Bande de sauvages
« Jai pas autant chialer quand jai vu mon père claquer »
Puisque les premières semaines de lété amènent toujours leurs lots de comédies pas toujours très inspirées, les sorties du mois de juin donnent souvent le ton de ce qui nous attend en juillet et août. Alors, quoi de neuf du côté de la comédie américaine ?
Pas grand chose de bien neuf à priori, si ce nest le film « Bande de sauvages », annoncé à coups de critiques presses catastrophiques, malgré le réel succès du film outre-Atlantique. Il faut dire que son réalisateur, Walt Becker, nest connu chez nous que pour le film « American party », énième teen comédie, qui na pas apporté grand chose depuis « American pie ». Vu sous cet angle, cette « Bande de sauvages » promettaient en effet le pire. Résultats des courses.
« Cest sûr votre job est pire que le mien »
Lhistoire :
Côte Est. Quatre amis quinquas au train de vie aisé, se retrouvent à lheure des bilans. Entre celui dont la femme part, celui qui na pas réussi à écrire son bouquin et qui doit reprendre son travail de plombier, celui qui rêvait daventures et qui doit se satisfaire de sa vie bien rangée, et le timide et maladroit de service qui a peur des femmes, nos quatre héros décident de soctroyer quelques jours loin des familles pour traverser lAmérique en moto, histoire de faire un peu le point. Mais à vouloir jouer les bickers, ils finissent par tomber sur une vraie bande de motards, façon ZZ top et franchement patibulaires, qui décident de leur pourrir leur séjour. Mais lorsquon décide de reprendre sa vie en main, on se doit daffronter tous les problèmes, même si cela ressemble à une mission kamikaze
« Tu vas pas faire faillite. Tu as fait faillite »
Il y a des films pour lesquels on a limpression que tout est dit dans le synopsis. Celui-ci en fait partie, tant lhistoire sent le déjà-vu à plein nez. Cette histoire de quinquas aux vies finalement très réussies (argent qui coule à flots, grosses maisons et voitures, femmes belles et plus jeunes, enfants avec des têtes daffiches publicitaires, la vraie « American way of life » !) qui partent à laventure pour faire le bilan de leurs vies a inspiré un nombre incalculable de films. La référence du genre étant pour moi linégalable « La vie, lamour, les vaches », porté par lexcellent Billy Crystal. Film qui a dailleurs du également inspiré le peu inspiré Walt Becker, dont la référence ultime semble être le très subversif « Easy riders », de Dennis Hopper, qui dans lélan de 1968 offrait un appel à la liberté et critiquait une certaine Amérique en dressant le portrait dune nation faite de préjugés et de puritanisme.
« Jaurai voulu la faire rire, mais je connais que des blagues sur les noirs »
Hélas, si les références du film sont louables, elle sont passées à la moulinette du film grand public et familial. On sétonne dailleurs presque que le film ne soit pas produit par Disney tant tout y est extrêmement gentillet. A ceci prêt que les gags, toujours éculés, et ras des pâquerettes, ne sont pas calibrés pour les jeunes enfants. Mais quand même, lami Becker a sorti lartillerie lourde, sans se soucier des proportions et de la subtilité. Ainsi, on a droit à toute la gamme des mauvais gags, comme le caca doiseau qui retombe sur nos héros lorsquils conduisent à moto, la famille qui pêche lécrevisse en même temps que nos héros qui sont tous nus et qui prennent un bain sauvage, en passant par le tartinage de gros méchant biker à grand coup de ketchup. Vous avez dit marrant ?
Mais le pire reste encore à venir puisque le film nous distille tout du long et surtout à la fin, la sacro-sainte morale made in USA. Nos héros perdus dans leur crise de remise en question doivent ainsi héroïquement assumé des responsabilités, redécouvrir les valeurs de lamitié et limportance de la famille. En outre, ils sauvent également une gentille communauté rurale dune horde de motards violents et voleurs. Ça cest du message, yeah !
« Roulez à fond ou restez chez vous »
Plombé par son scénario franchement crétin, le film lest également par une mise en scène jamais inventive ni dynamique. Becker ne se sert jamais non plus des fantastiques paysages grandioses quil avait pourtant sur toute la longueur de son itinéraire. Les acteurs ne sont pas au rendez-vous non plus, la palme du plus mauvais comédien revenant même à Travolta, qui cabotine et cachetonne à mort. Ses excès en tout genre, dans ses mimiques et dans ses rires forcés sonnent toujours très faux. Et il nous impose une fois de plus son numéro de danse. A ses côtés, Ray Liotta, Martin Lawrence et Tim Allen surjouent en permanence, la faute entre autre à des personnages ultra caricaturaux. Reste William H. Macy, dont le jeu toujours juste sauve les meubles in extremis.
Comédie familiale sur la remise en question de sa vie à la cinquantaine, cette « Bande de sauvages » avait tout pour promettre une bonne comédie et un bon divertissement. Mais voilà, quand on a un scénariste qui écrit avec ses pieds, des gags éculés, des situations comiques navrantes, un réalisateur aussi subtil quun éléphant dans un magasin de porcelaine, des acteurs qui cachetonnent, et une morale bien lisse pour pétrir lensemble, on obtient une comédie jamais marrante, souvent navrante, qui ne décolle jamais de la chaussée. Un conseil, taillez la route !!!
Commenter cet article