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16 Feb

Les carrefours de la ville

Publié par Platinoch  - Catégories :  #Films noirs-Policiers-Thrillers

Un grand merci à Rimini Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Les carrefours de la ville » de Rouben Mamoulian.

 

Les_carrefours_de_la_ville

« Vous savez ce que vous visez mais pas ce que vous allez toucher »

 

Les Etats-Unis, durant la Prohibition. Afin de développer son trafic d’alcool, le gangster Maskal n’hésite pas à tuer pour s’approprier de nouvelles brasseries. Il est épaulé par Pop Cooley, son fidèle et redoutable homme de main. Nan, la fille de Cooley, est amoureuse du Kid, qui travaille dans un stand de tir forain. Elle aimerait qu’il rejoigne le gang, mais il s’y refuse. Jusqu’au jour où Nan est emprisonnée…

 

« Je serai là quand ils te libèreront »

 

Les_carrefours_de_la_ville_Rouben_Mamoulian

Fils d’un banquier arménien et d’une mère directrice de théâtre, Rouben Mamoulian quitte le Caucase sous domination russe au cours des années 10. Il suivra ainsi ses études secondaires à Paris, avant de partir faire du théâtre à Londres puis à New York. En Amérique, il se fera rapidement un nom dans le petit microcosme de Broadway. De quoi attirer l’attention de Hollywood, qui cherche de nouveaux talents à l’heure de passage au cinéma parlant. Il y mènera une honnête carrière de cinéaste jusqu’au début de la Seconde guerre mondiale, ponctuée de quelques gros succès : « Dr Jekyll et Mister Hyde » (1931, avec Fredric March), « Le cantique des cantiques » (1933, avec Marlene Dietrich), « La Reine Christine » (1933, avec Greta Garbo), « L’esclave aux mains d’or » (1939, avec Barbara Stanwyck » ou encore « Le signe de Zorro » (1940, avec Tyrone Power). Par la suite, il se fera beaucoup plus rare au cinéma (seulement deux films entre 1943 et 1957, dont « La belle de Moscou » avec Fred Astaire), sa carrière étant lourdement plombée par ses deux évictions en cours de tournage de « Laura » (1944, repris par Otto Preminger) et « Cléopâtre » (1963, repris par Joseph Mankiewicz).

 

« Quitte le gang avant qu’il ne soit trop tard »

 

Les_carrefours_de_la_ville_Gary_Cooper

En ce début des années 30, la mode cinématographique va au film de gangsters (« Le petit César », « Scarface », « L’ennemi public »…). Un genre influencé par la prohibition qui a fait prospéré gangsters et mafia, mais aussi par l’émergence de la littérature « pulp » et notamment des polars de Raymond Chandler ou Dashiell Hammett. Deux ans après son premier film, « Applause » (1929), Rouben Mamoulian se lance pour son deuxième film dans une adaptation d’un roman de Dashiell Hammett, « Les carrefours de la ville ». On y suit les destins croisés d’un jeune couple sur fond de Prohibition :  la naïve Nan ne voit pas de mal à travailler pour le gang de son père jusqu’à ce qu’elle soit lâchée par celui-ci et envoyée en prison, tandis que son amoureux, Kid, moralement réticent à l’idée de mettre ses talents de tireur au service de la mafia, se laissera convaincre pour sauver Nan. Ce qui est ici marquant, c’est surtout la façon dont Hammett et Mamoulian semblent esquisser les codes de ce qui deviendra la décennie suivante le « film noir », à savoir une certaine forme de fatalisme. Comme si le destin ne tenait qu’à un fil ténu et qu’un simple choix suffisait à faire basculer l’existence du bon ou du mauvais côté. Comme si, surtout, le basculement du mauvais côté de la loi était une sorte d’engrenage diabolique dont il serait impossible de se sortir. La mise en scène, flirtant par moment par l’expressionnisme, usant des décors pour renforcer la sensation d’écrasement (les scènes de prison notamment). En creux, Mamoulian filme aussi un milieu sans foi ni loi (et surtout sans aucune loyauté entre ses membres), peuplé de personnages patibulaires (le chef du gang terriblement libidineux) et où tous les coups sont permis. A ce jeu-là, le flegmatique Gary Cooper, en jeune premier bondissant, nous offre les meilleures scènes du film. Neuf décennies après sa sortie, force est de constater que « Les carrefours de la ville » tient encore très bien la route.

 

Les_carrefours_de_la_ville_Sylvia_Sidney

 

***

 

Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un nouveau Master Haute-Définition, en version originale américaine (1.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

 

Côté bonus, le film est accompagné d’une Interview de l’écrivain Alexandre Clément, spécialiste du film noir (16 min.).

 

Edité par Rimini Editions, « Les carrefours de la ville » est disponible en édition collector digipack blu-ray + DVD depuis le 10 décembre 2019.

 

La page Facebook de Rimini Editions est ici.

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