Boire et déboires
Un grand merci à ESC Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Boire et déboires » de Blake Edwards.
« Elle est canon mais faut surtout pas la faire boire sinon elle fait toutes sortes de bêtises. Elle devient une vraie tigresse ! »
Walter Davis, banquier, doit conclure un très gros contrat avec un riche homme d’affaires japonais au cours d’un dîner. Il se met alors en quête d’une compagne pour la soirée. Grâce à son frère et à sa femme Suzy, il fait la connaissance de Nadia, cousine de Suzy, une jeune femme qui vient de rompre avec son fiancé. Suzy conseille à Walter de ne pas donner d’alcool à Nadia, mais un simple verre de champagne va transformer la vie de Walter.
« Vous êtes entière, Agnès ? »
Après avoir tenté sans succès de percer en tant que comédien, la carrière de Blake Edwards ne prend véritablement son envol qu'à partir des années 50, lorsqu'il change son fusil d'épaule et devient scénariste. Sa rencontre avec le réalisateur Richard Quine, dont il devient l’ami et le scénariste attitré, est ainsi déterminante et donnera lieu a plusieurs films plutôt réussis, comme les comédies « Ma sœur est du tonnerre » (1955), « Le bal des cinglés » (1957) ou « L’inquiétante dame en noir » (1962), mais aussi à des films noirs comme « Le destin est au tournant » (1954). Ensemble, ils créeront également le « Mickey Rooney show » pour la télévision, avant qu’Edwards ne se décide finalement à voler de ses propres ailes. Passant derrière la caméra, il s'illustrera d’abord avec « Opération jupons » (1959) avec Cary Grant, la comédie douce-amère et sophistiquée « Diamants sur canapé » (1961), mais aussi avec des films plus graves comme « Allo brigade spéciale » et « Le jour du vin et des roses ». Sa rencontre avec Peter Sellers, qu'il dirigera à sept reprises (« The party », la saga de « La panthère rose »), finira de l'imposer comme l'une des références de sa génération en matière de comédie américaine. Si la fin des années 70 le verra construire des comédies plus acerbes sur le microcosme hollywoodien (« S.O.B. ») et surtout sur les tourments de la masculinité (« Elle », « L’homme à femmes »), les années 80 et 90 marqueront son retour au burlesque.
« Mauvaise gueule de bois, hein ? »
Entre boire et séduire, il faut parfois savoir choisir. Travailleur acharné et sans fantaisie, Walter Davis se voit arranger contre son gré un rendez vous avec l'ami de la femme de son frère. Elle est belle à se damner, charmante, intelligente. Son seul défaut étant qu'elle ne tient pas (du tout !) l'alcool, dont la moindre consommation la pousse dans des états incontrôlables. Délaissant les comédies de mœurs portant sur les remises en question d'hommes matures, Blake Edwards revient avec « Boire et déboires » à ce qu'il sait faire de mieux, a savoir de la comédie burlesque. Flirtant ici presque avec l'esprit des screwball comedy et du slapstick des années 30 (le code de censure en moins), il brode ici une délicieuse et hilarante comédie dans laquelle un cadre à la vie trop bien rangée se retrouve dépassé par les dérapages incontrôlés de la jeune femme qu'on lui a plus ou moins collé dans les bras. Ce qui donne lieu à des quiproquos et des scènes désopilantes, à l'image de cette séquence désopilante du repas d’affaires où, faisant fi de toute bienséance et de la rigidité protocolaire, cette dernière sèmera la zizanie entre les patrons du héros et leurs homologues japonais. Mais « Boire et déboires » sait aussi se muer au fil du récit en une comédie romantique tout ce qu'il y a de plus touchant, notamment quand les personnages prennent conscience de leurs sentiments réciproques et se lancent dans un improbable chassé-croisé pour faire annuler le mariage de l’héroïne. Comme quoi il faut parfois savoir sortir un peu de sa zone de confort et ajouter un peu de fantaisie, d'extravagance et d'imprévus a sa vie pour trouver finalement le bonheur. Outre un scénario à la Billy Wilder formidablement ciselé, Blake Edwards peut également ici compter sur un casting au diapason, Kim Basinger et Bruce Willis (dont c’est le premier rôle au cinéma) en tête. Un pur délice.
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Le DVD : Le film est présenté dans un Master Haute-Définition et proposé en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles. Aucun bonus ne vient compléter cette édition.
Édité par ESC Editions, « Boire et déboires » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 3 novembre 2021.
Le site Internet de ESC Editions est ici. Sa page Facebook est ici.
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