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31 Mar

3H10 pour Yuma - Remake de 2008

Publié par platinoch  - Catégories :  #Westerns

« Celui qui ferme la bouche sauve son âme. Celui qui l’ouvre tôt court à sa perte »

Arizona. Dan Evans désespère de voir la pluie tomber et mettre un terme à la sécheresse qui est en train d’avoir raison de sa petite exploitation. Criblé de dettes et dans l’incapacité de les payer, ses créditeurs commencent à s’en prendre à ses biens dans l’espoir de lui prendre au plus vite sa terre. Un jour, il assiste impuissant à l’attaque de la diligence et à son pillage par le célèbre criminel Ben Wade et sa bande. Ce dernier, sous le charme de la serveuse du saloon où il a fête son succès avec ses hommes, s’attarde imprudemment en ville. Suffisamment pour que les hommes du shérif, avec la complicité de Dan, puissent l’arrêter. Par peur des représailles de ses hommes, ils décident de l’éloigner le plus loin et le plus rapidement possible de la ville, afin de le faire juger. La meilleure solution ? Le mettre dans le train du lendemain à destination du pénitencier de Yuma. D’un commun accord, ils décident d’une diversion : les hommes du shérif feront croire qu’ils mèneront Wade jusqu’à la ville voisine, tandis qu’un groupe de braves volontaires mené par le représentant local de la compagnie de la diligence, conduira le vrai Wade dans la direction opposée, vers la gare de Contention. Moyennant une prime de 200 dollars qui lui permettrait de payer une partie de ses dettes et d’obtenir un sursis dans ses affaires, Dan accepte d’escorter Wade jusqu’à la gare. Une mission qui s’annonce particulièrement périlleuse…

« - Tu peux encore renoncer, Dan. Ça ne te rabaissera pas.

   - Non, je dois y aller Alice. Je suis fatigué de tout ça, terriblement fatigué. Fatigué de voir mes enfants crever de faim. Fatigué de la manière dont ils me regardent. Et fatigué de voir que tu ne me regardes plus »

Cinquante ans après la version originale signée Delmer Daves et portée par Glenn Ford et Van Hefling, James Mangold, réalisateur du remarqué « Walk the line », signe le remake de « 3h10 pour Yuma ». Un film qui était déjà l’adaptation d’une nouvelle écrite par Leonard Elmore, auteur dont les romans ont été très souvent adaptés sur grand écran (« Jackie Brown » de Tarantino, ou encore « Get shorty » et « Be cool »). Ce western psychologique aura énormément marqué le réalisateur puisqu’il s’était déjà inspiré de cette même histoire pour son deuxième long métrage, « Copland », réalisé en 1997 et porté par Sylvester Stallone. Voulant volontairement se démarquer de l’original en y apportant une vision personnelle et un peu de modernité, le scénario a largement été réécris et étoffé. Pour la petite histoire, Tom Cruise et Eric Bana étaient initialement pressentis pour interpréter respectivement Wade et Dan. Leur désistement successif laissera la place à Russel Crowe et Christian Bale. A noter également que le film a été tourné en un temps record de 54 jours dans le désert du Nouveau-Mexique. Contrairement au scénario qui fait référence à une période de sécheresse, le tournage hivernal aura été contrarié par le froid et les chutes de neige !

« Tu penses qu’on est toujours pas amis, Dan, mais à 2h55, on sera beaucoup plus proches que tu ne le crois »

Pour mémoire, « 3h10 pour Yuma » était à l’origine un western raffiné, où l’aspect psychologique primait sur l’action à proprement dite, et dont l’intérêt reposait dans le face-à-face subtil, entre bluff et séduction, opposant Ben Wade et Dan Evans. Deux personnages à la fois totalement antagoniques, et en même temps très proches dans leur vision du monde et dans leur courage, à travers lesquels Delmer Daves nous proposait une réflexion sur les notions de courage, de dignité, et de bien. Construit sur le même modèle que l’excellent « Le train sifflera trois fois » sorti quatre ans plus tôt, ce western valait plus pour son côté atypique que pour ses qualités à proprement parler. L’idée d’en faire un remake n’en paraissait que plus surprenante. D’autant que très vite, les a priori se confirment : multiplication inutile des séquences (ajout de passages comme la traversée du territoire indien ou de la poursuite dans une vallée tenue par une milice) et des personnages (le vétérinaire, le fils, l’homme de main du créditeur), choix d’avoir un scénario excessivement explicatif par nombres de détails là aussi inutiles (fermier qui boite pour nous rappeler qu’il a fait la guerre, incendie de sa grange pour nous dire qu’il est endetté, etc…), aucun de ces partis pris ne semblent justifiés ni pertinents. D’autant que Mangold va plus loin, optant pour un scénario spectaculaire, avec son lot de fusillades, son nombre hallucinant de cadavres, et ses personnages qui meurent de façon très théâtrale, qui va à l’encontre de l’esprit du film original, résolument plus épuré et sobre. A l’image d’un final, qui était dans la version d’origine très surprenant et qui faisait finalement le sel du film, et qui dans cette version, a été totalement transformé en un spectacle insatisfaisant et grand-guignolesque qui n’apporte pas grand chose. Certes, quelques scènes sont recopiées à l’identique (le dîner, la scène du bar), mais à la vue de l’ensemble, elles perdent beaucoup de leur tension et de leur saveur.

« Souviens-toi que ton père a emmené Ben Wade à la gare. Et qu’il était seul. »

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 Côté réalisation, Mangold se fait clairement plaisir en abusant des stéréotypes inhérents au genre du western (fusillades, courses poursuites, nombreux morts). Mais non content de trahir l’esprit du film de Daves, ces partis pris pénalisent également le film en en faisant un film très calibré qui ne diffère pas énormément des autres westerns tardifs des années 90 (« Mort ou vif », « Open range »). De même, on pourra critiquer le choix du réalisateur d’avoir rajouté pas mal de séquences tant son film souffre par moment de problèmes de rythme. Mais plus que tout, le vrai problème de Mangold, c’est que contrairement à ses modèles, il ne sait pas filmer ni se servir des paysages si particuliers et spectaculaires de l’ouest sauvages. Personnage à part entière dans les films de Ford, élément majeur dans la plupart des films du genre, les paysages sont filmés ici de manière lisse et ne viennent jamais créer une ambiance ou peser sur le récit. Côté interprétation, quelque soit la performance des comédiens, on ne pourra pas échapper à l’envie de les comparer à ceux de la version originale. A ce petit jeu, c’est Russell Crowe qui s’en sort le mieux. Charismatique, cynique, viril, parfois rieur, il a clairement l’étoffe pour donner chair à son personnage. N’étant de plus pas trop fan de Glenn Ford de manière générale, il m’a semblé très convaincant. Seul reproche qu’on pourrait lui faire : Ford apportait une dimension beaucoup plus méphistophélique à son personnage que Crowe n’arrive jamais à lui donner. A l’inverse, Christian Bale, d’habitude si bon, semble beaucoup trop fade pour le rôle de Dan. S’il en fait des caisses dans le boitement et dans la fausse humilité, il lui manque cette humanité que Van Hefling génialement apportait au personnage. A leur côté, les autres comédiens n’ont guère l’occasion de briller. Il faut dire que leur personnage, souvent rajoutés, restent très caricaturaux. A l’image d’Alan Tudyk en improbablé vétérinaire maladroit, Ben Forster en bras droit sanguinaire, ou encore Luke Wilson en tortionnaire expert en gégène. A noter également le clin d’œil de Peter Fonda, vétéran de la grande époque du western, et dont le personnage est là aussi caricatural à souhait. Restent les personnages féminins, qui ne retrouvent pas la dramaturgie et l’importance formelle qu’elles avaient dans le premier film. Objet de désir pour l’un et conscience pour l’autre, c’est elles qui causaient la perte de nos deux héros. Leur traitement ici s’avère beaucoup plus fade et anecdotique. Pour conclure, ce remake de « 3h10 pour Yuma » déçoit fortement par ses partis pris de violence et de spectaculaire qui dénature totalement l’esprit si sobre de l’original. Reste un film très formaté, qui à défaut de renouveler le genre, se laisse regarder sans réel déplaisir. Un remake qui n’était probablement pas indispensable.

  



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B
Tout comme Frizlangueur, je n'attendais rien au départ. La version originale, n'était pas spécialement le chef d'oeuvre du genre, celle-ci n'apporte rien de plus. A ne le voir qu'au secind degré, c'est un western moyen. A le comparer avec son ainé, il et clair qu'il perd sur tous les points, et préçisément, sur les aspects positifs de premier. Dommage, mais pas catastrophique.
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F
Je n'attendais rien en fait, et j'ai pris ce film pour ce qu'il est : un film d'acteurs de pur divertissement. Là dessus rien à dire. Crowe/Bale assurent, leur cabotinage fait plaisir à voir. Plutôt positif pour moi.
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