Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 Apr

Pandora

Publié par Platinoch  - Catégories :  #Drames, #mélodrames

Un grand merci à Carlotta Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Pandora » d’Albert Lewin.

 

Pandora

« Il ne sert à rien d’être populaire. Être un homme suffit. »

 

À Esperanza, un village de la côte espagnole, Pandora, une jeune Américaine, est indifférente aux riches prétendants qui la courtisent. Après avoir finalement accepté d’épouser un coureur automobile, elle rencontre le propriétaire d’un yacht, Hendrick Van der Zee, qui n’est autre que le Hollandais Volant de la légende, condamné à errer sur les mers et à ne redevenir humain que six mois tous les sept ans. Or, sa malédiction ne sera levée que s’il rencontre une femme qui, par amour, acceptera de mourir pour lui… 

 

« Si vous saviez à quel point j’ai désiré ce moment. Mais vous paraissiez si loin. Comme si nous étions séparés par des océans… »

 

Pandora_Ava_Gardner

Personnalité atypique du paysage de l’âge d’or hollywoodien, l’américain Albert Lewin mène d’abord une première carrière d’universitaire, enseignant l’anglais au sein de l’Université du Missouri, avant d’intégrer la jeune industrie cinématographique au début des années 20. Homme de l’ombre, il fut tour à tour lecteur de scénario, script, scénariste, puis finalement officiera comme producteur au sein de la Paramount à compter du milieu des années 30. Avec à son actif quelques belles réussites : « La folle confession » (Ruggles, 1937, avec Carol Lombard), « Visages d’orient » (Franklin, 1937, récompensé de l’Oscar de la meilleure actrice pour Luise Reiner) ou encore « Les gars du large » (Hathaway, 1938, avec Henry Fonda). Ce n’est que sur le tard, à presque cinquante ans, que Lewin se décidera à passer derrière la caméra, laissant derrière lui un petit corpus de six films, tous marqués par son raffinement et sa grande érudition. A l’image de ses adaptations restées célèbres du « Portrait de Dorian Gray » (1945) ou de « Bel-ami » (1947), tous deux portés par l’acteur George Sanders. Mais son plus grand fait de gloire (boudé à sa sortie mais largement plébiscité depuis), restera sans doute son « Pandora » (1951).

 

« Pardonnez-moi car j’ai péché. Je voudrais tant mourir. J’implore Dieu. Elle est si jeune, si belle. Qu’elle ne meure pas. C’était la sentence et je le sais. Mais qu’elle m’oublie. Qu’elle ne m’aime pas d’un amour fort comme la mort ! »

 

Pandora_James_Mason

L’eau et le feu ne font sont pas faits pour être ensemble. Ces deux éléments antagonistes ont en effet pour caractéristique de se neutraliser l’un l’autre. Et pourtant, dans « Pandora », ce sont bien deux éléments irrémédiablement attirés l’un par l’autre, pour leur plus grand malheur. Le feu, c’est Pandora, une chanteuse américaine incendiaire et exubérante. Une femme fatale, allumeuse (forcément), un peu manipulatrice, qui joue avec le cœur des hommes jusqu’à leur en faire perdre la raison. Tous les hommes, sauf un : Hendrick Van Der Zee, mystérieux navigateur taciturne, mutique et raffiné, qui cherche – au contraire de tous ses semblables – à garder ses distances avec la belle. « Pandora » aurait ainsi pu n’être qu’une romance impossible des plus ordinaires. Mais Lewin transcende son récit en y ajoutant une dimension onirique et fantastique – presque même fantasmagorique – en y juxtaposant la légende du hollandais volant. Celle-là même qui effraya les marins durant des siècles et qui inspira à Wagner son célèbre opéra « Le vaisseau fantôme ». Et qui donne à ce film sa belle étrangeté romanesque, son spleen élégant, et son romantisme échevelé. Avec cette idée fataliste que l’amour fou ne peut conduire qu’à sa perte. L’amour n’engendrant que la mort et le malheur. Porté par un couple magistral (Ava Gardner et James Mason), un technicolor flamboyant et des scènes mémorables (la course automobile sur la plage), « Pandora » est un mélodrame inoubliable et sans doute l’une des plus belles romances maudites du septième art.

 

Pandora_Albert_Lewin

 

****

Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master Haute-Définition restauré 4K et proposé en version originale anglaise (1.0) ainsi qu’en version française (1.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

 

Côté bonus, le film est accompagné de « Un rêve de cinéma » : retour sur le film (2000, 7 min.), « Jack Cardif ouvre la boîte de Pandore » : souvenirs de tournage (2020, 12 min.), « Le Torero de Cordoue » : film d’actualité évoquant le torero Manuel « Manolete » Rodríguez (17 min.), d’une ouverture alternative (3 min.), La restauration (5 min.), d’une Bande-annonce originale (2 min.), d’une Bande-annonce présentée par Hedda Hopper (3 min.) et de la Bande-annonce de la restauration (1 min.).

 

Édité par Carlotta Films, « Pandora » est disponible en édition coffret ultra collector (blu-ray + DVD + livre inédit écrit par Patrick Brion avec archives et photos exclusives limitée à 2500 exemplaires), ainsi qu’en éditions DVD et blu-ray simples, depuis le 27 octobre 2021.

 

Le site Internet de Carlotta Films est ici. Sa page Facebook est ici.

Commenter cet article

Archives

À propos

Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!