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22 May

La ville dorée

Publié par Platinoch  - Catégories :  #Drames, #melodrames

Un grand merci à Artus Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « La ville dorée » de Veit Harlan.

 

La_ville_dorée

« Qui ne voyage jamais ne rentre jamais chez lui »

 

Destinée par son père au fermier Thomas, la jolie Anna est attirée par les lumières de Prague. Se souvenant que sa mère, venant de la ville, s’est suicidée de désespoir suite à la contrainte de devoir vivre à la campagne, elle décide de tenter sa chance dans la ville dorée. Elle va vite devenir la proie de son cousin Toni, un jeune dépravé, qui va lui faire subir déshonneur et souillure.

 

« J’espère que vous rentrerez vite dans votre belle campagne. Cette Prague n’est pas la géante dont vous rêvez »

 

La_ville_dorée_Kristina_Söderbaum

De toute l’Histoire du cinéma, il n’est sans doute pas de nom plus honni que celui que du cinéaste allemand Veit Harlan. Homme de théâtre, il viendra progressivement au cinéma à la fin des années 20 en tant qu’acteur avant de passer à la réalisation et de devenir, après le départ de Fritz Lang, l’un des grands cinéastes du Reich, adoubés par Goebbels. Il participera ainsi activement à la production cinématographique nazie et signera à ce titre l’un des films les plus décriés de tous les temps, à savoir « Le juif Süss » (1940), véritable pamphlet antisémite qui sera purement et simplement interdit à la libération dans tous les pays occidentaux. Dans la même veine propagandiste, il signera également « Kolberg » (1945), qui sera l’ultime grande superproduction cinématographique nazie. Entre les deux, il se spécialisera dans le mélodrame moral et signera quelques films dont « La ville dorée » (1942), qui comptera comme l’un de ses plus grands succès.

 

« Qui tourne le dos à son pays est puni par le marais »

 

La_ville_dorée_Veit_Harlan

Adaptation de la pièce « Der Gigant » (littéralement « Le géant ») de Richard Billinger, « La ville dorée » est un mélodrame qui s’inscrit pleinement dans le registre des Heimatfilm, ces films dit « de terroir » centrés sur la vie des campagnes allemandes. On y suit le destin de la jeune Anna, fille d’un puissant et autoritaire fermier allemand des Sudètes, qui rêve de partir découvrir Prague, la grande ville dont sa défunte mère est originaire et qui apparait pour elle comme un symbole de fantaisie et d’émancipation de son morne quotidien.Mais le paradis promis se révèlera n’être qu’un miroir aux alouettes. Un lieu de perdition peuplé de personnages corrompus, fourbes et manipulateurs, qui conduiront l’innocente héroïne à son inéluctable perte. Blessée, déshonorée et rejetée de tous, elle n’aura dès lors d’autre rédemption possible que dans la mort. Mais derrière la tragédie sentencieuse qui se joue à l’écran, Veit Harlan se complet à faire l’étalage des valeurs prônées par le régime nazi : pureté de l’aryanité, conception très conservatrice de la société avec peu de libertés laissées aux femmes, retour à la terre et aux valeurs ancestrales par opposition aux villes, lieux de débauches et de perversions. Si « La ville dorée » constitue, de par sa nature très controversée, une vraie curiosité cinématographique, son visionnage n’en demeure pas moins difficile tant il suscite le malaise. Sensation renforcée qui plus est par la lourdeur d’un scénario sans nuances, et dont les personnages paraissent le plus souvent détestables (l’amant pragois et sa famille, le patriarche autoritaire) et violents (le notaire qui échappe de peu au lynchage durant la noce sous le regard goguenard de tous les participants). Sans conteste, une expérience compliquée.

 

La_ville_dorée_Artus_Films

 

**

Le blu-ray : Le film est présenté en version intégrale et dans un Master restauré 2K, et proposé en version originale allemande (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

 

Côté bonus, le film est accompagné de « Illusions perdues », présentation par Bertrand Lamargelle (2023, 16 min.), ainsi que d’un Diaporama d’affiches et photos. Le livret « Le Cinéma Heimat : les origines » par Christian Lucas (62 pages) complète avantageusement cette édition.

 

Édité par Artus Films, « La ville dorée » est disponible en combo blu-ray + DVD + Livret depuis le 2 mai 2023.

 

La_ville_dorée_Blu-ray

 

Le site Internet d’Artus Films est ici. Sa page Facebook est ici.

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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!