La brune de mes rêves
Un grand merci à Artus Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « La brune de mes rêves » de Elliott Nugent.
« C’est le pire dernier repas que j’ai jamais eu ! »
Ronnie Jackson, photographe, rêve de devenir détective privé. Un jour qu’il garde le bureau de Sam McCloud, véritable détective, la jolie brune Carlotta Montey l’engage par erreur afin de retrouver son oncle disparu.
Jouant le jeu, Ronnie va être entraîné dans une drôle d’aventure au milieu d’agents secrets.
« Le gouverneur ne m’accorde pas sa grâce ? Je saurai pour qui voter la prochaine fois ! »
Acteur quelque peu oublié de nos jours - du moins de ce côté-ci de l'Atlantique - Bob Hope fut en son temps (comprendre par-là les années 40 et 50) l'humoriste le plus populaire d'Amérique. Artiste complet pouvant assurer aussi bien dans les registres de la comédie, du chant et de la danse, il règnera ainsi en maitre pendant plus de vingt ans sur la comédie populaire américaine, le plus souvent accompagné par ses fidèles complices Bing Crosby et Dorothy Lamour (avec lesquels il tournera la série à succès des « En route vers… »). Expert dans l’art du détournement et de la parodie (« La princesse et le pirate », « Visage pâle »), il tourne ainsi en 1947 « La brune de mes rêves » sous la direction de Elliott Nugent, réalisateur spécialiste des comédies et avec lequel le comédien a déjà travaillé à plusieurs reprises (« Rien que la vérité », « Le mystère de la Maison Norman »). A noter que le titre du film renvoie à un autre succès du comédien, « La blonde de mes rêves », réalisé cinq ans plus tôt par Sidney Lanfield.
« J’arrête ici : cette vie est trop palpitante pour mon cœur. Ou ce qu’il en reste ! »
« La brune de mes rêves » est ainsi une réjouissante parodie de film noir, genre alors éminemment en vogue à Hollywood. On y suit les folles aventures d’un modeste photographe qui se rêve détective privé comme son voisin de palier, dont il usurpe (par un malheureux concours de circonstance) l’identité le temps d’une enquête censée pimenter son quotidien morose. Sauf que celle-ci l’entrainera au cœur d’un complot bien plus grand que lui. A l’évidence, la réussite de ce film sans prétention tient dans son scénario qui joue à merveille du décalage entre la dimension dramatique du récit et la brutalité des comploteurs d’une part, et l’extraordinaire naïveté du héros qui raconte ses mésaventures a posteriori d’autre part. Et force est de reconnaitre qu’on s’amuse beaucoup des maladresses, de la bêtise et de la couardise de ce dernier, renforcées par les pitreries burlesques de l’excellent Bob Hope. A l’image de cette scène où les vilains tentent en vain de faire découvrir un indice au héros, qui s’obstine à ne pas le voir alors qu’on le lui met explicitement sous les yeux. Mais le film peut compter également sur la présence d’acteurs habitués aux films noirs (Peter Lorre ou même Alan Ladd le temps d’une apparition) pour donner l’illusion constante au spectateur qu’il assiste bien à un véritable thriller policier. Un exercice qui, sur la forme, bluffera certainement tous les amateurs de vieux films noirs. Production de pur divertissement qui ne se montre jamais prétentieuse, « La brune de mes rêves » est ainsi une honnête et très amusante comédie, dont la loufoquerie, le rythme et l’abatage comique serviront à l’évidence de modèle aux comédies déjantées des années 80, telles les ZAZ (« Y’a-t-il un pilote dans l’avion ? », « Y’a-t-il un flic pour sauver la reine ? ») ou encore l’excellent « Les cadavres ne portent pas de costard » (Reiner, 1982). Un film très plaisant à découvrir.
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Le DVD : Le film est présenté en version originale américaine (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles. Aucun bonus n’est présenté en complément.
Édité par Artus Films, « La brune de mes rêves » est disponible en DVD depuis le 7 décembre 2021.
Le site Internet de Artus Films est ici. Sa page Facebook est ici.
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