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13 Apr

OSS 117: Rio ne répond plus

Publié par platinoch

« Certains hommes ont des aventures : Je suis une aventure! »

Douze ans après Le Caire, OSS 117 est de retour pour une nouvelle mission à l'autre bout du monde. Lancé sur les traces d'un microfilm compromettant pour l'Etat français, le plus célèbre de nos agents va devoir faire équipe avec la plus séduisante des lieutenants-colonels du Mossad pour capturer un nazi maître chanteur. Des plages ensoleillées de Rio aux luxuriantes forêts amazoniennes, des plus profondes grottes secrètes au sommet du Christ du Corcovado, c'est une nouvelle aventure qui commence. Quel que soit le danger, quel que soit l'enjeu, on peut toujours compter sur Hubert Bonisseur de la Bath pour s'en sortir...

« Rechercher un nazi avec des juifs : quelle drôle d’idée ! »

Concurrent français de James Bond, Hubert Bonnisseur De La Bath, alias « OSS 117 », est né de la plume prolifique de Jean Bruce dans les années 50. La popularité de ses aventures lui ont valu les honneurs de nombreuses adaptations cinématographiques. En effet, depuis 1957, on ne compte pas moins de neuf films consacrés aux aventures de l'agent secret français, « Rio ne répond plus » compris. Souvent portées par des interprètes de secondes zones (Kerwin Matthews, Frederik Stafford), les aventures d’ « OSS 117 » au cinéma ont souvent donné lieu à des films médiocres, apparaissant très vite comme des sous-James Bond. Sans nouvelles de l’agent secret français depuis « OSS 117 prend des vacances » en 1970, c’est le réalisateur Michel Hazanavicius qui relancera la franchise en 2006 avec « Le Caire nid d’espions ». Une franchise désormais placée sous le signe de la comédie, dont le premier opus signera l’un des succès critique et public surprise de l’année 2006, réunissant 2.300.000 spectateurs en salle. A noter que contrairement au premier opus, Michel Hazanavicius a également collaboré à l’écriture du scénario de ce « Rio ne répond plus ».     

« Faire l’amour, pas la guerre ? L’un n’empêche pas l’autre : j’ai toujours fait les deux et je n’ai jamais enregistré aucune plainte ! »

On l’avait laissé au Caire, en 1955, où il venait de vaincre les Aigles de Khéops et ainsi de pacifier le monde arabo-musulman. On n’espérait qu’une chose : le retrouver le plus rapidement possible pour de nouvelles aventures. Car le tandem Hazanavicius/Dujardin avait placé la barre tellement haute qu’ils avaient réussi à imposer ce « OSS 117 » au rang de fierté nationale, au même titre que la baguette de pain ou le pot de Brouilly. Restait à éviter l’écueil du deuxième épisode, à faire aussi bien si ce n’est mieux que le premier, sans tomber dans le piège d’un « épisode bis » qui copierait l’humour et toutes les ficelles du premier volet, depuis le « j’aime les panoramas » à « Bambino ». La première bonne surprise de ce film, c’est donc le choix délibéré des auteurs d’avoir placé cette nouvelle aventure beaucoup plus loin dans le temps, histoire de casser les codes imposés par le premier volet. Douze années se sont ainsi écoulées depuis le Caire : exit donc Lucien Bramard, René Coty, le mambo, les parties de jokari avec Jack, ou encore les costumes en alpaga.  De la Bath a vieilli : plus Dean Martin que Sean Connery, il se cache désormais sous l’identité de Noel Flantier (sic !). Si on retrouve toujours (avec joie) sa franchouillardise, son racisme et sa misogynie, il est désormais (encore) plus con et plus en décalage que jamais avec son époque. C’est la grande subtilité du scénario de Hazanavicius : savoir esquisser et parodier un conservatisme vieille France gaulliste, et l’opposer à une époque de grands changements. OSS se retrouve ainsi confronté à un double décalage : tout d’abord avec son époque où les hippies prônent des valeurs libertaires à l’exacte opposée de ses propres valeurs, et ensuite par rapport à ses alliés de circonstances, des agents du Mossad israélien, qui l’obligent à jongler avec ses préjugés antisémites, très « vieille France » et de bon ton pour l’époque.

« Je vais vous faire un compliment que je fais rarement, mais je trouve que vous avez l’étoffe d’une parfaite mère de famille ! »

Clairement, Hazanavicius joue à mort la carte d’un humour encore plus politiquement incorrect et vachard que lors du précédent opus. Français, Chinois, Nazis, et même Juifs en prennent ainsi à tour de rôle pour leur grade. En osant briser avec intelligence tous les tabous (notamment avec des commentaires bourrés de préjugés de la part d’OSS à propos des juifs, qui tend souvent à minimiser la Shoah), le réalisateur peut mieux mettre le doigt là où ça fait mal, comme lorsqu’il dénonce la présence d’anciens collabos dans les hautes sphères de l’Etat Français, symbole d’une France souvent donneuse de leçons mais qui n’a jamais su faire son examen de conscience historique. Et s’il balance des énormités avec une candeur hilarante, on se surprend même à trouver une résonnance étonnamment actuelle dans les propos de De La Bath (« - Comment appelle-t-on un pays où tous les médias sont contrôlés par un seul homme ?  - la France ! »). Virevoltant (même si le film souffre de quelques petites longueurs), le scénario nous entraine dans un festival de situations décalées, de quiproquos hallucinants et de répliques potentiellement cultes. Avec en points d’orgue une soirée costumée nazie ainsi qu’une mémorable soirée avec des hippies sur la plage de Copacabana, qui devrait restée dans les annales. Jean Dujardin se montre une nouvelle fois excellent. Réinventant constamment le personnage d’OSS 117, il étoffe ici encore un peu plus sa palette de jeu, révélant des facettes comiques, plus burlesques, qu’il n’avait pas exploité auparavant. A ses côtés, Louise Monot semble un peu falote, sans doute en raison d’un rôle moins consistant que celui de Bérénice Béjo dans « Le Caire… », qui lui donne toutes les peines du monde à exister face à un Dujardin en grande forme. Mais à l’instar du précédent épisode, cet « OSS 117 » doit aussi son succès à une réalisation des plus soignées, qui parvient notamment à recréer minutieusement l’ambiance du cinéma de genre américain des années 60, en particulier celle des films avec Paul Newman (on pense clairement à Harper, le « Détective privé » de « La toile d’araignée ») et Steve McQueen (« Bullit » ou « L’affaire Thomas Crown »). A l’évidence, Michel Hazanavicius réalise ici un film aussi hilarant que brillant qui lui permet de réussir haut la main son pari, à savoir réaliser un deuxième épisode d’ « OSS 117 » qui soit au moins aussi bon et aussi drôle que le premier. On attend désormais le troisième (et dernier ?) épisode, qu’on image bien se dérouler pendant les années Giscard. Ça promet !

  



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B
Un film absolument génial en tout point ! Un de mes films préférés qui redore le blason du cinéma français et du genre comique en particulier !<br /> <br /> Très bon blog, je viendrais plus souvent !<br /> Ben.
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M
L'expression "Louise monot" falotte me semble un pléonasme. Louise Monot a toujours été falotte dans tous ses rôles, et même si elle n'est pas très connue , c'est déjà sa marque de fabrique.<br /> D'ailleurs je pense qu'elle est en général choisie exactement pour cela: pas de vagues, pas de caractère, jolie et inconsistante, bref totalement passe-partout donc consensuelle.
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V
Complètement d'acc, que les Gad Elmaleh et autres Dany Boon en tirent une leçon : l'humour de cinéma se fait avec les codes du cinéma. <br /> Y a tellement de répliques géniales que ça a dû être dur pour toi de les retenir et de les sélectionner, non ? Moi j'ai un petit faible pour les vannes Noël et "Kiss my ass" "Hm oui d'accord on fait comme ça".
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B
Il est rare qu'un deuxième opus offre une qualité égale et encore moins supérieur. Celui ci est une réussite à tous points de vue. Ne faisant pas une sute, ou une répétition du premier, il est un nouveau OSS117 avec un humour encore plus décallé, plus débridé plus anticonformiste au possible. Un retour au style du "grand détournement" et en filigranne à peine voilée de notre soiciété. Dujardin excellentissime, trop ? car il est vrai qu'en face de lui, difficile de l'approcher tant les autres comédiens paraissent palot. Sans doute l'un des rares critiques à trouver.
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T
Excellente critiqueExcellente critique, cela me donne quand même envie d'aller voir ce film. J'avais aimé l'opus number 1, mais je me disais "peut-être que Dujardin en fait trop". Et j'ai aussi vu la durée du film et je me suis dit "peut-être que le film est trop long" mais apparemment le film vaut bien cette excellente (et longue) critique.
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