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16 Nov

Nazarin

Publié par Platinoch  - Catégories :  #Drames

Un grand merci à Éléphant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Nazarin » de Luis Bunuel.

 

Nazarin

« L’aumône ne salit pas celui qui la reçoit »

 

Parce que sa générosité et sa charité n'ont pas de limites, le père Nazarin vit dans une misère profonde. Désavoué par l'Église pour avoir protégé une prostituée soupçonnée de meurtre, Nazarin doit fuir, condamné à une longue errance. Andara, la prostituée, et Beatriz, jeune femme délaissée par son amant, se joignent par une pitié hystérique au sort du prêtre persécuté. Nazarin poursuit son chemin de croix, mais toutes ses tentatives pour prêcher l'amour divin se retournent contre lui.

 

« Comment peux-tu parler de dignité après avoir commis un crime ? »

 

Nazarin_Luis_Bunuel

Compagnon de routes des Dadaïstes puis des surréalistes, Luis Buñuel commence sa carrière de cinéaste aux côtés de son compatriote Salvador Dali. De leur esprit provocateur naitra d’abord un premier court-métrage, « Un chien andalou » (1928), qui sera salué par la critique et deviendra plus tard un film culte. Il s’en suivra un premier long-métrage, « L’âge d’or » (1930), qui suscitera pour sa part de telles réactions de rejet qu’il sera rapidement censuré puis interdit de diffusion jusqu’en 1980. Ce qui conduire Buñuel à prendre le chemin de l’exil, poursuivant son travail de cinéaste aux États-Unis puis au Mexique, pays où il finit par s’établir durablement et où il retrouve une certaine aura en réalisant une série de drames, tour à tour sociaux (« Los olvidados » en 1951, primé au Festival de Cannes) ou littéraires. Une période qui prend quasiment fin avec « Nazarin », tourné en 1958 et présenté au Festival de Cannes en 1959, qui lui permet de renouer ensuite progressivement avec le cinéma européen et notamment français (« La fièvre monte à El Pao », « Journal d’une femme de chambre », « Belle de jour », « Le charme discret de la bourgeoisie »).

 

« Mon tribunal est celui de Dieu et j’accepte sa sentence »

 

Nazarin_film

Si les voies du Seigneur sont impénétrables, les routes qui mènent à la Foi sont le plus souvent sinueuses et accidentées. Installé dans un village pauvre de la campagne mexicaine, le brave Nazarin a décidé de consacrer sa vie à dieu et à la prière tout en œuvrant pour le Bien de la communauté. Un véritable sacerdoce tant la pauvreté a poussé ses concitoyens sur le chemin de l'immoralité. Son odyssée sur les routes mexicaines sera ainsi peuplée de rencontres et d'embuches qui viendront ébranler ses convictions les plus intimes et les plus profondes. En adaptant le roman éponyme de son compatriote Benito Perez Galdos (qu’il adaptera encore par deux fois avec « Virdiana » en 1961 et « Tristana » en 1970), Luis Buñuel pose ici sans ambages, au travers du cheminement intérieur de son personnage principal, la question de la religion et de ses fondements. Car en dépit de sa volonté de suivre les préceptes de la Bible et faire le Bien, les actions de Nazarin, pauvre parmi les pauvres, ne seront pas toujours comprises de ses congénères. : qu’il s’agisse des ouvriers qui le molestent quand il propose ses services en échange seulement d’un peu de nourriture, ou de villageois désespérés par une épidémie de peste qui rejettent ses prières. Les actions qu’ils croient bonnes ou justes ne le sont ainsi pas toujours, selon de quel côté on se place. « Nazarin » sert aussi au cinéaste - profondément anticlérical - à pointer un certain nombre de paradoxes : le dénuement extrême du prêtre s’oppose ainsi au fastueux train de vie de l’évêché, le secret de la confession en fait le complice malgré lui d’un crime, tandis que le miracle qu’on lui attribue n’est ni plus ni moins que du charlatanisme. Mais dans tous les cas, si la charge philosophique contre l’Église est omniprésente, Buñuel s’emploie à ne jamais attaquer son héros, dont la sincérité lui confère une forme de pureté. Un film fort, donc, mais aussi assez éprouvant, à l’image du chemin de croix de son héros.

 

Nazarin_Francisco_Rabal

 

**

Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master restauré en Haute-Définition et proposé en version originale espagnole (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

 

Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation signée Charles Tesson (27 min.’), de « À la poursuite de Nazarin - L’Écho d’un pays dans l’autre » : documentaire (75 min.) ainsi que de Bandes-annonces.

 

Édité par Elephant Films, « Nazarin » est disponible en combo blu-ray + DVD ainsi qu’en édition DVD simple depuis le 18 mai 2021. Il est également disponible en édition blu-ray simple depuis le 28 août 2021.

 

Le site Internet d’Elephant Films est ici. Sa page Facebook est ici.

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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!