2012
« Le monde tel que nous le connaissons sera dici peu anéanti »
Les Mayas, l'une des plus fascinantes civilisations que la Terre ait portées, nous ont transmis une prophétie : leur calendrier prend fin en 2012, et notre monde aussi. Depuis, les astrologues l'ont confirmé, les numérologues l'ont prédit, les géophysiciens trouvent cela dangereusement plausible, et même les experts scientifiques gouvernementaux finissent par arriver à cette terrifiante conclusion.
La prophétie maya a été examinée, discutée, minutieusement analysée. En 2012, nous saurons tous si elle est vraie, mais quelques-uns auront été prévenus depuis longtemps... Lorsque les plaques tectoniques se mettent à glisser, provoquant de multiples séismes et détruisant Los Angeles au passage, Jackson Curtis, romancier, et sa famille se jettent à corps perdu, comme des millions d'individus, dans un voyage désespéré. Tous ne pourront pas être sauvés...
« Je vous ai vu regarder la fille du Président. Il va falloir penser à conclure fiston, la fin est proche ! »
Serait-ce le passage symbolique dun siècle à lautre ou alors les évènements qui lont entaché (comment ne pas penser au 11 septembre) ? Toujours est-il que les films catastrophe traitant de la fin du monde se multiplient depuis une décennie. Que les raisons soient écologiques (« Sunshine », « Je suis une légende », « 28 jours plus tard ») ou extraterrestres (« Prémonitions », « Le jour où la Terre sarrêta », « Cloverfield »), la Terre telle que nous la connaissons change irrémédiablement et lHomme en paye le plus lourd tribu, histoire de lui rappeler que la destruction déraisonnée de la nature le rend coupable de sa propre perte. Après lattaque extraterrestre d « Independance day » et la glaciation de la Terre (« Le jour daprès »), lallemand Roland Emmerich, en bon spécialiste du genre, samuse donc à détruire une nouvelle fois notre bonne vieille Terre et à éradiquer le genre humain en sappuyant cette fois sur une vieille et mystique prophétie Maya.
« Mais non dun chien, vous imaginiez quoi ? Quon embarquerait en se tenant par la main et en chantant Kumbaya ? »
Sur la forme, on le sait, Roland Emmerich est un bon faiseur. Tel Michael Bay, ce dernier connait sur le bout des doigts la partition du cinéma dEntertainment et nhésite jamais à faire dans la surenchère deffets spéciaux les plus bourrins, quitte à frôler loverdose, pour en mettre plein la vue à ses spectateurs. Véritable réussite visuelle, « 2012 » est en cela un des blockbusters les plus spectaculaires de ces dernières années. Pour autant, cela ne saurait suffire à faire un grand film. Car question scénario le film boit quand même assez vite la tasse. Il faut dire que cette relecture de lArche de Noé laisse franchement à désirer. Le scénario mêlant avec une terrible maladresse les références mystiques (les croyances Maya, lArche de Noé), les préoccupations écologiques actuelles, et les dénonciations bien démagogiques du libéralisme particulièrement cynique (seuls les riches et les puissants pourront être sauvés, mépris total du tiers-monde, à limage du scientifique indien ou des chinois, tout juste bons à bâtir les vaisseaux à moindre coût) en un maelstrom assez indigeste. Et comme si ce nétait pas assez suffisant, Emmerich enfonce le clou à grands renforts de poncifs idiots, comme cette image du président américain, seul chef dEtat à préférer partager le sort de son peuple (et écrasé par un porte-avion nommé JFK !), et de clichés éculés (linfâme et suffisant milliardaire russe, avec ses deux gros enfants agaçants et sa maitresse aux faux seins). Le tout finissant fatalement sur un message politiquement très correct et extrêmement démago (seule lAfrique a été épargnée et accueillera les rescapés). Le résultat est tout aussi raté du point de vue narratif, le réalisateur abusant des improbabilités et des grosses ficelles (les héros du film ont quand même un sacré bol de se sortir à chaque fois in extremis indemnes de tous les pièges tendus par les éléments déchainés). A noter quil gagnerait en efficacité sil perdait cette fâcheuse habitude détirer le temps (les deux minutes pour fermer la porte du vaisseau avant sa submersion doivent bien en durer 20 à lécran). Dune manière générale on reprochera à Roland Emmerich une certaine forme de boulimie, comme si « 2012 » devait servir dabécédaire citant tous les sous-genres du film catastrophe, depuis les films urbains (tels « La tour infernale ») jusquaux films maritimes (« Laventure du Poséidon »). Aussi spectaculaire soit-elle, au bout de 2h40, laventure « 2012 » se révèle épuisante. Et même si la survie de lHumanité est préservée, elle nen est pas moins décevante.
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