La horse
Un grand merci à Coin de Mire pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « La horse » de Pierre Granier-Deferre.
« Personne ne te tueras. Tu es chez moi »
Auguste Maroilleur, propriétaire terrien en Normandie, règne en véritable patriarche sur sa ferme. Il y vit avec ses deux filles, ses deux gendres, et leurs enfants. Il découvre un jour que son petit-fils Henri se sert d'une des cabanes du domaine pour y cacher la drogue de son trafic. Auguste décide alors de détruire la "horse". Les représailles des truands avec lesquels traitaient Henri vont être terribles.
« Si tu ne veux pas que ton petit-fils aille en prison, il n’y a qu’une solution. La mienne. »
Diplômé de l’IDHEC et ancien assistant de Marcel Carné, Jean-Paul Le Chanois et surtout de Denys de La Patellière (sur « Les grandes familles » et « Rue des prairies » notamment), Pierre Granier-Deferre entame sa carrière de réalisateur au début des années 60 en revendiquant résolument son appartenance à un certain cinéma populaire traditionnel, par opposition à la Nouvelle-Vague naissante qui s’apprête à bousculer profondément le Cinéma français. Et ce même si certains de ses premiers films, notamment « Paris au mois d’août » (1965), de par leur liberté et leur insouciance, pourraient aisément se rattacher à la Nouvelle-Vague. Mais la filmographie de Pierre Granier-Deferre sera surtout profondément marquée par la littérature contemporaine. Ainsi, si on le verra adapter à l’écran des auteurs comme Pierre Drieu la Rochelle (« Une femme à sa fenêtre ») ou Félicien Marceau (« La race des seigneurs »), son œuvre sera surtout marquée par son amour des romans de Georges Simenon dont il adaptera les écrits à quatre reprises (« Le chat », « La veuve Couderc », « Le train », « L’étoile du nord »). Sans compter les adaptations de Maigret qu’il fera ultérieurement pour la télévision.
« D’une manière générale, c’est moi qui répond pour tout le monde ici »
Ainsi, en 1970, il réalise « La horse », d’après le roman éponyme de Michel Lambesc paru deux ans plus tôt. « La horse » : petit nom argot pour désigner l’héroïne. Car c’est bien de drogue dont il sera ici question. Ou plutôt d’un pain d’héroïne que le jeune Henri a accepté de cacher dans la ferme normande de son grand-père et qu’un gang va très vite chercher à récupérer. Thriller nerveux, « La horse » oppose ainsi deux mondes : celui des gangsters de la ville – élégants, modernes et sûrs de leur supériorité (en armes et en intelligence) – et celui de la campagne profonde et de ses paysans, plus rustres, et dont on aurait tort de sous-estimer le bon sens et la détermination. Leur confrontation donne ainsi lieu à partie de poker-menteur meurtrière et éprouvante particulièrement jouissive dans laquelle les dégâts collatéraux seront nombreux. Jean Gabin est tout bonnement parfait dans son rôle de patriarche taiseux, autoritaire et manipulateur, qu’il retrouvera avec succès trois ans plus tard dans « L’affaire Dominici » (1973, Claude-Bernard Aubert). Un must absolu du genre.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée en Haute-Définition à partir du négatif original par SNC - Groupe M6 avec la participation du CNC, en version originale française (2.0). Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles.
Côté bonus, la collection « La séance » propose un formidable concept : celui de reproduire les conditions d’une véritable séance d’époque. En mode « séance complète », le film sera précédé des authentiques actualités Pathé de la semaine de sortie du film ainsi que de publicités et de bandes-annonces d’époque, le tout en HD. En mode « film seul », « La horse » se lancera directement.
Edité par Coin de Mire, « La horse » est disponible depuis le 14 octobre 2019 dans une très belle édition Digibook, limitée à 3000 exemplaires numérotés, comprenant le blu-ray + le DVD du film ainsi qu’un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages), 10 reproductions de photos d’exploitation (15,5 x 11,5 cm) et la reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm). Un très bel objet qui ravira tous les cinéphiles.
Le site Internet de Coin de Mire est ici.
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