Un homme nommé Cheval
Un grand merci à Carlotta Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Un homme nommé Cheval » de Elliot Silverstein.
« J’en ai assez. Je suis un homme. Pas un cheval ! »
Parti chasser dans le Nord-Ouest des États-Unis, John Morgan, un lord anglais, se fait capturer par des Indiens sioux. Il ne doit son salut qu’au chef de la tribu, Yellow Hand, qui décide de l’offrir comme esclave à sa mère. Lassé d’être considéré comme un vulgaire cheval, John tente de s’évader, en vain. Il fait ensuite la connaissance de Batise, un captif métis, qui lui apprend le mode de vie des Sioux et tombe peu à peu sous le charme de Running Dear, la sœur de Yellow Hand…
« Sans souffrance, rien de bon ne peut être. Toi devoir faire preuve de ton courage ! »
Genre phare du cinéma américain durant près de trois décennies, le western amorce au cours des années 60 une crise de valeurs annonciatrice de son long et inéluctable déclin. Il faut dire que la période est charnière : une partie de ses idoles ont disparu (Gary Cooper, Tyrone Power, Audie Murphy ou encore John Ford décèdent tandis que d’autres prennent leur retraite comme Randolph Scott) tandis que le pays connait de nombreux bouleversements politiques et sociologiques (assassinats politiques, crise de Cuba, embourbement au Vietnam, libération des mœurs…). Au cinéma, et plus spécifiquement dans le genre du western, cela se traduit par une évolution des consciences et un changement de paradigme : l’heure est alors à la réhabilitation des amérindiens et à la reconnaissance des souffrances et des massacres perpétrés par les blancs. En cela, l’année 1970 est cinématographiquement une année importante en ce qu’elle constitue l’acmé de ce processus avec les sorties successives de trois grands films pro-indiens que sont « Little big man » (Penn), « Soldat bleu » (Nelson) et « Un homme nommé Cheval ».
« Cinq ans que tu es là et tu n’as toujours rien compris de ce peuple... »
Avec seulement six films au compteur en plus de trente années de carrière, Elliot Silverstein (qui travailla surtout pour la télévision) fut un cinéaste rare, mais dont les films marquèrent leur époque. A l’image du thriller horrifique culte « Enfer mécanique » ou du western « Cat Ballou » (1965, Oscar du meilleur acteur pour Lee Marvin). Mais c’est sans aucun doute « Un homme nommé Cheval » (1970) qui demeurera son film le plus emblématique. Adaptation d’un roman de Dorothy M. Johnson (dont les écrits inspireront « L’homme qui tua Liberty Valance » de John Ford), le film nous conte l’histoire d’un lord anglais parti chasser dans les forêts canadiennes qui se retrouve prisonnier d’une tribu sioux. Au-delà même du choc des cultures, « Un homme nommé Cheval » demeure surtout le récit d’une aventure humaine assez spectaculaire, où à force de résilience et de courage, le prisonnier montrera sa valeur jusqu’à être intégré à la communauté et à en devenir le chef. A cette occasion, le cinéaste propose une approche naturaliste de cette communauté indienne, poussée jusque dans les dialogue en langue Sioux pour un réalisme immersif maximal,démarche jusqu’alors inédite dans l’histoire du cinéma. Et même si leurs mœurs peuvent paraitre cruels (la vieille veuve qu’on laisse mourir de froid ou cette terrible épreuve de la suspension avec deux crochets), le film s’efforce de ne jamais présenter les indiens comme des sauvages assoiffés de sang mais, au contraire, comme une société civilisée avec ses propres codes de valeur. Une société finalement si honorable que même un blanc peut vouloir l’intégrer. Tout juste regrettera-t-on le manque de rythme de ce film, qui a parfois trop tendance à s’étirer en longueur, et le charisme peut-être un peu trop relatif de l’irlandais Richard Harris, icône tardive et un peu falote du western (« Le convoi sauvage », « The deadly trackers », « Impitoyable »). A noter que le film connaitra deux suites, décevantes, « La revanche d’un homme nommé Cheval » (Kerschner, 1976) et « Le triomphe d’un homme nommé Cheval » (Hough, 1982).
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Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master restauré, en version originale anglaise (5.1 et 2.0) ainsi qu’en version française (1.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de « L’Ouest, le vrai » : entretien avec Elliot Silverstein qui raconte sa découverte de la culture indienne grâce au tournage du film (HD, 25’).
Edité par Carlotta Films, « Un homme nommé Cheval » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 4 décembre 2019.
Le site Internet de Carlotta Films est ici. Sa page Facebook est ici.
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