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12 Sep

L'héritière

Publié par Platinoch  - Catégories :  #Drames, #melodrames

Un grand merci à Eléphant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « L’héritière » de William Wyler.

 

L_héritière

« Comment peut-on protéger une victime si consentante ? »

 

À la fin du 19ème siècle, Catherine Sloper vit dans une riche demeure de Washington Square, le « beau quartier » de New York, en compagnie de son père, Austin Sloper, veuf, richissime et tyrannique. La jeune fille, timide et sans grands attraits, fait la rencontre du séduisant Morris Townsend au cours d’un bal. Le jeune homme lui fait aussitôt une cour empressée…

 

« Il y a des centaines de filles en ville plus jolies ou plus malignes. Mais il t’aime pour une qualité que les autres n’ont pas : ton argent »

 

L_héritière_Olivia_De_Haviland

Révélée dès le milieu des années 30, la jeune Olivia De Haviland enchaine les rôles dans des productions de premier plan. Outre son célèbre rôle de Mélanie Hamilton dans « Autant en emporte le vent » (Fleming, 1939), elle devient rapidement la partenaire privilégiée de la superstar Errol Flynn avec qui elle partage l’affiche à huit reprises (notamment sur « Capitaine Blood », « La charge fantastique » et « Les aventures de Robin des Bois »). Mais las d’enchainer les rôles de jeune première un peu terne ou de faire-valoir, elle intente (et gagne !) un procès à la Warner, son employeur, qu’elle accuse de ne pas lui proposer de rôle à la mesure de ses ambitions. Une première qui fera date et qui lui donnera une plus grande liberté dans le choix de ses projets. Le mitan des années 40 marque pour l’actrice le début d’une période artistiquement faste, au cours de laquelle elle enchaine les performances difficiles et marquantes : « A chacun son destin » (Leisen, 1946) pour lequel elle remporte l’Oscar de la meilleure actrice, « La double énigme » (Siodmark, 1946) ou encore « La fausse aux serpents » (Litvark, 1948). Forte de son succès, elle initie la mise en chantier du film « L’héritière » (1949), adaptation de la pièce de théâtre « Washington Square » (1880) d’Henry James qu’elle découvre en 1947 à Broadway et dont la réalisation est confiée à William Wyler, réalisateur alors au sommet de son art qui vient alors d’enchainer deux énormes succès avec « Mrs Miniver » (1942, sept Oscars) et le magnifique « Les plus belles années de notre vie » (1946, huit Oscars dont meilleur réalisateur).

 

« Morris doit me reprendre pour contredire tout ceux qui ne m’ont pas aimé »

 

L_héritière_Ralph_Richardson

Pur produit de l’aristocratie new-yorkaise, la jeune Catherine Sloper est ce que l’on pourrait appeler un « bon parti » : fille d’un célèbre médecin, son avenir est assuré par une confortable rente. Mais dotée d’une beauté un peu fade et d’un caractère effacé, les prétendants se font rares. Voire même inexistants. Jusqu’à l’irruption du beau Morris Townsend, prétendant aussi ruiné que pressant, rejeté catégoriquement par le père de l’héroïne qui ne voit en lui qu’un vulgaire intrigant. Drame éminemment bovaryste, « L’héritière » met en scène trois personnages prisonniers de leur condition et des conventions sociales de leur époque, qui privilégient alors l’apparence et l’argent plutôt que le bonheur des individus. Tout l’intérêt de l’intrigue reposant sur le doute quant aux intentions réelles du beau Morris – est-il réellement épris de Catherine ou n’est-il qu’un médiocre et cupide manipulateur ? – que le scénario prendra bien soin de ne jamais éclaircir, laissant une place au doute et au spectateur le soin de se faire sa propre opinion. Il en ressort un drame intimiste d’une profonde férocité, peuplé de personnages particulièrement cruels. A l’image de ce père autoritaire et mal aimant ou de cette tante au comportement pleinement hypocrite. Outre sa jeunesse et ses illusions, la douce et innocente Catherine y perdra la possibilité d’un bonheur, même illusoire. Dirigé de main de maitre et avec beaucoup d’élégance (formidable mise en scène avec ce jeu de portes coulissantes qui s’ouvrent et se referment pour segmenter l’espace comme au théâtre), le film doit beaucoup au jeu subtil de ses acteurs, Olivia De Haviland et Montgomery Clift en tête.

 

L_héritière_Montgomery_Clift

 

****

Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master restauré en Haute-Définition et proposé en version originale américaine (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

 

Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation signée Frédéric Mercier (29 min.) ainsi que d’une Bande-annonce d’époque.

 

Édité par Éléphant Films, « L’héritière » est disponible en combo blu-ray + DVD ainsi qu’en édition DVD depuis le 18 mai 2021. Le film est également disponible en édition blu-ray depuis le 24 août 2021.

 

Le site Internet d’Eléphant Films est ici. Sa page Facebook est ici.

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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!