Another happy day
« Suis-je une mauvaise mère ? »
Lynn débarque chez ses parents pour le mariage de son fils aîné, Dylan. Elle est accompagnée de ses deux plus jeunes fils, Ben et Elliot. La propension de ce dernier à mélanger alcool, drogues et médicaments ne le prive pas d'une certaine lucidité sur la joie des réunions de famille. Et la réunion, de fait, est joyeuse : grands-parents réac, tantes médisantes, cousins irrémédiablement beauf.
Sans compter le premier mari de Lynn qui arrive flanqué de sa nouvelle femme tyrannique. Chaque matin annonce décidément un nouveau jour de bonheur. Une comédie sur des adultes en guerre, des ados en crise et le mariage qui les rassemble tous... pour meilleur et pour le pire.
« Tu veux dire que la seule chose qui nous unit, ce sont les pires moments de la vie ? »
Les chiens ne font pas de chats. Après une poignée d’apparitions devant la caméra, un scénario (« Operation endgame », sorti en direct-to-dvd) et un projet avorté (un documentaire sur le peintre Robert Rauschenberg), Sam Levinson, fils du célèbre réalisateur Barry Levinson (« Good Morning Vietnam », « Des hommes d’influences » et surtout « Rain man » pour lequel il a obtenu l’Oscar du meilleur réalisateur), se lance à son tour dans la réalisation avec « Another happy day », son premier film. Rencontrée sur le tournage de « Operation endgame », Ellen Barkin en a tellement apprécié le scénario qu’elle a non seulement accepté d’en tenir le rôle principal mais aussi de le produire. Présenté au Festival de Sundance, le film y a remporté le Prix du Meilleur Scénario.
« L’herbe ce n’est pas de la drogue, c’est comme un nounours ! J’ai arrêté les trucs forts, je ne prends plus que des drogues normales pour ados ! »
A ses traits marqués et à sa cinquantaine abîmée, on devine que la vie de Lynn n’a pas toujours été facile. On en a même la confirmation quand on découvre sa famille : un fils toxicomane, une fille suicidaire, des parents mal aimant, ou encore un ex-mari qui la frappait et qui lui a ôté la garde de son aîné. Qu’on se le dise, Lynn a une vie de merde. Alors forcément, elle pleure beaucoup, elle crie beaucoup et se gave de médocs. Pourtant, pour le mariage de son fils, la famille se réunit. A cette occasion, Lynn devra faire face aux critiques et au manque de compassion de sa famille tout en essayant de préserver ses enfants les plus fragiles. Construit sur le mode de « Rachel se marie » (Demme, 2008), Levinson se sert du mariage – cérémonie a priori festive – pour se livrer à un grand règlement de comptes. Bien que pas franchement nouveau, l’exercice aurait pu être jouissif. A condition toutefois de ne pas donner dans une surenchère d’hystérie collective rendant tous les personnages plus détestables les uns que les autres. Surtout, il aurait été bienvenu de sa part de nous donner les clés pour comprendre son intrigue. A commencer par savoir pourquoi tout le monde en veut autant à cette pauvre Lynn (ridicule la scène où le grand-père félicite son ex-gendre d’avoir assumé le fait qu’il battait sa propre fille !). Peu importe alors que Levinson ait devant sa caméra un casting aussi prestigieux (les oscarisés Ellen Burstyn et George Kennedy notamment), les deux heures de son film ressemblent à une torture interminable. La première purge de 2012.
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