Train d'enfer
Un grand merci à Coin de Mire Cinéma pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Train d’enfer » de Gilles Grangier.
« Vous êtes solide comme du béton. Et même du béton armé ! »
Des conjurés fomentent un attentat contre l’Émir Ali Salim, qui doit prochainement arriver en France sur la côte d’Azur. Antoine, athlétique agent des Services de Renseignement Français, réussit, en se faisant passer pour un agent double, à entrer dans le complot pour tenter de le faire échouer…
« Je ne fais jamais confiance à personne. Mais je laisse toujours aux hommes une chance de sauver leur peau »
Au début des années 60, les premiers épisodes cinématographiques de la saga James Bond marquent l’avènement d’un nouveau style de héros – à la fois viril, distingué, séducteur et bagarreur – autant qu’un nouveau style de divertissement mêlant vaguement intrigue d’espionnage, action, glamour et gadgets de toutes sortes. Dès lors, toutes les productions occidentales se mettront à la page, histoire de surfer sur ce succès commercial en proposant à leur public respectif des déclinaisons locales plus ou moins réussies et, surtout, plus ou moins sérieuses. Les États-Unis opteront pour le pastiche (« Notre homme Flint », « Matt Helm agent très spécial »). Le cinéma bis italien se met à l’eurospy, très influencé par l’univers de la bande-dessinée (saga des James Tont ou de l’agent 077). La France n’est en reste : André Hunnebelle adapte les aventures de « OSS 117 » le temps de quatre films, tandis que Bernard Borderie adapte lui « Lemmy Caution » à trois reprises. Mais en la matière, c’est encore le bondissant Jean Marais qui incarne mieux le genre en France. Délaissant les films de cape et d’épée qui furent sa spécialité au cours des années 50, il enchaine alors au cours des années 60 les comédies d’espionnage telles que « L’honorable Stanislas, agent secret » (Dudrumet, 1963), « Le gentleman de Cocody » (Christian-Jaque, 1965), « Le Saint prend l’affût » (Christian-Jaque, 1966) ou encore la saga « Fantômas ». C’est ainsi qu’il tourne en 1965 « Train d’enfer » sous la direction de Gilles Grangier, l’un des grands noms du cinéma populaire français de l’après-guerre qui signe là l’un de ses derniers films pour le grand écran.
« Moi, quand je fais la guerre, je la fais sérieusement ! »
Quarante ans avant que Michel Hazanavicius ne ressuscite - en se le réappropriant - le genre, Gilles Grangier donnait déjà dans le pastiche et la comédie d’espionnage déjantée avec « Train d’enfer ». Un film construit sur la base d’un canevas très simple, intégrant un mélange d’action, de suspense, de glamour, et de jolies filles. Et une bonne dose de second degré. Et de fait, il y a un peu de tout cela dans « Train d’enfer ». Ambiance sixties oblige, Grangier y ajoute une coloration « bande-dessinée » très dans l’air du temps, avec son savant fou et son complot atomique. Le tout dans les décors idylliques de la French Riviera. Avec sa carrure athlétique, Jean Marais joue les gentlemen tantôt bagarreur (il déglingue une cuisine à grands coups de manchettes entre deux cascades), tantôt séducteur. Mais toujours avec une forme d’autodérision, comme lorsqu’il prend pour couverture l’identité d’un inspecteur de la sécurité sociale alors qu’il roule dans une grosse voiture américaine. Face à lui, Howard Vernon campe un méchant de cinéma machiavélique et haut-en-couleurs. A l’évidence, la grande qualité du film est de ne jamais se prendre ni trop au sérieux, ni pour ce qu’il n’est pas. Et force est de constater qu’en dépit de sa dimension un peu désuète, ce « Train d’enfer » fonctionne encore très bien, tant par son humour que par son rythme qui ne souffre d’aucun temps mort. Un film au charme suranné et pour le coup assez plaisant à regarder.
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Le blu-ray : Le film est présenté dans une Nouvelle restauration 4K à partir du négatif original par TF1 Studio avec la participation du CNC et de Coin de Mire Cinéma. Il est proposé en version originale française (2.0). Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles.
Côté bonus, la collection « La séance » propose un formidable concept : celui de reproduire les conditions d’une véritable séance d’époque. En mode « Séance complète », le film sera ainsi précédé des authentiques actualités Pathé de la semaine de sortie du film ainsi que de publicités et bandes-annonces d’époque, le tout en HD. En mode film seul, « Train d’enfer » se lancera directement.
Édité par Coin de Mire Cinéma, « Train d’enfer » est disponible depuis le 10 septembre 2021 dans une très belle édition Digibook, limité à 3000 exemplaires numérotés, comprenant le blu-ray + le DVD du film ainsi qu’un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages), 10 reproductions de photos d’exploitation (15,5 x 11,5 cm) et la reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm). Un très bel objet qui ravira tous les cinéphiles.
Le site Internet de Coin de Mire Cinéma est ici. Sa page Facebook est ici.
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