Les pionniers de la Western Union
Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Les pionniers de la Western Union » de Fritz Lang.
« Le meilleur moyen d’être seul parfois, c’est d’être dans la foule »
Dans les années 1860, la Western Union doit installer une ligne télégraphique à travers l’Ouest des Etats-Unis. Un des responsables de la compagnie, Creighton, est secouru dans le désert par Vance Shaw, recherché pour un vol de banque. Reconnaissant, Creighton embauche Vance comme éclaireur pour la Western Union. Mais l’installation de la ligne est rapidement perturbée par des attaques indiennes et des vols de chevaux, et le passé trouble de Vance refait bientôt surface…
« Je suis heureux comme l’homme qui voit son rêve se matérialiser »
Figure de proue du cinéma allemand des années 20, le réalisateur Fritz Lang reste associé aux grandes heures de l'expressionnisme (« Metropolis ») et à de grands chefs d'œuvres ayant pour sujet des personnages déviants et mus par un instinct violent de mort (« M le maudit », « Le testament du Dr Mabuse »). Tant et si bien qu'il devient un objet de convoitise pour les dirigeants nazis qui souhaitent mettre son talent à leur service et profiter de son aura pour rayonner sur la scène artistique internationale. Mais après moult tergiversations, Lang préfèrera l'exil et partira à Hollywood rejoindre la longue cohorte de cinéastes allemands ayant déjà fuit le nouveau régime en place à Berlin. Toutefois, en dépit de sa réputation et de sa stature internationale, il aura du mal à se faire au fonctionnement des studios hollywoodiens qui ne lui laissent pas autant de libertés artistiques que celles qu'il avait connu en Europe. Sa filmographie américaine fonctionne alors par cycles, débutant par une trilogie de drames sociaux (« Furie », « J’ai le droit de vivre », « Casier judiciaire ») à laquelle succédera une série de thrillers centrés sur la résistance face à la menace hitlérienne (« Chasse à l’homme », « Les bourreaux meurent aussi », « Espions sur la Tamise », « Cape et poignard »), prémices de son succès à venir dans le film noir.
« Il y a des erreurs qui ne se réparent pas »
Mais en creux, Lang affectionne tout particulièrement les westerns, genre américain par excellence, auquel il s’essayera à trois reprises (« Le retour de Frank James » en 1940, « Les pionniers de la Western Union » en 1941 et « L’ange des maudits » en 1951). Inspiré d’un roman du prolifique Zane Grey, auteur spécialisé dans la littérature westernienne, « Les pionniers de la Western Union » est une évocation très romancée de la construction de la ligne télégraphique à travers l’ouest sauvage, vue à travers les aventures d’une galerie de personnages hauts en couleurs (un ingénieur, un ancien gangster reconverti éclaireur, un médecin, un cuisinier de cantine ambulante...). Ces derniers seront ainsi confrontés à de multiples incidents malencontreux (attaques d’indiens, de pillards, oppositions locales au chantier, conditions climatiques et difficultés géographiques...) qui menaceront à plusieurs reprises de compromettre le chantier. Sur le fond, le cinéaste rend ici un vibrant hommage au courage et à l’esprit d’entreprise des américains qui, grâce à la démesure de certains projets, ont permis la conquête de l’ouest et devenir une riche et puissante nation. Une conquête d’autant plus difficile qu’elle s’est faite dans la violence et dans le sang, et dont il souligne la dangerosité et le coût humain très lourd. Reste qu’en dépit de ses intentions louables et de son point de vue intéressant (du fait qu’il ne soit pas américain de naissance), on attendait sans doute autre chose de la part de Fritz Lang que cette fresque sympathique mais étonnamment lisse et dont les enjeux personnels des protagonistes demeurent sommes toutes assez limités. Sans être déplaisant, et malgré l’enthousiasme de ses interprètes (Randolph Scott et Robert Young en tête), force est de constater que « Les pionniers de la Western Union » reste tout de même un Lang assez mineur.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un Master Haute-Définition et proposé en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation signée Patrick Brion.
Édité par Sidonis Calysta, « Les pionniers de la Western Union » est disponible dans la collection Silver, en combo blu-ray + DVD, depuis le 15 septembre 2020.
Le site Internet de Sidonis Calysta est ici. Sa page Facebook est ici.
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