Farinelli
Un grand merci à BQHL Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Farinelli : il castrato » de Gérard Corbiau.
« Avec votre frère vous ne resterez toujours qu’un phénomène de foire. Pourquoi donc gaspiller votre talent à chanter des idioties ? Sans musique, vous n’existez pas ! »
Naples, début du XVIIIe siècle. Pour que son jeune frère Carlo conserve sa voix cristalline au-delà de l’enfance, Riccardo Broschi parvient, sous prétexte d’un accident, à le priver de sa virilité. Désormais castrat, Carlo Broschi devient Farinelli, un chanteur lyrique dont la célébrité s’étend jusqu’en Angleterre. Si, en donnant de la voix dans un petit théâtre, il le sauve de la faillite, il s’attire aussi la convoitise du grand compositeur Haendel qui, en lui révélant la vérité sur la nature de son don, l’éloigne de son frère…
« Avez-vous conscience du trouble que vous provoquez ? »
Documentariste de formation, le belge Gérard Corbiau mène durant près d’une vingtaine d’années une première carrière au sein de la télévision nationale belge, la RTBF, où il se spécialise sur les sujets ayant trait à la musique classique. Une thématique pointue, pour laquelle il réalise plusieurs sujets et qui finit par lui ouvrir les portes du cinéma à la fin des années 80, à la faveur d’un éphémère engouement pour le sujet (« Amadeus » de Forman, « Tous les matins du monde » de Corneau, « Ludwig Van B. » de Rose). Il construira ainsi, en une quinzaine d’années, un petit corpus de cinq longs-métrages de fiction. Des films majoritairement historiques en costumes et principalement dédiés à la grande musique, dont les plus connus sont « Le roi danse » (2000) et surtout « Farinelli : il castrato » (1994) qui remportera le Golden Globe du Meilleur film étranger et sera nommé à l’Oscar dans cette même catégorie.
« Je crois que vous êtes responsable de mon premier orgasme musical ! »
Mus par une recherche de perfection absolue, les musiciens de l’ère classique eurent recours, entre le 16ème et le 19ème siècle, à des castrats. Comprendre par là à des chanteurs castrés avant leur puberté afin de maintenir la pureté de leur voix enfantine à l’âge adulte. Le plus célèbre d’entre tous fut sans aucun doute l’italien Farinelli (1705-1782) qui eut une renommée européenne et dont Gérard Corbiau propose ici une libre évocation. Un personnage - en apparence du moins - lumineux, mais d’une belle complexité car rongé intérieurement par de profondes contradictions irréconciliables (la brutalité de sa mutilation et la douceur de sa voix d’ange, le vol de sa virilité et le don d’un talent). Une dualité renforcée par la relation ambigüe qu’il entretient avec son frère, sorte de double maléfique, responsable de sa mutilation et qui se sert de son talent pour faire valoir ses médiocres compositions. En creux, il esquisse également un portrait intéressant de la société du 18ème siècle, entre libertinage, jeux de cour et concurrence accrue entre musiciens. Avec en point d’orgue, des scènes musicales magnifiques et fastueuses. Tout juste regrettera-t-on que le film manque par moment un peu de puissance, en raison d'un scénario parfois un peu maladroit et artificiel. Ce « Farinelli » reste néanmoins une belle réussite formelle.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version originale française (5.1). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné du Documentaire « Nostalgie d’une voix perdue » (50 min.) et d’un entretien de l’équipe du film (20 min.).
Edité par BQHL Editions, « Farinelli : il castrato » est disponible en blu-ray depuis le 5 mars 2020.
La page Facebook de BQHL Editions est ici.
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