Bouquet final
« Cest mon 2000ème enterrement aujourdhui. Cest sûr que jaurai préféré Notre-Dame. Mais on ne choisit pas ses morts ! »
Jeune musicien un peu rêveur, Gabriel vivote en donnant des cours de musique et essayant de percer dans lunivers artistique. Issu dune famille dartistes un peu ratés, on lui a inculqué dès son plus jeune âge limportance de la créativité artistique, qui prime sur celle du travail de bureau, intellectuellement déshonorante. Pour autant, ayant démissionné de lécole de musique où il enseignait pour un projet finalement tombé à leau, Gabriel se retrouve obligé de trouver un emploi rapidement. Répondant à une annonce, il se voit offrir le poste de Directeur Commercial Paris dune entreprise de pompes funèbres. Poste que convoitait Gervais Bron, sinistre et cynique responsable dagence pourtant fort dune quinzaine dannées de métier. Ironie du sort, cest dans sa succursale et à son insu que Gabriel devra effectuer son stage terrain de trois mois qui doit le former à son futur métier. Les ennuis commencent pour lui, puisquil devra apprendre un métier quil déteste, faire face à un collègue jaloux, et cacher sa profession à ses parents et surtout à sa nouvelle petite amie, Claire, dont il a sans le savoir escroqué le grand-père
« Ton boulot, cest de changer les pépins en pépites »
Si « Bouquet Final » demeure la première réalisation de Michel Delgado, ce dernier nest pas pour autant un perdreau de lannée dans le milieu du cinéma français, puisquil est lauteur depuis près de 15 ans de nombreux scénarii de comédies à succès, souvent portées par Christian Clavier (« Lenquête corse », le remake de « Lauberge rouge », « Les surs soleil », « La vengeance dune blonde »). Scénariste de ce « Bouquet final », il nétait dailleurs pas prévu initialement que Michel Delgado en assure la réalisation. Une « promotion » due essentiellement à linsistance de son ami Didier Bourdon, qui sétait dentrée engagé dans le projet, et à la productrice, Sylvie Pialat.
« Au début, moi aussi je nassumais pas mon boulot. Je disais aux gens que je bossais dans une agence de voyage. Je ne faisais que les allers simples ! »
A priori, la comédie macabre et funèbre est un genre pleinement anglo-saxon, qui trouve son épanouissement dans le flegme et lhumour so british. Une vérité que ne contestera pas ce « Bouquet final ». Car avec son humour réchauffé, banal, et ses situations convenues, le film se situe à mille lieues de lhumour féroce et de lunivers loufoque de films comme « Lamour six pieds sous terre » et « Joyeuses funérailles », ou encore dune série comme « Six feet under ». Il faut dire que dun point de vue scénaristique, le réalisateur ne sest pas trop foulé en nous ressortant tous les poncifs archi usés du genre (le traditionnel personnage du croque-mort un peu poussiéreux et beauf, une profession qui se réjouit des décès synonymes daffaires et qui exploite toute sorte de combine). Sans parler des jeux de mots fastoches (la mort subite planquée dans les frigos de la morgue), des quiproquos pas franchement neufs ni légers (le rencontre fortuite à un enterrement et le mensonge sur sa profession du jeune héros à celle quil aime), et de la sempiternelle scène de cuite, devenue un grand classique de la comédie franchouillarde populaire. Heureusement, quelques scènes plutôt marrantes sortent du lot (la famille qui sempresse de faire main basse sur lhéritage du défunt, la panne dascenseur, les scènes avec la thanatopractrice), mais sans toutefois parvenir à faire oublier les scènes calamiteuses (la partie chez les gitans, avec lintégrale de Benny Hill) de cette comédie un peu lourdingue et poussive. Reste heureusement les savoureuses performances du toujours génial Didier Bourdon et de Valérie Bonneton, qui permettent à ce « Bouquet final » de maintenir la tête hors de leau. Cruelle désillusion cependant pour Gérard Depardieu et Marthe Keller, dont on se demande encore ce quils sont venus faire dans ce film, ainsi que pour Michel Galabru, qui livre une prestation ridicule et indigne de son rang, et pour Marc-André Grondin, qui en fait vraiment des caisses (en sapin, ça va de soi !). Au final, loin de ce que son titre nous promettait, « Bouquet final » ne dépasse pas le statut de petite comédie divertissante un peu poussive et longuette. Sympatoche, mais pas de quoi se retourner dans sa tombe !
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