Agathe Cléry
« Paraboles sur le balcon, arabes dans le salon »
Agathe Cléry est une vraie working girl du XXIe siècle. Brillante directrice du marketing d'une ligne de cosmétiques spéciale "peaux claires", elle n'est néanmoins guère appréciée de ses collègues qui la trouvent dure, hautaine et la savent raciste.
Le jour où on lui annonce qu'elle est atteinte de la maladie d'Addison, maladie rarissime qui va la faire noircir, Agathe refuse de croire à une telle malédiction. Pourtant, un beau matin, elle se retrouve aussi noire que tous ceux qu'elle détestait jusqu'à maintenant.
Commence alors pour Agathe un long parcours initiatique durant lequel elle va subir moult trahisons, perdre tout ce qui lui était le plus cher, mais toutes ces humiliations vont petit à petit métamorphoser la " dure, hautaine et raciste " qu'elle était, et lui ouvrir les portes d'une nouvelle vie...
« Et vos cheveux frisent aussi ? »
Cinéaste référence dans lunivers de la comédie française, Etienne Chatiliez sest pourtant faire rare au cinéma, ne signant avec « Agathe Cléry » que son sixième long métrage en vingt ans, après « La vie est un long fleuve tranquille » (1988), « Tatie Danielle » (1990), « Le bonheur est dans le pré » (1995), « Tanguy » (2001) et « La confiance règne » (2004). Réputée insolente et grinçante, luvre de Chatiliez semble cependant sassagir dangereusement de film en film. Contre toute attente, « Agathe Cléry » est inspiré dune histoire vraie, celle dune sud-africaine véritablement atteinte de la maladie dAddison (qui est une vraie maladie qui existe !) pendant lApartheid. A noter quen raison de son format de comédie musicale qui nécessitait de grands moyens (près de 400 danseurs), le film a coûté 21 millions deuros pour un tournage étalé sur 21 semaines.
« Je suis pas noire, je suis malade je suis normande ! »
Une blanche raciste doit faire face à une maladie qui la transforme progressivement en noire. Voilà un synopsis particulièrement barré et absurde qui promettait une comédie bien dingue! Et ce dautant plus que le film était signé par Etienne Chatiliez, dont lhumour irrévérencieux, grinçant et vachard était la marque de fabrique. Malheureusement, cétait sans compter sur lassagissement ou la sénilité du réalisateur, coupable ces dernières années de films pas drôles et totalement ratés, à limage de « Tanguy » ou de « La confiance règne ». Et ce « Agathe Cléry » ne viendra pas relever le niveau. Tout dabord parce que Chatiliez tombe dans le piège de la facilité et du politiquement correct : si la dénonciation du racisme est toujours bienvenue, on était en droit de sattendre à plus irrévérencieux que le schéma « elle est blanche, devient noir, et finit par tomber amoureuse dun noir ». Un comble en soit pour un film qui se voulait provoc et méchant. Dautant que le film ultra démonstratif et lourdingue enfile les poncifs avec autant de subtilité quun éléphant dans un magasin de porcelaine : les noirs ont le rythme dans la peau, se font contrôler de manière condescendante par les forces de lordre, subissent la discrimination sur le marché du travail (ce qui fait quelque peu réagir lauteur de ce post, qui tout en étant blanc, a quand même subit 14 mois de chômage, comme quoi !), et forcément ont un gros sexe. Le tout agrémenté de passages chantés et chorégraphiés censés jouer la carte de lhumour décalé et léger mais qui savèrent très vite insupportables et pathétiques. A cela, il faut ajouter que ce « Agathe Cléry » se révèle profondément ringard : sans revenir sur lactualité récente (lélection dObama) qui contredit un peu le propos du film, Chatiliez surprend par lobsolescence de son discours, dune naïveté et dun politiquement correct hallucinant, semblant oublier que des films comme « Devine qui vient diner ? » ou « Hairspray » proposaient des diatribes autrement plus méchantes et intelligentes il y a respectivement 40 et 25 ans de cela. Devant la faiblesse du discours et la bêtise affligeante de lensemble, on ne retiendra finalement que la performance de Valérie Lemercier, dont la folie et la démesure parviennent à nous arracher deux trois sourires. On ne peut pas en dire autant dAnthony Kavanagh, qui fait preuve dun hallucinant manque total de charisme et de sex-appeal, pourtant nécessaire pour ce rôle. Au final, « Agathe Cléry » demeure un film raté, pas drôle et profondément ringard. Comme si Chatiliez avait troqué toute son irrévérence et tout son mordant pour une naïveté le poussant à faire du Pierre Jolivet (ce qui pour moi nest pas un compliment). Devant tant de ringardise, on se dit quil y a des fois où il faut savoir sarrêter sans faire le film de trop. En tant que spectateurs, on ne nous y reprendra plus. Promis !
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