Décision à Sundown
Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Décision à Sundown » de Budd Boetticher.
« Madame, si vous épousez cet homme, vous serez veuve avant ce soir »
Après une quête de trois ans, Bart Allison arrive à Sundown avec la ferme intention d’abattre Tate Kimbrough qu’il rend responsable de la mort de sa femme. Des affrontements ont lieu qui obligent Kimbrough à retarder son mariage mais causent la mort du compagnon d’Allison par le shérif et ses hommes. Blessé et ne pouvant plus se servir que de sa main gauche, Allison va finalement pouvoir affronter Kimbrough alors que les motifs qui alimentaient la vengeance d’Allison commencent à laisser place au doute.
« A présent, ce n’est plus toi qui le cherche mais lui qui te traque »
Après une jeunesse turbulente faite d’aventures diverses, l’américain Budd Boetticher atterrit un peu par hasard dans l’industrie cinématographique. Il rencontre par le biais d’un de ses amis le producteur Hal Roach qui l’embauche comme accessoiriste, puis connait une ascension rapide en étant tour à tour conseiller pour les scènes de corrida de « Arènes sanglantes » (1941) de Reuben Mamoulian puis assistant réalisateur au sein des studios Columbia où il finit par diriger ses premières séries B. S’il débute dans le film noir, il se spécialisera néanmoins rapidement dans le western, genre pour lequel il signera une palanquée de films toujours très maitrisés en dépit de budgets limités. A ce titre, il dirige ainsi Audie Murphy dans « A feu et à sang » (1952), Robert Ryan dans « Le traitre du Texas » (1952), Rock Hudson et Anthony Quinn dans « L’expédition du Fort King » (1953) ou encore Glenn Ford dans l’excellent « Le déserteur de Fort Alamo » (1953). Mais sa période la plus faste interviendra en 1956 et 1960, marquée par sa collaboration quasi exclusive avec l’acteur Randolph Scott qu’il dirige alors à sept reprises dans ce qui sera communément appelé le « Cycle Ranown ».
« ça fait toujours une drôle d’impression de voir que ce que l’on aime est détruit »
Adaptation du roman éponyme de Michael Carder, « Décision à Sundown » (connu également sous le titre « Le vengeur agit au crépuscule ») ressemble étrangement, de prime abord, au film « Quatre étranges cavaliers » réalisé par Alan Dwan trois ans plus tôt : même argument (un étranger débarque dans une bourgade de l’ouest en décrétant ouvertement vouloir se venger d’un notable local) et même contexte (l’action intervient le jour du mariage du notable). A ceci près toutefois que Butticher inverse les rôles : le méchant étant le notable et son assaillant celui qui a été offensé. Ce qui donnera lieu à un affrontement déséquilibré entre le justicier quasi solitaire et les nervis du potentat local. Si, comme pour les autres films du « Cycle Ranown », l’intrigue de « Décision à Sundown » est avant tout construite sr une histoire de vengeance, le film s’en démarque par ses décors urbains là où les autres films privilégient systématiquement les grands espaces naturels. Il en ressort une sensation d’enfermement d’autant plus exacerbée que le héros se retranche durant une partie du film dans une pièce exiguë, donnant au film des faux-airs de huis-clos. Pour le reste, Boetticher se montre comme à l’accoutumée d’une redoutable efficacité, déroulant un récit nerveux, sans aucun temps mort, ponctué de scènes d’action assez plaisantes et d’un questionnement moral de rigueur (la communauté villageoise qui reconnait s’être compromise par facilité et par peur à la loi du tyran). Avec, en prime, un final totalement inattendu (et peut-être même assez inédit dans l’univers du western d’alors) dans lequel le duel tant attendu n’a finalement pas lieu. Le héros étant alors habitué par le doute quant à la personnalité réelle de sa défunte femme, dont le comportement supposé tel qu’il est décrit (nymphomanie suggérée) semble sortir quelque peu des clous du code de censure d’alors. Un western surprenant et profondément plaisant, qui prouve une fois de plus la parfaite adéquation entre le cinéaste et son comédien.
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Le DVD : Le film est présenté dans un Master restauré en Haute-Définition, et proposé en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de deux présentations respectivement signées par Patrick Brion et Bertrand Tavernier.
Édité par Sidonis Calysta, « Décision à Sundown » est disponible au sein de la Collection Silver en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 20 septembre 2021.
Le site Internet de Sidonis Calysta est ici. Sa page Facebook est ici.
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