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01 Jan

Australia

Publié par platinoch  - Catégories :  #Drames

« Une rose anglaise dépérira dans le bush »

Fin des années 30. Lady Sarah Ashley, une aristocrate anglaise hautaine et renfermée, arrive au coeur des paysages sauvages du Nord de l'Australie pour y rejoindre son mari qu'elle soupçonne d'adultère, et qui tente - sans succès - de vendre l'immense domaine qu'ils possèdent sur place : Faraway Downs. Elle ne tarde pas à découvrir que l'exploitation est au bord de la ruine et menacée par son propre contremaître, Neil Fletcher, un homme sans scrupules de mèche avec un puissant éleveur, prêt à tout pour précipiter la chute du domaine et s'en emparer. Pour sauver Faraway Downs, Sarah n'a pas d'autre choix que de s'allier à un "cow-boy" local un peu rustre connu sous le seul nom de "Drover", et de parcourir avec lui des milliers de kilomètres à travers les terres aussi magnifiques qu'inhospitalières du pays afin de mener jusqu'à Darwin 1500 têtes de bétail. Peu à peu transformée par la puissance et la beauté des paysages, touchée par la rencontre d'un jeune aborigène orphelin, Sarah découvre des sentiments qu'elle n'avait jamais éprouvés jusqu'alors. Au terme de leur périple, la seconde guerre mondiale a rattrapé l'Australie, et la ville de Darwin doit désormais faire face aux bombardements japonais. Pour la première fois de sa vie, Sarah sait pour qui et pour quoi se battre, et est prête à tout pour sauver ce qui compte désormais pour elle.

« Je suis aussi capable qu’un homme »

Après avoir enchainé les nanars à gros budgets hollywoodiens, Baz Luhrmann souhaitait ardemment réaliser une grande fresque historique d’aventures et d’amour dans la lignée de celles produites par Hollywood à l’époque de l’âge d’or des studios. Une grande fresque idéalement consacrée à l’Australie, pays natal du réalisateur. Avec ses décors majestueux, son Histoire riche et trouble (comme la question des « Générations perdues » qui permet de revenir sur la terrible et raciste politique menée à l’encontre des Aborigènes), l’Australie offrait en effet un décor idéal pour une saga de ce genre. Ne manquait plus qu’à réunir la crème des comédiens locaux (ou du moins, les plus connus) dans cette superproduction pour en faire l’un des films évènements les plus attendus de l’année. A noter qu’ « Australia » n’est que le quatrième long métrage de Baz Luhrmann en plus de 15 ans, après « Ballroom dancing » (1991), « Romeo + Juliet » (1997) et « Moulin Rouge ! » (2001).

« La fierté ne mène à rien »

« Australia » ou la grande fresque « à l’ancienne » qui accouche d’un ratage total. Rien de bien étonnant de la part de Baz Luhrmann, pire tâcheron hollywoodien de sa génération, coupable des naufrages « Romeo + Juliet » et « Moulin Rouge ! ». Car le bonhomme souffre d’une folie des grandeurs chronique, le poussant à faire plusieurs films en un plutôt que de s’en tenir à en réussir un seul. Bien que construit sur un modèle similaire à celui de « Out of Africa », le récit de ce « Australia » se perd dans une multitude d’intrigues toutes secondaires (le convoi du bétail, la romance, la relation maternelle avec le petit enfant aborigène, la guerre, la rivalité avec le gros éleveur local), brassant inutilement des genres très différents (western, romance, film historique, film de guerre, film d’aventures, comédie, magie), pour donner lieu au final à un espèce de patchwork de bouts de films sans réelle unité ni cohérence. Etalant en vrac sa culture cinématographique dans une succession de clins d’œil aussi boursoufflés qu’inutiles (« Casablanca » quand le héros empêche son compagnon de siffler l’air qui lui rappelle sa bien-aimée, « Autant en emporte le vent » avec un « Missis Boss » qui vient remplacer le « M’aame Sca’lett », « The african queen » pour l’opposition classique de la bourgeoise prude et de l’aventurier rude et solitaire, « Out of Africa » pour la trame générale de la romance, ou encore « Pearl Harbor » pour l’attaque des japonais), le réalisateur ne parvient jamais à dépasser le stade de l’hommage, du film « à la manière de », pour imposer une œuvre personnelle avec son caractère propre. Dans cet univers très calibré, le scénario de « Australia » se perd dans le cliché de la romance exotique la plus kitsch, qui en fait des caisses en jouant la surenchère de thématiques (magie et chamanisme) et de détails (le gamin qui arrête le troupeau au bord de la falaise, le grand-père aborigène qui est partout) venant discréditer un peu plus un film déjà extraordinairement factice.

« Quand elle est arrivée, Missis Boss regardait sans voir. Désormais, elle a ouvert les yeux »

Car au fond, c’est bien là le problème : cet « Australia » manque cruellement, charnellement de souffle épique et d’émotion. En outre, la romance qui nous était vendue comme flamboyante se montre extraordinairement pâle, fade, et pour tout dire, on ne sent jamais vraiment la passion consumante et déchirante. Si votre serviteur était méchant, il dirait que ce film est aussi romantique qu’une chanson d’Hélène Ségara. Il faut dire que Nicole Kidman, à l’évidence plus préoccupée à l’idée d’être belle à l’écran (elle est vraiment la reine du battement de cils futile) que de donner vie à son rôle, ne parvient jamais à tirer le film vers le haut. Il en va de même pour cet horripilant gamin à la candeur de pacotille et pour son grand-père unijambiste, qui s’illustre dans un lancé de javelot olympique qui clôt le film de manière franchement ridicule. Finalement, c’est encore Hugh Jackman (l’homme le plus sexy du monde à en croire Maman Platinoch) qui s’en sort le mieux. Même si le film est totalement raté, il aura au moins le mérite de montrer que ce dernier, par son charisme et son physique, mérite mieux que des rôles à la Wolverine. A l’image d’une réalisation foireuse (effets de caméra pipeaux avec abus de travellings rapides et de ralentis, photographie horrible et kitsch avec lumières artificielles d’une rare laideur), Luhrmann – comme on pouvait s’y attendre – passe totalement à côté de son sujet et de son film. Faute de sentiments, de passion, d’émotions et de souffle épique, ce qui devait être une grande fresque romanesque flamboyante ne demeure au final qu’un triste roman photo factice et sans saveur de 2h40. Pour être honnête, l’ensemble est aussi factice que la longue pub pour du parfum que Kidman avait tourné il y a quelques années (et déjà réalisé me semble-t-il par Luhrmann). Une sorte de blague à 130 millions de dollars. S’il a encore un peu de dignité, l’ami Luhrmann devrait avoir l’honnête de renoncer et changer de métier.

  



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B
Critique rude mais tellement bien vue. J'avoue en avoir toussoté de rire à eux reprises tant ce "film" est d'un pathétique ridicule. En plus, Luhrmann réussit à rendre l'Australie laide à voir, alors qu'il y a des merveilles de paysages... dans la réalité !
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