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14 Mar

Batman: The dark knight

Publié par platinoch

« Je crois que ce qui ne tue pas rend plus… bizarre ! »

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Batman aborde une phase décisive de sa guerre au crime. Avec l'aide du lieutenant de police Jim Gordon et du nouveau procureur Harvey Dent, Batman entreprend de démanteler les dernières organisations criminelles qui infestent les rues de sa ville. L'association s'avère efficace, mais la pègre fait appel à gangster beaucoup machiavélique et imprévisible pour se défendre. le trio se heurte donc bientôt à un nouveau génie du crime qui répand la terreur et le chaos dans Gotham : le Joker...

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« On meurt en héros, ou on vit assez vieux pour s’avilir »

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Après quatre épisodes inégaux (les deux signés Burton, géniaux, et les deux signés Schumacher, totalement insignifiants), Christopher Nolan décidait courageusement de relancer la franchise. Mais en faisant totalement abstraction des opus précédemment réalisés, afin d’imposer sa propre vision de l’univers de l’homme chauve-souris. « Batman Begins » (2005), premier opus de la trilogie annoncée par Nolan, imposait ainsi un Batman beaucoup plus sombre et se focalisait beaucoup plus sur sa psychologie. Tournage monumental (entre Chicago, Londres et Hong-Kong), budget colossal (180 millions de dollars), le film était annoncé comme l’un des évènements cinématographiques majeurs de l’année 2008. Le décès dramatique et brutal de Heath Ledger, dont la performance en Joker était annoncée comme étant magistrale, a sans doute donnée une dimension, une aura supplémentaire à ce film, qui aura battu tous les records de fréquentation au box-office américain.  Alors que le dernier opus de la trilogie devait être centré sur le procès du Joker, la disparition brutale d’Heath Ledger oblige donc Christopher Nolan à revoir totalement sa copie. Ce troisième volet est néanmoins annoncé pour 2011. Le film a obtenu deux Oscars, celui du Meilleur son, et surtout, celui ultra mérité de Meilleur acteur dans un second rôle pour Heath Ledger, qui devient le second acteur oscarisé à titre posthume, après Peter Finch (Meilleur acteur en 1977 pour « Network »).

« Accrochons un sourire à ce visage »

On croyait le genre usé jusqu’à la corde, condamné à mourir de sa belle mort, tant les productions, ultra calibrées, se ressemblaient toutes les unes les autres (« Iron man », « Les 4 fantastiques », « Hulk »). C’était sans compter sur Guillermo Del Toro (« Hellboy ») et surtout sur Christopher Nolan, qui avait tenté le pari fou de revisiter les aventures de l’homme chauve-souris après le désastre des deux épisodes signés Joel Schummacher. Et si son premier « Batman Begins » ne nous avait pas forcément convaincu, force est de constater que ce « The dark knight » renouvelle totalement le genre. Car jamais film de super-héros ne s’était jusqu’ici appuyé sur un scénario aussi dense et aussi sombre. Bien loin des méchants trop peu charismatiques du premier opus (pauvre Liam Neesson), « The dark knight » propose un face à face beaucoup plus complexe entre quatre personnages, à la fois très antagoniques, mais tous animés par le même désir d’absolu, quelle qu’il soit (justice, chaos, pouvoir, ordre). Quatre visages d’une même société, tous intimement liés par le destin, chacun des personnages n’existant que par l’existence des autres. La grande force du film de Nolan, c’est avant tout d’aller beaucoup plus loin que les autres films du genre, en sondant véritablement l’âme humaine et celle de la société. Car là où les autres films se limitent à une simpliste opposition du Bien et du Mal, « The Dark knight » propose une réflexion plus poussée, d’où aucune âme ne ressort vraiment indemne. Aussi machiavélique et violent soit-il, le Joker se place avant tout dans la critique d’une société aseptisée, qui n’accepte plus la différence, et qui ne vit que pour l’argent. Batman pour sa part, est tellement obsédé par la justice qu’il enfreint en permanence les lois et la morale (comme la surveillance de la ville par les téléphones portables) pour atteindre son idéal d’ordre. Et que dire des loyalistes ? Même les âmes les plus nobles, comme celle d’Harvey Dent, se révèlent tôt ou tard corruptibles et prêtes à céder à la dérive totalitaire. Nolan réussit par ailleurs un véritable tour de force en replaçant son histoire dans une Gotham City qui est le parfait miroir de l’Amérique traumatisée et paranoïaque de l’après 11 septembre (l’effondrement de l’hôpital renvoie clairement à la chute des tours). Que dire dès lors du questionnement moral du réalisateur qui met face à face, le temps d’une incroyable scène, deux ferries peuplés respectivement de gens « ordinaires » et des taulards, chacun pouvant faire sauter l’autre ?

« Batman est le héros que Gotham mérite, mais pas encore celui qu’il lui faut »

Bourré d’actions, de suspense et de rebondissements, « The Dark knight » réussit à passionner et à tenir en haleine le spectateur pendant ses 2h30. Mieux encore, Christopher Nolan s’illustre également par la classe de sa mise en scène, à la fois sobre et virtuose, qui valorise pleinement l’aspect spectaculaire et crépusculaire de l’ensemble. Mais l’œuvre ne serait rien non plus sans la classe impeccable et le talent de ses acteurs, à commencer par le génial Heath Ledger, totalement habité par ce personnage du Joker à qui il apporte sa folie macabre, réussissant magistralement à surclasser la déjà géniale prestation de Nicholson. Son décès brutal et prématuré confère certainement une dimension encore plus macabre à son interprétation. Grosse performance aussi pour Aaron Eckhart qui révèle ici une autre facette (c’est le cas de le dire !) de son jeu. Faisant preuve d’une profondeur et surtout d’une noirceur qu’on ne lui connaissait pas, il prouve (si besoin en était) qu’il vaut bien plus que sa belle gueule. Sans les citer tous, on saluera néanmoins la belle performance de Maggie Gyllenhaal, qui apporte une grâce et une gravité qui manquait cruellement à cette pauvre godiche de Katie Holmes. Bien plus qu’un simple divertissement populaire, Nolan réussit à faire de ce « Dark khnight » une œuvre sombre et lyrique, qui brille par sa densité et par la complexité de sa fable morale. Définitivement, ce « Batman » là n’est pas qu’un simple film de super-héros : il est bien plus que cela.

  



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A
Superbe compte-rendu! Je ne m'étais pas aperçue que tu ne l'avais pas vu (ou critiqué) lors de sa sortie... The Dark Knight amorce véritablement un tournant dans l'histoire de l'adaptation des comics. celui-ci joue dans la cour des grands. Entre la franchise imposée par Nolan et le récent Watchmen, il va falloir à Hollywood déployer des trésors d'ingénuosité pour égaler ces géants cinématographiques. La barre est au plus haut niveau.
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B
Très très belle critique pour un film qui le mérite bien. N'étant pas du tout fan de Batman que je considère comme un nazillon en puissance se subsituant à la justice pour imposer la sienne. j'avoue que cet opus est le meilleur jamais réalisé sur ce personne. Tous les actuers ont contribués à la qualité du film au scénario impeccable et une réalisation sans reproche.
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