L'ombre d'un géant
Un grand merci à BQHL Éditions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « L’ombre d’un géant » de Melville Shavelson.
« Ce pays est le votre mais n’est pas le mien. Je suis américain, c’est ça ma religion ! »
1947. Héros de la seconde guerre mondiale, le colonel David « Mickey » Marcus est sollicité par l’armée secrète israélienne, pour devenir leur conseiller militaire face à l’attaque arabe. C’est un homme d’expérience, il est leur dernier espoir…
« On n’a jamais gagné une guerre avec des excuses, aussi valables soient-elles. »
D’abord artisan de l’ombre, Melville Shavelson débute sa carrière à la fin des années 30 comme auteur pour l’humoriste Bob Hope, sur sa très populaire émission radiophonique. Il s’y fait à ce point remarquer pour ses talents d’écriture que Hope l’emmène avec lui lorsqu’il part tenter sa chance à Hollywood au début des années 40. Shavelson y retravaillera ainsi les scripts de l’acteur avant de s’émanciper peu à peu. Comme scénariste, d’abord, il confirme son appétence et son savoir-faire en matière de comédies, en écrivant notamment pour des pointures du genre comme Danny Kaye (« La doublure du général »), Bing Crosby (« Jour de chance »), Jerry Lewis (« C’est pas une vie, Jerry ») ou encore Doris Day (« Avril à Paris », « La femme de mes rêves »). Puis en tant que réalisateur, à partir du milieu des années 50, il se spécialise alors dans le registre de la comédie romantique, qui lui permettent de diriger quelques stars : Cary Grant et Sophia Loren (« La péniche du bonheur », 1958), Clarke Gable et (encore) Sophia Loren (« C’est arrivé à Naples », 1960) ou encore Paul Newman et Joanne Woodward (« La fille à la casquette », 1963). Il dirige également Henry Fonda et Lucile Ball dans la comédie familiale « Les tiens, les miens, le nôtre » (1968). Une carrière presque entièrement dédiée à la légèreté qui n’a laissé place qu’une seule fois à un registre plus dramatique, à l’occasion de « L’ombre d’un géant » en 1966.
« Le monde n’a pas de pitié pour ceux que l’on tue. Il ne respecte que ceux qui se battent ! »
Fort de l’émotion suscitée par la découverte des camps de la mort nazis, la littérature et le cinéma d’après-guerre s’intéressent de près à la naissance de l’Etat d’Israël, prenant fait et cause pour le jeune Etat hébreu qui doit alors faire face seul à l’hostilité de l’ensemble de ses voisins. Six années après « Exodus », la fastueuse fresque d’Otto Preminger, c’est donc Melville Shavelson qui reprend le flambeau en adaptant le roman éponyme de Ted Berkman, « L’ombre d’un géant », récit biographique faisant le portrait de David Marcus, colonel de l’armée américain et célèbre homme de loi new-yorkais qui s’est illustré dans la lutte contre la mafia. De confession juive, ce dernier accepte en 1947 de devenir conseiller militaire du gouvernement israélien. Ce qui le conduira à être l’année suivante l’un des chefs militaires israélien lors de la première guerre israélo-arabe. Un destin hors normes qui pâtit néanmoins d’un scénario assez mal construit, tant s’agissant de la partie biographique ayant trait au Colonel Marcus qu’à l’Histoire, plus vaste (la naissance d’un état), qu’il nous conte en arrière-plan. Le dilemme moral du héros – tiraillé entre l’allégeance à son pays et à sa communauté religieuse – est mal exploité et maladroitement matérialisé par le choix entre deux femmes. En arrière-plan, si tout ce qui a trait à l’urgence de l’organisation (conflit entre différentes factions voulant le leadership) et à la volonté du peuple israélien (armée de civils pas ou peu formée) est plutôt bien amené, le conflit israélo-arabe en lui-même est en revanche présenté sans véritables nuances et de façon assez manichéenne. L’ensemble étant assez globalement plombé par des longueurs qui pèsent sur le rythme du film. Un tel sujet avec un tel casting (Kirk Douglas en héros habité, mais aussi John Wayne, Yul Brynner, Santa Berger, Frank Sinatra, Angie Dickinson ou encore Topol dans des rôles plus secondaires) aurait sans doute mérité un meilleur traitement.
**
Le blu-ray : Le film est présenté dans un Master ? et proposé en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation signée du journaliste Alexandre Clément (41 min.).
Édité par BQHL Éditions, « L’ombre d’un géant » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 28 septembre 2022.
Le site Internet de BQHL Éditions est ici. Sa page Facebook est ici.
Commenter cet article