The eye
« Ce nest pas votre vue qui pose problème, cest juste que vous avez été aveugle très longtemps »
Violoniste reconnue et de talent, Sydney est une jeune femme indépendante qui souffre de cécité. Ayant perdu la vue accidentellement une vingtaine dannées plus tôt, elle va enfin pouvoir recevoir une greffe de cornées, qui devrait lui permettre de retrouver la vue. Si lopération savère être un franc succès, elle doit réapprendre à voir et à maitriser ce quelle voit, avec le soutient de son médecin, le Dr Paul Faulkner, et de sa sur, responsable par le passé de son accident. Cependant, peu à peu, détranges et terrifiantes apparitions simmiscent dans son champ de vision, sans explications rationnelles. Séquelles de lopération ou dérive du cerveau ? Très vite, ses proches commencent à douter de la santé mentale de Sydney. Mais cette dernière, hantée par ses visions, décide de se mettre en quête de la défunte sur laquelle ont été prélevées les cornées, afin de comprendre linquiétant phénomène
« Je sais que tu es terrifiée. Il ne faut pas : le monde est magnifique »
A linstar de nombreux films dépouvante sortis des studios Hollywoodiens ces dernières années (« The ring », « Dark water », « The grudge »), « The eye » est le remake dun film asiatique (en loccurrence thaïlandais) homonyme signés par les frères Pang. Film de commande, le remake a été confié à un duo de réalisateur français, Xavier Palud et David Moreau, dont le premier film, « Ils » (2006), avait été très remarqué. Ils viennent grossir le contingent des réalisateurs français partis tenter lexpérience américaine, et plus particulièrement dans le genre du film dépouvante (Christophe Gans et son « Silent Hill », Alexandre Aja et « La colline a des yeux »). Pour la petite histoire, le film est inspiré dun fait divers (le suicide inexpliqué dune jeune femme sans problèmes peu de temps après quelle ai subit une greffe), et sintéresse à un véritable phénomène scientifique (mais présenté ici de manière très extrapolé) appelé « Mémoire cellulaire ». Pour sa première semaine à laffiche, le film a décroché une jolie seconde place au box-office américain enregistrant 13 millions de dollars de bénéfices. Prometteur pour les réalisateurs, ces chiffres étaient également encourageants pour la sortie européenne du film.
« Je vais vous aider à voir le monde tel quil est »
Nayant pas vu le film original, je serai mal avisé de pouvoir faire ici une comparaison. Néanmoins, « The eye » est une production assez décevante. Quelque part entre « Le sixième sens » (M. Night Shyamalan 2000) et « La voix des morts » (Sax 2005), le film de Palud et Moreau pèche par son manque doriginalité et son côté inventaire exhaustif de tout ce qui a été fait avant. Entre les traditionnels visions de morts et de spectres, les cauchemars prémonitoires, la répétition du réveil en trombe à la même heure, ou encore le jeu sur les sons, rien nest fait ici pour nous surprendre. Formaté au possible, les deux réalisateurs passent totalement à côté de leur sujet, oubliant totalement quils avaient entre les mains une thématique lunivers des aveugles, le monde du noir et de linvisible - qui a défaut dêtre totalement nouvelle, était pour le coup potentiellement flippante et anxiogène. Mais plutôt que de jouer à fond sur la carte de linvisible, de lindicible, et du mystère, ces derniers se bornent à user dartifices stéréotypés, faciles, et finalement plus risibles quautre chose. Comme cette vision du gamin censé être mort qui réclame continuellement son bulletin de notes. On a déjà vu plus flippant! De même, les réalisateurs avaient-ils réellement besoin de passer par tous les artifices inutiles très hollywoodiens qui cassent lambiance dun film, comme cette scène où lhéroïne stoppe net un skateur imprudent sur le point de traverser, comme pour bien souligner quen étant aveugle, elle a su développer dautres manières de perception pour sapproprier son espace ? On regrettera également quils naient pas su exploiter davantage la carte de la critique de la société, trop cartésienne, qui ne croit que ce quelle voit et brûle ce quelle ne voit pas ou ne veux pas voir. Cette facilité hollywoodienne se retrouve aussi dans le scénario, puisque très vite, la question de yeux sera abandonnée pour un dernier tiers de film façon « The ring », où lhéroïne partira en quête de lorigine de son mal pour mieux le conjurer. Mais là encore, le happy-end et le côté ultra prévisible et convenu de la chose na que bien peu dintérêt.
« Vous avez renoncé. Vous avez eu peur et vous vous êtes replongée dans le noir »
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Côté réalisation, pas beaucoup doriginalité non plus, même si on sent que les deux réalisateurs étaient sans aucun doute pleins de bonnes attentions. Notamment en ce qui concerne le choix des décors, très froids et géométriques, ou dans le travail des lumières. Mais lensemble brille quand même pas son côté trop lisse. De même, leur film souffre dun petit problème de rythme : non pas quil y ait réellement de temps morts, mais pour un film dépouvante, lensemble aurait mérité une mise en scène un peu plus punchy. Côté interprétation, ce nest pas beaucoup plus probant. Jessica Alba, qui voyait là loccasion de changer un peu de registre ne peut sempêcher de jouer les potiches de service. Mono expressive, elle demeure trop fade pour ce personnage complexe à la fois fragile et fort, misant de nouveau tout sur son physique agréable. Face à elle, pas grand chose à retenir : la pétillante Parker Posey quon a connu mieux inspirée cachetonne à mort, tandis quAlessandro Nivola joue les bellâtres de service, plus play-boy quophtalmologiste. A limage des récents et nombreux remakes de films dépouvante made in Hollywood, « The eye » nest quun produit formaté et ultra calibré de plus. Manquant cruellement doriginalité, de personnalité, de punch, et surtout dun vrai climat angoissant, le film ne dépasse jamais le statut de gros nanar à pop-corn très médiocre. Sans intérêt.
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