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09 Mar

El Chuncho

Publié par Platinoch  - Catégories :  #Westerns

Un grand merci à Carlotta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « El Chuncho » de Damiano Damiani.

 

El_Chuncho

« Je commence à perdre patience. Et quand je perds patience, je deviens méchant ! »

 

Mexique, années 1910. Alors que la révolution bat son plein, El Chuncho, moitié bandit moitié guérillero, s’est spécialisé dans les attaques de train. Il vole des armes et les revend à un révolutionnaire, le général Elias, contre de fortes sommes d’argent. Au cours d’un de ces assauts, Chuncho trouve une aide inattendue de la part d’un jeune dandy américain qui se trouvait à bord du train. « El Niño » rejoint la troupe des guérilleros et gagne rapidement la confiance de leur chef. Mais les motivations du yankee restent troubles…

 

« Nous ne voulons pas vous tuer parce que vous êtes trop riche. Mais parce que nous sommes trop pauvres que vous n’avez rien fait pour que cela change. »

 

El_Chuncho_Gian_Maria_Volonte

Peut-être moins connu du grand public que les grands maîtres du néo-réalisme (Rossellini, De Sica, Antonioni) ou des grandes heures de la comédie italienne (Risi, Monicelli, Scola, Comencini), Damiano Damiani n’en fut pas moins l’un des grands noms du cinéma italien de l’après-guerre. D’abord décorateur puis scénariste (on lui doit notamment les scénarios de « La chronique des pauvres amants » de Carlo Lizzani et des « Bateliers de la Volga » de Victor Tourjanski), il embrasse au début des années 60 une carrière de réalisateur. Auteur d’une trentaine de films en quarante ans de carrière, il excellera particulièrement dans les polars et les thrillers politiques et sociaux, dénonçant notamment la corruption des élites et ses accointances avec la mafia, comme dans les excellents « La mafia fait la loi » (1967), « Confession d’un commissaire de police au procureur de la république » (1971) ou encore « Nous sommes tous en liberté provisoire » (1971). Mais il sut aussi aborder des genres plus populaires, comme le western. Dans ce registre, si on se souvient de « Un génie, deux associés, une cloche » (1975), suite de « Mon nom est personne » et surtout de l’excellent « El Chuncho », réalisé en 1966.

 

« Dieu est bon et généreux. Mais pas moi. »

 

El_Chuncho_Lou_Castel

Si le western américain (du moins dans sa période classique) n’a que peu de fois franchi la frontière pour s’intéresser aux tourments de la révolution zapatiste (tout juste pourra-t-on citer « Vera Cruz » d’Aldrich en 1954), le contexte social contestataire des années 60 et 70 fera naitre un intérêt des cinéastes pour le sujet. Notamment en Italie, où il servira de décor à de nombreux westerns spaghetti, où notamment Sergio Corbucci (« Le mercenaire », « Companeros ») et Sergio Leone (« Il était une fois la révolution ») s’en donneront à cœur joie. A ceux-là, il convient d’ajouter Damiano Damiani et son iconique « El Chuncho ». Basé sur un scénario de Franco Solinas, scénariste de gauche empreint d’une pâte un peu libertaire (il collabora ainsi avec Gillo Pontecorvo sur « La bataille d’Alger » et « Queimada », avec Costa Gavras sur « Etat de siège » ou encore avec Joseph Losey sur « L’assassinat de Trotsky » et « Monsieur Klein »), « El Chuncho » nous fait suivre les aventures d’un bandit de grand chemin et de sa bande, profitant de ces temps troublés pour sillonner le pays en s’y livrant aux pillages et à la terreur. Mais il fera en chemin une étrange rencontre : un mystérieux dandy américain, as de la gâchette et aux motivations troubles, avec qui il nouera une étrange amitié. Leur tumultueuse épopée, aussi furieuse que sanglante, donnera lieu à des moments de bravoures grandiloquents et jouissifs comme seul le western italien sait les faire. Mais « El Chuncho » est surtout marquant par son ambiguïté morale et le dilemme qu’il pause à son personnage principal : mésagit-il véritablement dans l’intérêt de la Révolution ou, au contraire, profite-t-il de celle-ci pour laisser libre court à ses pulsions violente et pour s’enrichir lui-même. Une ambivalence qui sera maintenue jusque dans les derniers instants du film, lui donnant une dimension anar’ (et limite subversive) dont peu de films peuvent véritablement se prévaloir. Au centre du film, l’excellent Gian Maria Volonte forme un tandem remarquable avec Lou Castel qui trouve là son plus grand rôle. Un western jouissif et marquant.

 

El_Chuncho_Damiano_Damiani

 

***

Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un Master Haute-Définition. Il est proposé en version originale italienne (1.0) ainsi qu’en versions française (1.0) et anglaise (1.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

 

Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation du film par Alex Cox, réalisateur et auteur du livre « 10 000 façons de mourir » (10 min.), de « El Chuncho, le western révolutionnaire » : entretien avec Lou Castel (2004, 18 min.) ainsi que d’une Bande-annonce internationale (HD).

 

Édité par Carlotta Films, « El Chuncho » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 3 novembre 2021.

 

Le site Internet de Carlotta Films est ici. Sa page Facebook est ici.

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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!