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30 Jun

La femme et le pantin

Publié par Platinoch  - Catégories :  #comedies dramatiques

Un grand merci à Pathé pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « La femme et le pantin » de Jacques de Baroncelli.

 

La_femme_et_le_pantin_1929

« Je vous ai embrassé parce que je vous aime bien. Mais vous, vous ne m’embrasserez pas sans m’aimer »

 

Années 20. Alors que son train en route vers Séville est bloqué par la neige, Don Mateo Diaz, un riche séducteur, trompe son ennui en se promenant de wagon en wagon. Arrivé en troisième classe, il s'interpose dans une bagarre qui oppose deux femmes, dont la fougueuse Conchita Perez. Lorsqu'ils se retrouvent quelques mois plus tard, Conchita ne cesse de faire languir Don Mateo.

 

« Je faisais un beau rêve, je rêvais que vous m’aimiez ! »

 

La_femme_et_le_pantin_Raymond_Destac

Né au sein d’une famille d’aristocrates provençaux, Jacques de Baroncelli  découvre le cinéma avec émerveillement aux premières heures du siècle naissant. Une passion immédiate qui le conduira à devenir l’un des pionniers de la toute jeune industrie cinématographique à partir du milieu des années 10. Fin lettré, son œuvre sera ainsi marquée par ses nombreuses adaptations de grands classiques de la littérature française tels Honoré de Balzac (« Le père Goriot », « La duchesse de Langeais »), Emile Zola (« Le rêve »), Jules Verne (« Michel Strogoff »), Eugène Sue (« Les mystères de Paris »), Pierre Loti (« Pêcheurs d’Islande ») ou encore Pierre Alexis Ponson du Terrail (« Rocambole »). Il adapte également en 1929 le roman de Pierre Louÿs « La femme et le pantin », qui sera son dernier film muet.

 

« Quand je pense que ma vie a été brisée parce que je l’ai trouvée sur ma route »

 

La_femme_et_le_pantin_Conchita_Montenegro

Adapté une première fois près de dix ans plus tôt par l’américain Reginald Barker, « La femme et le pantin » n’aura alors de cesse d’inspirer les cinéastes, de Josef Von Sternberg (1935, avec Marlene Dietrich) à Julien Duvivier (1959, avec Brigitte Bardot) en passant par Luis Buñuel (1977, avec Carole Bouquet). Mais à l’évidence, la version de Jacques de Baroncelli demeure la plus fidèle au texte original et qui réussit véritablement à en restituer l’essence. A commencer par le caractère sulfureux de cette romance basée sur une inversion des rôles : en usant de ses charmes et de sa duplicité, une jeune et indomptable danseuse réussira à prendre l’ascendant sur son courtisan, un riche et puissant notable de Séville trop sûr de lui, jusqu’à en faire son pantin. Le film brille ainsi pour sa relative modernité, notamment par ce personnage de jeune femme résolument libre (dans tous les sens du terme) qui refuse de se laisser « acheter » par son prétendant et qui s’amuse à le torturer en se montrant ostensiblement avec d’autres hommes. En cela, force est de constater que le cinéma de cette époque aura rarement mis en avant un tel personnage de garce. Un personnage à qui la jeune Conchita Montenegro, danseuse de formation, apporte toute sa beauté piquante et sa sensualité, n’hésitant pas à dévêtir intégralement pour une séance de danse particulièrement troublante. Face à elle, Raymond Destac est formidable en séducteur pitoyable et impuissant devant les provocations (et les humiliations) répétées de sa belle. Porté la mise en scène très élégante (magnifiques décors) d’un cinéaste visiblement inspiré par son sujet (formidables scènes de danse notamment), « La femme et le pantin » surprend par son audace et sa grande modernité.

 

La_femme_et_le_pantin_Jacques_de_Baroncelli

 

***

Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée 4K 2020 à partir d’un négatif original nitrate, par L’Immagine Ritrovata sous la supervision de La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, avec un accompagnement musical de Günter A. Buchwald (5.1 et 2.0). Des sous-titres français et anglais sont également disponibles.

 

Côté bonus, le film est accompagné de  « Géométrie des corps » : entretiens avec Philippe Roger et Bernard Bastide (32 min.), « La musique de La Femme et le Pantin » : entretiens avec Jean-Louis Sajot, Günter Buchwald et Léon Rousseau (19 min.) et Actualité Pathé d’époque : La Semaine Sainte à Séville - 1924 (5 min.).

 

Édité par Pathé, « La femme et le pantin » est disponible en édition collector blu-ray + DVD depuis le 16 juin 2021.

 

Le site Internet de Pathé est ici. Sa page Facebook est ici.

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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!