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24 Apr

The eye

Publié par platinoch  - Catégories :  #Epouvante-Horreur

« Ce n’est pas votre vue qui pose problème, c’est juste que vous avez été aveugle très longtemps »

Violoniste reconnue et de talent, Sydney est une jeune femme indépendante qui souffre de cécité. Ayant perdu la vue accidentellement une vingtaine d’années plus tôt, elle va enfin pouvoir recevoir une greffe de cornées, qui devrait lui permettre de retrouver la vue. Si l’opération s’avère être un franc succès, elle doit réapprendre à voir et à maitriser ce qu’elle voit, avec le soutient de son médecin, le Dr Paul Faulkner, et de sa sœur, responsable par le passé de son accident. Cependant, peu à peu, d’étranges et terrifiantes apparitions s’immiscent dans son champ de vision, sans explications rationnelles. Séquelles de l’opération ou dérive du cerveau ? Très vite, ses proches commencent à douter de la santé mentale de Sydney. Mais cette dernière, hantée par ses visions, décide de se mettre en quête de la défunte sur laquelle ont été prélevées les cornées, afin de comprendre l’inquiétant phénomène…

« Je sais que tu es terrifiée. Il ne faut pas : le monde est magnifique »

A l’instar de nombreux films d’épouvante sortis des studios Hollywoodiens ces dernières années (« The ring », « Dark water », « The grudge »), « The eye » est le remake d’un film asiatique (en l’occurrence thaïlandais) homonyme signés par les frères Pang. Film de commande, le remake a été confié à un duo de réalisateur français, Xavier Palud et David Moreau, dont le premier film, « Ils » (2006), avait été très remarqué. Ils viennent grossir le contingent des réalisateurs français partis tenter l’expérience américaine, et plus particulièrement dans le genre du film d’épouvante (Christophe Gans et son « Silent Hill », Alexandre Aja et « La colline a des yeux »). Pour la petite histoire, le film est inspiré d’un fait divers (le suicide inexpliqué d’une jeune femme sans problèmes peu de temps après qu’elle ai subit une greffe), et s’intéresse à un véritable phénomène scientifique (mais présenté ici de manière très extrapolé) appelé « Mémoire cellulaire ». Pour sa première semaine à l’affiche, le film a décroché une jolie seconde place au box-office américain enregistrant 13 millions de dollars de bénéfices. Prometteur pour les réalisateurs, ces chiffres étaient également encourageants pour la sortie européenne du film.

« Je vais vous aider à voir le monde tel qu’il est »

N’ayant pas vu le film original, je serai mal avisé de pouvoir faire ici une comparaison. Néanmoins, « The eye » est une production assez décevante. Quelque part entre « Le sixième sens » (M. Night Shyamalan – 2000) et « La voix des morts » (Sax – 2005), le film de Palud et Moreau pèche par son manque d’originalité et son côté inventaire exhaustif de tout ce qui a été fait avant. Entre les traditionnels visions de morts et de spectres, les cauchemars prémonitoires, la répétition du réveil en trombe à la même heure, ou encore le jeu sur les sons, rien n’est fait ici pour nous surprendre. Formaté au possible, les deux réalisateurs passent totalement à côté de leur sujet, oubliant totalement qu’ils avaient entre les mains une thématique – l’univers des aveugles, le monde du noir et de l’invisible - qui a défaut d’être totalement nouvelle, était pour le coup potentiellement flippante et anxiogène. Mais plutôt que de jouer à fond sur la carte de l’invisible, de l’indicible, et du mystère, ces derniers se bornent à user d’artifices stéréotypés, faciles, et finalement plus risibles qu’autre chose. Comme cette vision du gamin censé être mort qui réclame continuellement son bulletin de notes. On a déjà vu plus flippant! De même, les réalisateurs avaient-ils réellement besoin de passer par tous les artifices inutiles très hollywoodiens qui cassent l’ambiance d’un film, comme cette scène où l’héroïne stoppe net un skateur imprudent sur le point de traverser, comme pour bien souligner qu’en étant aveugle, elle a su développer d’autres manières de perception pour s’approprier son espace ? On regrettera également qu’ils n’aient pas su exploiter davantage la carte de la critique de la société, trop cartésienne, qui ne croit que ce qu’elle voit et brûle ce qu’elle ne voit pas ou ne veux pas voir. Cette facilité hollywoodienne se retrouve aussi dans le scénario, puisque très vite, la question de yeux sera abandonnée pour un dernier tiers de film façon « The ring », où l’héroïne partira en quête de l’origine de son mal pour mieux le conjurer. Mais là encore, le happy-end et le côté ultra prévisible et convenu de la chose n’a que bien peu d’intérêt.

« Vous avez renoncé. Vous avez eu peur et vous vous êtes replongée dans le noir »

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 Côté réalisation, pas beaucoup d’originalité non plus, même si on sent que les deux réalisateurs étaient sans aucun doute pleins de bonnes attentions. Notamment en ce qui concerne le choix des décors, très froids et géométriques, ou dans le travail des lumières. Mais l’ensemble brille quand même pas son côté trop lisse. De même, leur film souffre d’un petit problème de rythme : non pas qu’il y ait réellement de temps morts, mais pour un film d’épouvante, l’ensemble aurait mérité une mise en scène un peu plus punchy. Côté interprétation, ce n’est pas beaucoup plus probant. Jessica Alba, qui voyait là l’occasion de changer un peu de registre ne peut s’empêcher de jouer les potiches de service. Mono expressive, elle demeure trop fade pour ce personnage complexe à la fois fragile et fort, misant de nouveau tout sur son physique agréable. Face à elle, pas grand chose à retenir : la pétillante Parker Posey qu’on a connu mieux inspirée cachetonne à mort, tandis qu’Alessandro Nivola joue les bellâtres de service, plus play-boy qu’ophtalmologiste. A l’image des récents et nombreux remakes de films d’épouvante made in Hollywood, « The eye » n’est qu’un produit formaté et ultra calibré de plus. Manquant cruellement d’originalité, de personnalité, de punch, et surtout d’un vrai climat angoissant, le film ne dépasse jamais le statut de gros nanar à pop-corn très médiocre. Sans intérêt.

  



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B
Ce que je en comprends pas, c'est pourquoi tant de remake pour tant de ratage. Sur un thème aussi séduisant, il y avait matière à plein de scénarii sympas. Dommage, parce que Jessica est vraiment mignone et bourée de talent, mais gaché par des rôles sans consistance.
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