Rumba la vie
Un grand merci à Gaumont pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Rumba la vie » de Franck Dubosc.
« Mourir c’est à la portée de tout le monde ; le plus dur c’est de vivre »
Tony, la cinquantaine, chauffeur d’autobus scolaire renfermé sur lui-même, vit seul après avoir abandonné femme et enfant vingt ans plus tôt. Bousculé par un malaise cardiaque, il trouve le courage nécessaire pour affronter son passé et s’inscrire incognito dans le cours de danse dirigé par sa fille, qu’il n’a jamais connue, dans le but de la (re)conquérir et de donner un sens à sa vie.
« Si tu ne sais pas où tu vas, commences à retourner là d’où tu viens »
On a beau être bon client de Frank Dubosc et de ses facéties, force est néanmoins de constater qu'entre la scène et l'écran, il aura un peu abusé de son sempiternel personnage de français (très) moyen, à la fois dragueur, mythomane et looser patenté, qu'il nous aura servi ad nauseam. Avec toujours la même recette: des références ringardes, un univers de classe populaire, son slip et des personnages aux homonymies improbables, de Patrick Chirac (« Camping ») à Didier Travolta (« Disco ») et passant par Jean-Paul Cisse (« All inclusive »). Mais à l'approche de la soixantaine, le comédien, devenu également réalisateur, ose aussi se faire plus tendre et plus grave en abordant des sujets moins propices à la gaudriole, tels que le handicap (« Tout le monde debout », 2018) ou la difficulté de renouer des liens familiaux rompus après avoir été un père absent dans « Rumba la vie » (2022), sa deuxième réalisation.
« C’est peut-être elle qui a besoin de toi »
Il y campe ainsi Tony, chauffeur de bus de province qui, à l’approche de la soixantaine et des premiers problèmes de santé, se voit contraint de faire un bilan de sa vie. Et, par ricochet, de sa solitude. Avec, au centre de ses préoccupations, l’envie folle de rencontrer sa fille, qu’il n’a pas vu naitre ni chercher à rencontrer jusqu’alors par pur lâcheté. Mais pour pouvoir s’approcher d’elle et gagner sa confiance, Tony devra se faire violence, vaincre ses vieux démons et, pour une fois, s’investir pleinement dans sa quête sans chercher à fuir. S’il ne peut pas s’empêcher de faire – ne serait-ce qu’un tout petit peu – le pitre (oui, on le verra en slip et, oui, il s’inventera le patronyme improbable de Kevin Sardou), les maladresses du scénario servent paradoxalement l’histoire en lui conférant un côté particulièrement attachant. Car au fond, Dubosc se fait ici plus grave et nous sert ici une jolie de rédemption. Classique certes, mais pleine d’humanité, avec un personnage bas de plafond de prime abord, qui apprendra à dépasser ses préjugés (racistes et homophobes) et à s’ouvrir aux autres pour atteindre son but. Avec la danse pour exutoire. En cela, les seconds rôles – une voisine prof de fac d’origine africaine (excellente Marie-Philomène Nga) et un collègue homosexuel refoulé (Jean-Pierre Darroussin, toujours parfait) – apportent beaucoup à l’histoire en mettant le héros face à ses contradictions et à sa bêtise. Pour le reste, contrairement à son personnage, Franck Dubosc aime la danse et cela lui permet de faire le show, alternant entre la truculence des scènes de répétition et le spectaculaire des scènes de compétition. Si formellement l’ensemble manque peut-être un peu de maitrise, l’acteur-réalisateur parvient néanmoins à nous surprendre avec cette deuxième réalisation à l’ambiance douce-amère et à son image, sincère et tendre.
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Le blu-ray : Le film est proposé en version originale française (5.1) ainsi qu’en audiodescription. Des sous-titres anglais sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’un simple making of (15 min.).
Édité par Gaumont, « Rumba la vie » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 22 décembre 2022.
Le site Internet de Gaumont est ici. Sa page Facebook est ici.
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