Ma famille afghane
Un grand merci à Diaphana pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Ma famille afghane » de Michaela Pavlatova.
« On est tous étranges à notre manière »
Kaboul, Afghanistan, 2001. Herra est une jeune femme d’origine tchèque qui, par amour, décide de tout quitter pour suivre celui qui deviendra son mari, Nazir. Elle devient alors la témoin et l’actrice des bouleversements que sa nouvelle famille afghane vit au quotidien. En prêtant son regard de femme européenne, sur fond de différences culturelles et générationnelles, elle voit, dans le même temps son quotidien ébranlé par l’arrivée de Maad, un orphelin peu ordinaire qui deviendra son fils…
« Pour moi aussi c’est humiliant d’être enfermée dans un placard »
Sans doute trop âpre, trop dure et trop violente pour être abordée frontalement au cinéma, la vie sous le régime de terreur des talibans a néanmoins donné lieu ces dernières années à une palanquée de films d’animation. Comme si au fond, le dessin et les couleurs pouvaient seuls retranscrire de façon soutenable l’indicible. Ainsi, après « Parvana » (Nora Tworney, 2018), « Les hirondelles de Kaboul » (Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mevellec, 2019) ou encore le récent documentaire animé de France télévision « Inside Kaboul » (Caroline Gillet et Denis Walgenwitz), il convient désormais d’ajouter à cette liste « Ma famille afghane », film d’animation franco-tchèque signé par la réalisatrice pragoise Michaela Pavlatova, remarquée il y a de cela près de dix ans pour son court-métrage « Tram » qui avait alors fait le tour des festivals (Annecy, Sundance…).
« Je ne serai jamais une vraie afghne : elles préfèrent mourir plutôt que de ne pas avoir d’enfants »
Adaptation du roman autobiographique « Freshta » de sa compatriote Petra Prochazkova, « Ma famille afghane » nous narre le parcours d’une jeune étudiante tchèque, décidant de partir s’installer en Afghanistan pour y suivre son amoureux, un afghan rencontré sur les bancs de l’université. Mais nous sommes alors en 2001 et la société afghane doit se conformer aux lois très strictes édictées par les fondamentalistes religieux qui tiennent alors le pouvoir et imposent au peuple telle une chape plomb leur vision très rétrograde du monde. Avant que les attentats du 11 septembre ne basculent le pays dans un nouveau chaos, l’intervention américaine s’accompagnant d’une insécurité croissante et suscitant l’hostilité d’une partie de la population locale. Trait d’union entre les deux cultures occidentale et afghane, l’héroïne assiste ainsi de façon impuissante au délitement de son pays d’accueil et des bouleversements politiques qui vont peu à peu fracturer sa famille d’adoption, entre inégalités sociales, injustices et obscurantisme. En creux, le récit interroge bien évidemment sur la place des femmes dans cette société afghane qui les prive de tous les droits, y compris les plus fondamentaux, comme par exemple l’accès à des visites gynécologiques. Mais aussi sur la place des enfants (l’un se retrouve rejeté de sa famille car atteint d’une difformité de naissance, tandis que les garçons de la famille sont arrachés définitivement à leur mère par la famille de son mari). Un récit dramatique poignant, souvent très dur, mais qui brille par son humanité, son empathie et son absence totale de manichéisme. Forcément touchant.
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Le DVD : Le film est présenté en version française (5.1), tchèque (5.1), anglaise (5.1) et arabe (5.1). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’une Présentation par la réalisatrice Michaela Pavlátová ainsi que de son court-métrage « Tram » (2012, 7 min.).
Édité par Diaphana, « Ma famille afghane » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 6 septembre 2022.
Le site Internet de Diaphana est ici. Sa page Facebook est ici.
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