2 days in New York
« Vu de l’Empire State Building, Paris c’est flou ! »
Marion est désormais installée à New York, où elle vit avec Mingus, un journaliste de radio, leurs deux enfants qu’ils ont eus de relations antérieures et un chat. Le couple est très amoureux ! Marion est toujours photographe et prépare son exposition. Son père, sa sœur et son petit copain (qui est en fait l’ex de Marion et qui n’était pas prévu du tout) débarquent à New York pour le vernissage. Le choc des cultures mais surtout les personnalités débridées des trois arrivants vont provoquer un véritable feu d’artifice entre Mingus, un vrai « newyorker », Marion disjonctée sur les bords, son père qui ne parle pas un mot d’anglais, sa sœur toujours en phase avec ses problèmes freudiens, et son petit ami… no comment ! Vous pouvez deviner la suite, ou pas…
« Avant, quand je pensais aux Français, je pensais à Godard, Renoir, aux surréalistes. Maintenant, je pense à d’étranges pratiques sexuelles avec une brosse à dents »
Décidément, Julie Delpy aime les films qui marchent par deux. A l’image de l’excellent diptyque « Before sunrise »/« Before sunset ». Six mois seulement après la sortie du « Skylab », elle nous revient avec « 2 days in New York », suite informelle de « 2 days in Paris » sorti sur nos écrans en 2007. Souvenez-vous : elle débarquait alors à Paris pour présenter son boyfriend à sa famille et lui faire découvrir notre belle capitale. Malheureusement, le choc des cultures était (forcément) au rendez-vous et l’encombrante famille Delpy (des parents grivois et envahissants, une sœur nympho, un ex embarrassant) créait des tensions dans le couple. Au tour cette fois de la famille Delpy de venir rendre visite à Marion et de découvrir la grosse pomme. Reste que cinq ans plus tard, pas mal de choses ont changé : l’héroïne est devenue mère, a perdu la sienne et a changé de boyfriend, vivant désormais avec Mingus, un animateur de radio black. Vous suivez toujours ?
« Tu abandonnerais les enfants à ton père juste pour tirer un coup ? »
Qui dit nouveau compagnon, dit nouvelles présentations. Et c’est là que le bât blesse : Julie Delpy reproduit peu ou prou les mêmes quiproquos et les mêmes malaises que dans son volet parisien en abusant encore une fois (et plus que de raison) des clichés sur les français. Papy Delpy, saucissons et camemberts scotchés sur le corps, est toujours aussi grivois (il pète et parle de cul et de branlette à tout va). Frangine Delpy est toujours la nympho de service (elle se balade à poil et chauffe Mingus à peine arrivée, avant de faire bruyamment l’amour dans la salle de bain). Quant à l’ex Delpy, il est toujours aussi vulgaire (dans l’ascenseur) et sans-gêne. Si la caricature trouvera probablement un écho favorable auprès du public américain, celle-ci, bien lourdingue, peinera davantage à faire rire le public français. Pourtant, tout n’est pas à jeter dans le film de Julie Delpy. A l’image de son introduction avec le spectacle de marionnettes, pleine de malice. Mais c’est quand la réalisatrice dévoile ses doutes et ses interrogations (sur la vie, la mort, la maternité, l’art, le temps qui passe…) dans une scène très faustienne (excellent Vincent Gallo) que le film trouve ses moments les plus intéressants. A noter aussi la belle performance de Chris Rock, qui apporte un peu de calme au milieu d’un film trop souvent hystérique. Loin de l’univers de son pote Adam Sandler, il prouve qu’il est capable de bonnes choses. Finalement, Paris et New York sont un peu les deux facettes de la réalisatrice. Et bien que le premier opus ne nous ait pas emballés outre mesure, on comprend son désir de faire cette suite. Qui demeure tout de même très inégale (en dépit de quelques bonnes choses). Et pas forcément nécessaire.
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