Passion simple
Un grand merci à Pyramide Vidéo pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Passion simple » de Danielle Arbid.
« On est très différents : il aime les grosses voitures, les navets américains et Poutine ! »
« À partir du mois de septembre l’année dernière, je n’ai plus rien fait d’autre qu’attendre un homme : qu’il me téléphone et qu’il vienne chez moi. Tout de lui m’a été précieux, ses yeux, sa bouche, son sexe, ses souvenirs d’enfant, sa voix… » Annie Ernaux (Passion Simple).
« J’ai essayé de ne rien laisser transparaitre, mais j’ai rythmé ma vie et mesuré le temps en fonction de lui »
Se rêvant d’abord journaliste, Danielle Arbid débute finalement sa carrière cinématographique à la fin des années 90. Avec pour obsession le Proche-Orient et, plus encore, son Liban natal dont l’histoire tourmentée a fortement imprégné sa vie personnelle et familiale, qu’elle aborde aussi bien par le biais du documentaire (« Seule avec la guerre » en 2001, récompensé du Prix Albert Londres et du Léopard d’argent vidéo au Festival de Locarno) que par celui de la fiction (« Dans les champs de bataille » en 2004, « Un homme perdu » en 2007, « Peur de rien » en 2015 ou encore « Beyrouth Hôtel » qu’elle a réalisé pour la télévision). Pour son quatrième long-métrage, « Passion simple », elle délaisse pour la première la thématique de l’orient et de ses origines en adaptant le roman éponyme de la romancière Annie Ernaux, publié en 1992 et qui avait déjà été adapté au théâtre. A noter que le film a été retenu en Sélection Officielle du festival de Cannes 2020, annulé pour cause de pandémie.
« Sans qu’il le sache il m’a relié davantage au monde »
« Passion simple », c'est d'abord l'histoire d'une rencontre aussi improbable qu’impossible entre une professeure d’université, que l'on imagine par définition stricte et cartésienne, et d'un homme de main de la mafia russe, plus volontiers dangereux et incontrôlable. Une rencontre teintée d'une irrésistible et irrationnelle attraction qui donnera lieu à une irrépressible passion purement charnelle qui nous est présentée dans tout ce qu'elle de plus simple et de plus crue: deux corps qui s'étreignent de façon bestiale. Mais la subtilité du film est justement de poser la question des sentiments: peut-on se donner ou s'adonner physiquement à un autre sans sentiments? Et dans le cas contraire, faut-il aimer pour faire l'amour ou faire l'amour pour aimer? Pour l'héroïne, ce sera clairement la dernière hypothèse, puisque cette relation au départ purement physique deviendra au fil du temps passionnelle et obsessionnelle. L'abandon physique de soi glissant progressivement vers une perte de pied et de repères. La cinéaste se livre ici à une adaptation sans concession du classique d'Annie Ernaux et signe une romance sulfureuse ou au-delà de sa réflexion sur la passion se dessine un subtil portrait de femme libre de sa vie, de son corps et de ses sentiments. Un film aussi troublant que déroutant, porté par la prestation très convaincante de Laetitia Dosch.
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Le DVD : Le film est proposé en version originale française (5.1 et 2.0) ainsi qu’en audiodescription. Des sous-titres français pour malentendants et anglais sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’un entretien avec Laetitia Arbid (8 min.), d’une analyse de séquences par MarilouDuponchel (18 min.) et d’essais d’affiches par Laurent Luffroy.
Édité par Pyramide Vidéo, « Passion simple » est disponible en DVD depuis le 16 novembre 2021.
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