit de gagner, j’aurai dit oui papa. Mais maintenant ça discute et ça envoie son père sur les roses »
Henri Neveux rentre d’Allemagne où il était prisonnier. À Paris, il retrouve ses deux enfants et découvre que sa femme est morte en couche en lui laissant un troisième enfant qui n’est pas de lui. Il décide de l’élever comme son fils. Ouvrier et satisfait de son état, mais ambitieux pour sa descendance, Henri Neveux est fier de ses enfants. Du moins de ces deux premiers ! Car la pièce rapportée ne lui donne pas les mêmes satisfactions…
« Le pire ma fille c’est que tu n’as rien compris : t’as pas compris qu’il a de l’argent et que tu n’en as pas, que tu te vends et qu’il t’achète »
Comme toutes les grandes familles aristocratiques, celles de Denys de La Patellière fut fortement marquée du sceau de la tradition. Issu d’une lignée d’officiers, ce dernier se destinait ainsi à une carrière militaire, comme son père avant lui. Mais à l’issue de la Seconde Guerre Mondiale, où il combattit au sein de l’Armée de Libération, il préfèra suivre sa passion pour le cinéma. Ainsi, après avoir exercé plusieurs métiers de technicien (développeur photo, monteur), il devient l’assistant de Maurice Labro et accède finalement à la réalisation au milieu des années 50. Considéré comme l’un des derniers tenants d’un cinéma classique et populaire, décrié notamment par ses collègues de la Nouvelle-Vague, il réalisera une vingtaine de films entre 1955 et 1973, année à partir de laquelle il n’exercera plus que pour la télévision. On retiendra ainsi de sa riche filmographie ses grands succès populaires (« Un taxi pour Tobrouk », « Du rififi à Paname », « Caroline Chérie » ou encore « Le tatoué » avec De Funès et Gabin).
« Je voudrais que tu réussisses mieux que moi. La vie c’est comme un voyage et je voudrais que tu le fasses en première »
Mais bien avant ces succès populaires, le cinéaste a su développer dans sa première partie de carrière des films plus personnels, centrés sur la question de la filiation (« Les grandes familles »), de la transmission (« Les aristocrates ») et de l’héritage (« Le salaire du pêché »). Adapté d’un roman de René Lefèvre, « Rue des prairies » vient clôturer ce cycle en interrogeant cette fois la force des liens du sang. Chronique d’une famille du Paris populaire des années 50, le film s’intéresse aux rapports qu’entretiennent un père veuf et ses trois enfants, dont le dernier est le fruit d’une infidélité de sa défunte femme morte en couche. Mais comme souvent chez Denys de La Patellière, les relations familiales sont plus complexes qu’elles ne le paraissent et après moult tribulations et autres accrochages entre le héros et ses deux ainés, il s’avèrera finalement que c’est de son fils illégitime qu’il sera le plus proche. Un moyen de nous rappeler que l’amour filial n’est pas une question de sang et que la raison du cœur l’emporte toujours. En dépit de la relative gravité de son sujet, le cinéaste signe là un film plutôt léger et très attachant, porté par une brochette d’acteurs formidables (Jean Gabin, Claude Brasseur, Roger Dumas, Marie-Josée Nat…), qui dessine en creux le portrait d’une France populaire à l’aube de sa modernisation.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée en 4K à partir du négatif original par TF1 Studio avec la participation du CNC et de Coin de Mire Cinéma, en version originale française (2.0).
Côté bonus, la collection « La séance » propose un formidable concept : celui de reproduire chez soi les véritables conditions d’une séance d’époque. En mode « séance complète », le film sera ainsi précédé des authentiques actualités de la semaine de sortie de film ainsi que de publicités et de bandes-annonces d’époque, le tout en HD. En mode « film seul », « Rue des prairies » se lancera directement.
Edité par Coin de Mire, « Rue des prairies » est disponible en depuis le 22 mai 2019 dans une très belle édition Digibook, limitée à 3000 exemplaires numérotés, comprenant le blu-ray + le DVD du film ainsi qu’un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages), 10 reproductions de photos d’exploitation du film (15,5 x 11,5 cm) et la reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm).Un très bel objet qui ravira tous les cinéphiles.
Le site Internet de Coin de Mire est ici.
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