Héros
Un grand merci à Éléphant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Héros » de Jeremy Kagan.
« Le gouvernement a dépensé une fortune pour t’apprendre à tirer. Alors profites-en et tires ! »
Jack, un vétéran du Vietnam, est toujours hanté par les souvenirs douloureux de la guerre et de ses horreurs. Séjournant en hôpital psychiatrique, il convainc les responsables de le laisser partir pour un voyage professionnel. Il veut retrouver les anciens membres de son unité pour les associer dans son projet. En partant pour ce périple, il rencontre Carol Bell, jolie femme aussi perdue que lui…
« J’étais allé à l’hôpital parce que j’avais perdu la tête. Mais ils ont fini par m’en remettre une autre ! »
Il n'y a pas de pires guerres que celles auxquelles on ne sait pas mettre fin. Compte tenu de sa longévité exceptionnelle, de son âpreté et surtout de ses motifs très discutables, la guerre du Vietnam restera un traumatisme durable pour tout une génération d'américains. Mais aussi un sujet brûlant, clivant, qui aura profondément divisé la société américaine. Ce qui explique, sans doute, qu'Hollywood n'ait pas osé aborder frontalement le sujet durant toute la durée du conflit, sauf en de rares exceptions, comme avec l'inénarrable « Les bérets verts » de John Wayne, unique film américain ouvertement pro-guerre. En fait, il faut attendre la deuxième moitié des années 70 et la défaite actée des États-Unis pour que les cinéastes puissent véritablement (et librement) s'emparer de ce sujet douloureux. Ainsi, quelques mois avant la sortie des monuments cinématographiques que seront « Voyage au bout de l’enfer » (Michael Cimino, 1978) et « Apocalypse now » (Coppola, 1979), deux films ouvrent le bal en précurseurs: « Le merdier » (Ted Post, 1978) et avant lui « Héros » (1977), signé Jeremy Kagan, un jeune réalisateur formé à la télévision fraîchement débarqué au cinéma. Avec un casting à forte consonance télévisuelle porté par le populaire Harry Winkler (alias Fonzy dans « Happy days ») et la jeune Sally Field.
« Personne n’est à vos trousses. Le seul qui vous recherche c’est vous... »
« Héros » nous conte ainsi le retour au pays de Jack, un jeune vétéran revenu traumatisé de la guerre. Mais ce retour se fera sans trompettes ni tambours, ni honneurs militaires. Car au fond, Jack est un paria. L'un de ces milliers d'anonymes qui portent un peu en eux le poids de la défaite. Une bête traquée par les forces de l'ordre aussi bien civiles que militaires pour ses actes de rébellion (notamment pour avoir semer la panique dans un bureau de recrutement de l’armée). Pour la première fois (ou presque, si on pense a des films traitant de précédents conflits comme « Le combat du Capitaine Newman » ou « Johnny s'en va en guerre »), la guerre n'est pas présentée ici sous l'angle de l'héroïsme des soldats ou de leurs faits de gloire mais sous le prisme du traumatisme enduré. Un traumatisme que l’État cherche d'ailleurs honteusement à cacher dans des hospices et autres hôpitaux militaires, sortes de prisons qui ne disent pas leur nom et dans lesquelles les autorités laissent croupir les anciens soldats sans leur proposer de perspectives d'avenir. C'est donc a une fuite en avant que se livre notre antihéros, pour tenter de retrouver ses anciens compagnons d'armes et essayer de faire la paix avec lui-même en faisant le deuil de ce qu'il a vécu là-bas. Parfois maladroit par ses excès de candeur mais souvent touchant, articulé autour de quelques bonnes idées de mise en scène (la bataille finale qui se rejoue encore et encore dans la rue paisible d'une ville californienne), « Héros » pose un regard sans fard et plein d'humanité sur cette jeunesse sacrifiée et sur le peu d'égard que leur portera la nation (pour ne pas dire même l'hostilité qui animera certains de leurs compatriotes). Seul bémol, le souriant Harry Winkler paraît bien trop tendre pour le rôle et se fait littéralement voler la vedette par le jeu plus punchy de Sally Field et par le charisme de Harrison Ford, tout juste sorti du premier « Star Wars » et qui s’apprêtait alors à devenir une véritable star.
***
Le blu-ray : Édité par Éléphant Films, le film est présenté dans un nouveau Master restauré en Haute-Définition et proposé en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation signée Laurent Aknin.
Édité par Éléphant Films, « Héros » est disponible en combo blu-ray + DVD depuis le 30 mars 2021 ainsi qu’en éditions DVD et blu-ray seuls depuis le 25 mai 2021.
Le site Internet d’Elephant Films est ici. Sa page Facebook est ici.
Commenter cet article